1. Loc. et expr. ♦ Enfoncer jusqu'aux genoux. Puis, on reflua dans un marécage où on enfonçait jusqu'aux genoux. On marchait en levant très haut les pieds avec un bruit de nageurs (Barbusse, Feu,1916, p. 349).
♦ S'écorcher les genoux. Le gosse s'écorcha les genoux sur l'asphalte, ensuite détala (Queneau, Pierrot,1942, p. 101).
♦ S'asseoir sur les genoux de qqn; prendre qqn sur les genoux; sauter sur les genoux de qqn; faire sauter, faire danser qqn sur son genou (ou sur ses genoux). N'est-ce pas vous qui m'avez porté sur votre dos pour passer les ruisseaux de vos prairies, vous qui m'avez fait danser sur vos genoux (...)? (Musset, On ne badine pas,1834, I, 4, p. 19).D'un bond de chatte elle s'assit sur mes genoux (Du Camp, Mém. suic.,1853, p. 117).Il n'avait plus la force de soulever son enfant et de le faire sauter sur son genou (Maupass., Contes et nouv., t. 2, M. Parent, 1886, p. 591).Vous prendrez une de ces demoiselles sur vos genoux (A. France, Île ping.,1908, p. 207).
♦ Tomber sur les deux genoux. S'affaissant aux pieds de Mademoiselle Levrault comme si son corps eût été bourré d'ouate, il tomba sur ses deux genoux (Sandeau, Sacs,1851, p. 29).
♦ Aller sur les genoux (dans le domaine de la boxe). Sam d'un crochet du droit descend Jeannette. Celui-ci n'est pas allé sur les genoux comme il y a deux mois : il est tombé sur le dos en râlant comme un homme irrémédiablement knock out (P. Rousseauds La Revue hebdomadaire, no18, 1ermai 1909, p. xxxii).
♦ Mettre un genou par terre, à terre, en terre. Je mis un genou par terre en lui débitant des douceurs afin de l'attirer (Maupass., Contes et nouv., Après, 1893, p. 104).Le Roi, gracieusement lui saisissant les mains, comme si l'autre avait voulu mettre genou à terre. − Relevez-vous, monsieur! (Claudel, Otage,1911, III, 5, p. 297).Justin se mit en route, décidé soudainement à s'humilier, à redemander, genoux à terre, cette offrande qu'il venait de refuser (Duhamel, Nuit St-Jean,1935, p. 215).
♦ Tomber, s'écrouler aux genoux de qqn. Je crus à ses remords et je lui jurai que je la respecterais. Alors elle s'écroula à mes genoux en gémissant : « Mais tu ne vois donc pas que je t'aime (...) » (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Verrou, 1882, p. 818).
♦ User ses genoux à prier. J'userai mes genoux à prier Dieu de m'ôter du cœur cet amour qu'il m'y aura mis? (Dumas père, Don Juan,1836, II, p. 42).
♦ Faire du genou à qqn (fam.). Toucher discrètement le genou de quelqu'un avec son propre genou pour attirer l'attention, pour susciter la connivence, ou par sollicitation galante. Je me mettais à côté de Séphora, et je lui faisais du genou sous la table (A. Daudet, Rois en exil,1879, p. 182).
− ÉQUIT. Avoir du genou; sous le genou. Un cheval comme la France, c'est jeune, c'est amoureux, ça aime à sentir son maître! Il faut avoir du genou quand on a l'honneur de tenir une pareille bête (Claudel, Pain dur,1918, I, 3, p. 428).Je le mis en selle. La bête sous son genou, tourna, repartit au pas vers le fond du champ (Vercel, Cap Conan,1934, p. 185).
2. P. anal. a) ANAT. HUM. Organe qui présente l'apparence de la courbure du genou. Genou du corps calleux. Genou de la capsule interne (Gérard, Anat. hum.,1912, p. 328).
b) ANAT. ANIMALE. [Chez certains quadrupèdes (entre autres le cheval)] Articulation du membre antérieur, entre l'avant-bras et le canon. Genou blessé; genou de bœuf. Lorsqu'il est porté trop en avant, le genou est dit arqué; en arrière il constitue le genou creux; en dehors, c'est le genou cambré (cf. Privat-Foc. 1870).
c) BOT. Grosse racine courbée de certains arbres. Les grands chênes, arc-boutés sur leurs énormes genoux, labourent la terre autour d'eux à coups de ramure (Giono, Triomphe vie,1941, p. 271).
4. TECHNOL. Pièce articulée, joint constitué par l'emboîtement de deux parties, l'une convexe, l'autre concave. a) ARTILL. Pièce d'une batterie de canon. Une batterie de canon creva la brume en plein galop (...). Elle sautait, déjà loin, par là-bas devant, sur ses genoux de fer, avec des banderolles de brume accrochées aux caissons, aux roues, aux artilleurs et aux fouets (Giono, Gd troupeau,1931, p. 91).
b) MAR. ,,Pièce courbe de construction qui sert de liaison à deux autres qui se font suite en se chevillant à mi-longueur sur chacune d'elles, en particulier partie courbée d'une membrure, entre la varangue et l'allonge`` (Gruss 1952). Genou de fond (Bonn.-Paris 1859).
c) MÉCAN. ,,Articulation de deux pièces d'une machine qui forme une sorte d'emboîtement`` (Chesn. 1857). Synon. rotule.