A. − [Dans l'espace] 1. [Postposé] Qui a une dimension déterminée dans le sens vertical, de telle taille, de telle hauteur. a) Haut de + compl. de mesure.Mur haut de deux mètres. Placquevent, le garde champêtre, haut de cinq pieds huit pouces (Flaub., Bouvard, t. 2, 1880, p. 24).La case, souvent haute de sept à huit mètres (Gide, Retour Tchad,1928, p. 880) :1. Entre les avancements massifs des bastions carrés qui le flanquent, et derrière la tranchée profonde et définitive du troisième ru, un mur ne laisse point douter que ce soit ici le terme de la route. Un mur et rien qu'un mur, haut de cent pieds et large de deux cents.
Claudel, Connaiss. Est,1907, p. 73.
b) Haut + comparaison (en partic. pour suggérer une très petite taille).Haut comme trois pommes, haut comme une botte, haut comme ça (cf. cela, ça C 5 a). Tout petit ou tout jeune. Sœur Ernestine a une poupée aussi haute qu'elle, plus haute (Renard, Poil Carotte,1894, p. 116).J'y pense depuis onze ans (...). Tu n'étais pas plus haute qu'un pot de fleurs! (Pagnol, Marius,1931, IV, 12, p. 258) :2. − Oh! les amours! regardez donc!
Un, pas plus haut qu'une botte, trois ans à peine, chancelant et fier sur ses petits pieds...
Zola, Rêve,1888, p. 117.
2. [Antéposé ou parfois postposé] Qui a une grande hauteur, qui est d'une taille supérieure à la moyenne. Synon. élevé.Haute chaîne de montagnes, homme de haute taille; haute tour, haute cheminée, hautes herbes; front haut, talons hauts; pièce haute de plafond; haut sur pattes, haut de jambes (en parlant d'un cheval), haut sur jambes (rare), haut sur roues, haute sur tige. Au fond du cimetière (...) dans ce coin abandonné où l'herbe est si haute qu'on ne distingue plus les tombes (Bernanos, Journal curé camp.,1936, p. 1138).Le professeur Rohner était de taille médiocre. Il s'efforçait de remédier à cette disposition naturelle en portant des talons très hauts et en se tenant parfaitement droit (Duhamel, Combat ombres,1939, p. 204) :3. Il ne lui vient pas à l'esprit d'examiner s'il reste dans nos campagnes beaucoup d'exemplaires du puissant type lorrain, large d'épaules, haut de stature, épanoui de visage et de propos, bizarre, audacieux, qui fournit à toutes les armées de l'Europe de si beaux hommes d'armes.
Barrès, Colline insp.,1913, p. 95.
4. La prison était close d'un haut mur. Entre cette muraille et un second mur plus élevé encore était le chemin de ronde. Le mur intérieur était percé d'une porte qui donnait sur la buanderie. Il fallait se procurer la clef de cette porte. Le mur extérieur était très haut. Il faudrait un crochet et une échelle de cordes.
Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 292.
SYNT. Haut building, clocher, col, rempart; haute armoire, bâtisse, cime, muraille; hauts arbres, peupliers; hautes cathédrales, forêts, roues; chaise, écriture, flamme haute.
3. Qui est d'une grande profondeur. La haute mer. La partie la plus éloignée des côtes où la mer est profonde. Synon. le large.En haute mer. Synon. en pleine mer.Naviguer en haute mer. Une petite bise au goût de sel, venue de la haute mer (Bernanos, Soleil Satan,1926, p. 80).Les navires des Drake (...) s'élançaient de l'estuaire, voiles ouvertes comme des éventails, fraises au vent, vers la haute mer (Morand, Londres,1933, p. 323).−
Vaisseau de haute mer. Vaisseau qui peut naviguer hors de vue des côtes. Anton. caboteur, navire côtier.À la pointe extrême de l'eau saumâtre où les vaisseaux de haute mer ne sont plus portés par le flux, naquit le Londres historique (Morand, Londres,1933p. 2).D'autres types de remorqueurs, les remorqueurs « côtiers », « d'assistance », et « de haute mer ». Parmi ces derniers, on citera « l'Abeille 26 », du port du Havre (M. Benoist, Pettier, Transp. mar.,1961, p. 195).Rem. La mer est haute (infra 4 b β).
4. Qui est situé à la partie la plus élevée ou au-dessus des choses de même espèce. En haute montagne, en haute altitude; les hautes régions de l'air. Devant les deux tableaux indicateurs, très hauts sur leur colonne de fonte, la foule se pressait (Zola, Nana,1880, p. 1396).−
En partic. a) Domaine
géographique,dans des syntagmes ♦ [Suivi d'un nom de chaînes de montagnes] La partie la plus élevée de ces montagnes. Anton. bas (cf. bas11 2b).Pareille à toutes les hôtelleries de bois plantées dans les hautes Alpes, au pied des glaciers (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Aub., 1886, p. 1073).Les Hauts-Plateaux, qu'avec raison et par des raisons climatologiques les Arabes regardent comme appartenant au Sahara, sont le domaine de l'Arabe pasteur (L. Piesse, Algérie et Tunisie, Paris, Hachette, 1896, p. xxxv).Dans l'odeur des vaches et des foires, sur une route du Haut-Cantal (Malègue, Augustin, t. 2, 1933, p. 249).
♦
[Suivi d'un nom de fleuve ou de rivière] La partie la plus proche de la source, la plus éloignée de l'embouchure. La haute Loire; en haute Seine. Cropette (...) calligraphie laborieusement, du côté de la haute Volga, le nom de Nijni-Novgorod, alias Gorki (H. Bazin, Vipère,1948, p. 165).Rem. Les noms de départements, provinces, etc. comportent des majuscules et un trait d'union. Le département de la Haute-Saône. À la limite aujourd'hui du Gers, des Landes, des Hautes et Basses-Pyrénées (Pesquidoux, Livre raison, 1928, p. 64). Comités de libération des départements du Rhône, de l'Isère, de la Haute-Savoie, de la Savoie, de la Drôme et de l'Ain (De Gaulle, Mém. guerre, 1959, p. 319).
♦ P. anal. [Suivi d'un nom de pays ou d'une région bordant la mer] La partie la plus éloignée de la mer, ou la plus reculée (et parfois montagneuse). La haute Normandie, le haut pays breton. Tous ceux qui avaient pris à cœur le plébiscite de Haute-Silésie s'étaient cru, par leur passion même, naturalisés Hauts Silésiens et étaient partis là-bas (Giraudoux, Siegfried et Lim.,1922, p. 199).Il sortit nuitamment de la ville et alla avec le reste de ses troupes fourrager en Haute Égypte (Grousset, Croisades,1939, p. 200).
♦
[P. rapport au pôle Nord] Hautes latitudes. Latitudes Nord, boréales, septentrionales (le Nord étant jadis considéré comme plus élevé que le Sud). Même dans les humidités pénétrantes, continues des hautes latitudes, jamais on ne se chauffe, jamais on ne se sèche (Loti, Mon frère Yves,1883, p. 23).Région. ,,Vent haut``. ,,Vent qui souffle du nord`` (Réz.-Tuaillon 1969). Écoute (...) le doux vent haut placé entre l'est et le nord (Colette, Naiss. jour,1928, p. 47).On entendait un vent haut qui voyageait de nuit dans la direction de l'Afrique (Giono, Baumugnes,1929, p. 164).Proverbe. Vent solaire rend tous les œufs clairs, vent haut produit des côs [coqs], vent bas produit des poules (Genevoix, Raboliot, 1925, p. 132). b) Domaine
physiqueQui est à son état le plus élevé.
α) Proche de ou à son zénith, avant son déclin. Le soleil est déjà/encore haut dans le ciel; la lune est haute. Jupiter, déjà déclinant (...) et Véga l'étoile bleue, l'étoile des beaux jours, haute maintenant dans le ciel (Alain, Propos,1910,p. 75).Le soleil était maintenant assez haut dans le ciel et commençait de lui dévorer le front (Camus, Exil et Roy.,1957, p. 1621).P. anal., au fig. : 5. Le naturalisme et le Parnasse étant au plus haut période, ils devenaient la proie passive de l'inertie; ils se trouvaient sans le savoir dans toute la faiblesse des apogées.
Valéry, Variété IV,1938, p. 13.
β) Au maximum du flux (de la marée, ou d'un cours d'eau en crue). Anton. bas (v. ce mot ex. 6).Les hautes eaux d'un fleuve. Ces flots où le flux et le reflux se font sentir deux fois par jour, et qui tour à tour recouvrent à marée haute et découvrent à marée basse les magnifiques escaliers extérieurs des palais (Proust, Fugit.,1922, p. 629).Les eaux (...) sont destinées à assurer entre elles l'équilibre de production d'énergie, la période d'étiage des unes correspondant à l'époque des hautes crues des autres (Pesquidoux, Livre raison,1925, p. 196).La Lys (...) était haute, gonflée de pluie, grasse et rapide, et tournant avec des tourbillons et des remous (Van der Meersch, Empreinte dieu,1936, p. 66) :6. Quand la mer était basse, il avait toute la grève sur plusieurs kilomètres. Quand la mer était haute, le même espace était à lui : accroupi sur un rocher, il se perdait dans la contemplation.
Drieu La Roch., Rêv. bourg.,1939, p. 190.
γ) AGRIC. Synon. de levé.Le blé, le seigle etc. est déjà haut. Nos vieux champs légèrement en pente, avec leurs grands carrés de cultures où l'avoine surtout était déjà haute (Bosco, Mas Théot.,1945, p. 86) :7. Il regardait éperdument l'ondulation des seigles mûrs, si hauts maintenant qu'ils lui cachaient le miroir clair du Chanteloup, semblaient frôler de leurs premiers épis les pins bleus debout sur l'horizon.
Genevoix, Raboliot,1925, p. 306.
5. Qui est situé ou porté à un niveau supérieur à la hauteur normale ou moyenne. Haut plafond, plafond haut; robe à taille haute; oiseaux de haut vol; escroc de haut vol, de haute volée (au fig.). − Tenez! rentrez donc ça derrière l'oreille... Le chignon est trop haut (Zola, Bonh. dames,1883, p. 503).Les danseuses étaient vêtues de l'ordinaire tutu, et je voyais sa taille très haute, et ses longues jambes (Montherl., Pte Inf. Castille,1929, p. 606) :8. Les pommettes hautes et plates si caractéristiques des peuples de l'Extrême-Orient se rencontrent chez les anciens Hongrois et parfois parmi les Hongrois modernes.
Haddon, Races hum.,1930, p. 133.
− MAR. Bâtiment de haut bord*. Au fig. De haut bord*.
6. Qui est relevé, dressé. Synon. levé; anton. penché, baissé.Pavillon haut (mar.); garde haute (escr.); croix haute, épée haute (blas.); marcher le front haut, la tête haute. Tu vois, Folcoche, que j'ai mille raisons de tenir le coup, la paupière haute et ne daignant même pas ciller (H. Bazin, Vipère,1948, p. 81).La prisonnière reste debout, très droite, les yeux baissés, mais le front haut (Bernanos, Dialog. Carm.,1948, 5etabl., 2, p. 1695) :9. ... puis elle a posé sa faux, manche à terre, lame haute et elle s'est mise à passer la pierre : une vieille pierre à aiguiser bleue et où ses doigts ont retrouvé l'empreinte des doigts du Joseph.
Giono, Gd troupeau,1931, p. 146.
−
Vieilli. La main haute. La main levée en un geste de menace. Son frère Sauvagnat, ayant un soir entendu une voix d'homme, était entré la main haute, pour la corriger (Zola, Bête hum.,1890, p. 196).Ils s'espacèrent et au pas, courbés, mais l'arme haute, prêts à épauler, ils défilèrent (Vercel, Cap. Conan,1934, p. 240) :10. Alors un concert de hurlements s'élevait, et une nuée d'Ukrainiens, bâtons haut [sic], se précipitait pour rétablir l'ordre. Ils cognaient dur et longtemps, sans choisir, au hasard du tas.
Ambrière, Gdes vac.,1946, p. 167.
−
Loc. fig. ♦ Pouvoir aller la tête haute, le front haut. Avoir la conscience tranquille, agir sans craindre de reproches. Quand on est honnête, la récompense est de marcher le front haut (Zola, Terre,1887, p. 509).Méfiez-vous de l'homme mûr qui répète sans cesse : « Je puis marcher la tête haute... Je n'ai rien à me reprocher » (Coppée, Bonne souffr.,1898, p. 154).
♦ Tenir la bride haute, les guides hautes à qqn (cf. bride A 2 b). Encore un « bon tyran » qui prétendait mener tout le monde comme elle tenait son mari, la main ferme et les guides hautes (A. Daudet, Pte paroisse,1895, p. 112).Tenir la dragée haute à qqn (cf. dragée1A 2). Tenir la main* haute à qqn.
♦ Avoir la haute main dans une affaire. La diriger, y avoir l'autorité prépondérante. D'ici à très peu de temps, l'armée doit devenir le corps influent de l'État et avoir la haute main dans le gouvernement et les modifications du gouvernement (Goncourt, Journal,1887, p. 629).En fait d'instruction, de religion, de sports variés, Monsieur Merrywin avait la haute main, il se chargeait de tout, il était seul (Céline, Mort à crédit,1936, p. 276).
♦ Avoir la haute main sur. Avoir tout le contrôle sur, commander. Le secrétaire général, M. Camy-Lamotte, personnage considérable, ayant la haute main sur le personnel, chargé des nominations, en continuel rapport avec les Tuileries (Zola, Bête hum.,1890, p. 73).Il a eu la haute main sur l'Étudiant d'avant-garde, il a été directeur de Clarté (Breton, Manif. Surréal., 2eManif., 1930, p. 124).
7. Qui est situé à la partie supérieure d'une chose. Les hautes branches d'un arbre; le plus haut étage d'un immeuble; les hautes marches d'un escalier, d'un perron; les hauts rayons d'une bibliothèque; le plus haut point, degré, période; au plus haut point. Quarante-neuf accusés remplissaient les gradins. Maurice Brotteaux occupait la droite du plus haut degré, la place d'honneur (A. France, Dieux ont soif,1912, p. 265).Dans le placard, sur la planche la plus haute, il trouve un plateau, le couvert tout mis, sous une serviette, avec de la viande froide, des œufs durs (Triolet, Prem. accroc,1945, p. 253) :11. ... à mesure que l'on s'élève, et que la pierre porte un moindre poids, mais ajoute à la charge des autres, il y a avantage à la creuser et travailler. Aussi voyons-nous que l'ornement des cathédrales se montre surtout dans les parties hautes...
Alain, Beaux-arts,1920, p. 196.
−
Emploi subst., au superl. neutre. Le plus haut de, au plus haut de a) Le sommet de; la cime de. Le merle retrouve son joyeux chant de flûte (...). Et le loriot déjà, sur le plus haut de l'arbre, crie une sorte de joyeuse nouvelle (Alain, Propos,1933, p. 1139).Et lui, déjà dans les étages supérieurs, devinait les remous fluant, au plus haut de l'éther, comme des courants marins (Psichari, Voy. centur.,1914, p. 19).Chante au plus haut du ciel, alouette de France! (Claudel, Annonce,1948, prol., p. 142).♦ Gloire à Dieu au plus haut des cieux. Car la prière a le pouvoir spécial et le privilège divin de monter au plus haut des cieux (Cottin, Mathilde, t. 2, 1805, p. 94).Gloria in excelsis mihi : au plus haut des cieux, les anges, j'entends leur voix, me glorifient (G. Bataille, Exp. int.,1943, p. 245).
b) L'état le plus élevé (d'un mouvement), l'apogée, le zénith, le summum. La fête du blé. C'est dans le temps que l'on voit jaunir les moissons, quand le soleil est au plus haut de sa course (Alain, Propos, 1922, p. 417).
−
MARINE ♦ Les hautes voiles (d'un navire). Les voiles supérieures. Une grande barque à pierres (...) avec (...) ses deux hautes voiles pointues montant jusqu'au milieu du ciel (Ramuz, A. Pache,1911, p. 170).
♦ Le haut pont. Le pont supérieur. Nos manteaux sur nos genoux ramenés comme des couvertures aux souffles libres de la nuit fraîche, comme sur le haut pont d'un transatlantique (Gracq, Beau tén.,1945, p. 98).
− La ville haute. La partie de certaines villes (fortifiées) qui est bâtie sur une hauteur. Synon. rare citadelle, cité; anton. ville basse.Il avait loué un appartement très modeste, dans le haut Montrouge (Rolland, J.-Chr., Buisson ard., 1911, p. 1257).La haute ville, qui avait été le noyau primitif d'Orsenna, serrée sur une colline abrupte au milieu des marécages (Gracq, Syrtes,1951, p. 320).V. cité ex. 14.
− Les hautes terres, le haut pays, le pays haut. Que les ports s'ouvrent pour recevoir les cargaisons de bois et de grains qui s'en viennent du pays haut (Claudel, Connaiss. Est,1907, p. 60).Les plateaux et hautes terres, entre 700 et 1 000 mètres d'altitude (Vidal de La Bl., Tabl. géogr. Fr.,1908, p. 290).Et des filles étaient descendues du haut pays pour ramasser (Ramuz, A. Pache,1911p. 29).
− Le haut bout de la table. Anton. bas (v. ce mot ex. 33 et 34).Cf. bout 1 A 1 b.
B. − [Dans le temps; l'adj. est antéposé] Qui est le plus éloigné de nous, le plus ancien, le plus reculé. De, dès, depuis la plus haute antiquité; le Haut-Empire romain; le haut moyen âge, la haute féodalité. Un lettré du xviiesiècle connaissait beaucoup mieux qu'un lettré du nôtre les événements du Bas-Empire et les narrateurs du haut moyen-âge (Brasillach, Corneille,1938, p. 300).La haute antiquité grecque ignorait la représentation de l'immortalité (J. Vuillemin, Essai signif. mort,1949, p. 256) :12. ... il est possible de trouver dès la plus haute époque de la préhistoire, des « œuvres d'art », où le souci de la représentation du réel et celui de la construction plastique se marient étroitement.
Huyghe, Dialog. avec visible,1955, p. 113.
− De haute époque. Datant des époques anciennes. La maison de M. Georges Eumorfopoulos, qui renferme une incomparable collection d'objets chinois de haute époque (Morand, Londres,1933, p. 161).
−
Spécialement a) Le carême est haut (Ac. 1835-1935). Cf. carême A synt. a.
b) LING. Le haut allemand* (v. ce mot II B), le moyen haut allemand, le vieux haut allemand; le haut saxon. La « patte de grenouille » figure (...) dans le moyen haut allemand, froscfusz (Gourmont, Esthét. lang. fr.,1899, p. 195).On trouve, en vieux haut allemand, des noms comme Hadumar, Hadurik, Haduwahl qui sont des noms gaulois (L'Hist. et ses méth.,1961, p. 719).
C. − [Dans l'ordre de la perception] 1. Domaine de
l'ouïe.[Sur l'échelle des sons, dans le registre musical] Placé dans la région élevée de l'échelle musicale, de fréquence élevée. Synon. aigu, élevé; anton. bas, grave.Son haut, ton haut; notes hautes de la gamme. Le chœur répète son appel, que le soprano domine de sa belle phrase déchirante, prolongée sur un haut la bémol, pendant quatre mesures (Rolland, Beethoven, t. 2, 1937, p. 410).Suivent diverses interjections, toutes proférées par Folcoche, dont la voix se promène maintenant dans les plus hautes notes de la gamme et va, si ça continue, dépasser l'audible (H. Bazin, Vipère,1948, p. 196) :13. ... sa voix (...) était monotone et, bien que forte, indistincte. Bouvard, plein d'expérience, lui conseilla, pour l'assouplir, de la déployer depuis le ton le plus bas jusqu'au plus haut, et de la replier, − en émettant deux gammes, l'un montante, l'autre descendante...
Flaub., Bouvard, t. 2, 1880, p. 5.
−
P. méton. Les touches hautes (d'un clavier). La mélodie choisit l'extrémité du clavier, les touches hautes (Malègue, Augustin, t. 2, 1933, p. 193).♦ Emploi subst. fém. La haute. La partie haute, les notes hautes. Le piano (...) avait des notes étonnamment fausses dans le registre supérieur, ce qui modérait mon désir de prendre la haute de préférence, lorsque nous jouions à quatre mains (Gide, Si le grain, 1924, p. 358).
− P. anal. [En parlant d'un instrument de mus.] Dont le ton est plus haut que le diapason normal. Violon haut, flûte haute.
−
P. ext. [Sur l'échelle des degrés d'intensité, de puissance de la voix] Synon. fort, éclatant.Voix haute; à voix haute. On l'entendait de deux pièces maintenant; ce parler haut ne baissait pas de ton, même pour les choses les plus intimes (Bourges, Crépusc. dieux,1884, p. 113).Nous secouons le prunier, quand, à un brouhaha plus haut dans la cour d'entrée, nous devinons l'arrivée de nos tourmenteurs (Colette, Cl. école,1900, p. 192) :14. Les enfants de chœur parcourent la nef au grand galop, s'interpellent à haute voix, et Dieu sait ce que c'est que la « haute voix » d'un moutard espagnol.
Montherl., Pte Inf. Castille,1929, p. 622.
♦ Vieilli. Messe haute. Messe chantée. Synon. grand'messe; anton. messe basse.Je ferais dire une messe haute devant les enfants de Marie (Giraudoux, Suzanne,1921, p. 118).
♦
Loc. verb. Parler, lire... à haute et claire voix, à haute et intelligible voix. Parler de manière à être clairement compris, d'une voix nette, bien perceptible. Anton. à voix basse, à demi-voix, bas.Je la condamne à réciter, à haute et intelligible voix, le récit de Théramène (Colette, Cl. école,1900p. 63).Il avait ramassé sur le bureau un journal du jour qu'il parcourait d'un air détaché, et, comiquement, à haute et intelligible voix, il lut... (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 536).Cf. clair I A 2 a.
Avoir le verbe* haut (au fig.). N'avoir, ne dire jamais un mot, une parole plus haute que l'autre (au fig., fam.). Ne jamais hausser le ton, garder son calme ou son sang-froid, ne jamais s'emporter, se quereller. Un petit ménage si gentil, et propre, et qui s'adorait, et où l'on n'entendait jamais un mot plus haut l'un que l'autre! (Zola, Pot-Bouille,1882, p. 62).Toujours poli, jamais un mot plus haut que l'autre, ne salissant jamais rien (Proust, Guermantes 1,1920, p. 310).Jeter, pousser les hauts cris (au fig., fam.). Cf. cri B 3.
Prendre le haut ton; le prendre d'un ton haut, sur un ton haut, sur le haut ton (au fig., fam., vx). Prendre un ton arrogant, menaçant. Synon. le prendre de haut.Le duc avait affaire à des gens qui montraient beaucoup de fierté et le prenaient sur un ton bien haut. Ils voulaient absolument qu'on leur rendît Audenarde pour en démolir les murailles (Barante, Hist. ducs Bourg., t. 1, 1821-24, p. 163).Une autre fois, il [le comte de Clermont] voulut le prendre sur un haut ton avec le procureur général Joly de Fleury pour une odieuse affaire (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. 11, 1867, p. 120).Faire haute profession* de. 2. Domaine de la vue.Haut en couleur (au propre et au fig.). Cf. couleur B 1 a.
3. Domaine du
goûta) De haut goût. Très relevé. Et bien poivrées [les écrevisses], j'espère! dit le capitaine. Mon épouse aime les mets du haut goût (Sand, Beaux MM. Bois-Doré, t. 2, 1857, p. 126).Il s'accommode de régimes copieux et cherche spontanément à corriger l'inertie de ses réactions organiques par des aliments de haut goût ou riches en calories (Mounier, Traité caract.,1946, p. 186).V.
goût ex. 4.
− Au fig. Servigny interrompait son clairon pour hurler des commandements. Le prince et le chevalier s'amusaient beaucoup, trouvaient ça très drôle et de haut goût (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Yvette, 1884, p. 544).
b) De haute graisse. Cf. graisse A 1 a.
c) Rare. [En parlant de vins] De première qualité, de choix. Les hauts vins, les hauts(-)crus. Les grands crus. Tout gourmet se délecte aujourd'hui, dans les restaurants renommés par l'excellence de leurs caves, en buvant les hauts crus fabriqués avec de basses vinasses (Huysmans, À rebours,1884, p. 29).Quatre plats (...) flanqués d'autant de hauts crus savamment choisis suivant les viandes (Pesquidoux, Livre raison,1928, p. 177).− P. iron. Il faut rester au seuil un moment pour s'habituer à l'ombre, au froid, à ce haut vinaigre de pissat et de paille pourrie (Giono, Gd troupeau,1931, p. 149).
4. [Sur l'échelle des degrés d'intensité, en partic. en parlant d'une chose susceptible de variations rythmiques, thermiques, etc., et mesurable] Synon. grand, fort, intense; anton. bas (cf. bas11 C 1 b), faible.Haute pression, haute fréquence, haute tension; à haute dose. De l'air qui a préalablement subi l'action d'une très haute température (350 degrés) (J. Rostand, Genèse vie,1943, p. 77).La construction et la mise en marche, en 1957, de la nouvelle pile de recherche à haut flux EL3 (Goldschmidt, Avent. atom.,1962, p. 119) :15. ... cette sous-préfecture arbitrairement rejetée en Maine-et-Loire par les Conventionnels et dont les mines de fer à haute teneur ne seront jamais exploitées à fond, tant que les mineurs seront perméables aux idées subversives d'un sous-chef de gare.
H. Bazin, Vipère,1948, p. 225.
− Loc. verb. (L'emporter, acquérir qqc.) de haute lutte. Cf. emporter 11 B 2.
E. − Domaine
abstrait.[L'adj. est antéposé; dans l'ordre de la puissance, dans la hiérarchie soc. et pol.] Qui occupe une position supérieure, un rang éminent et qui est investi de responsabilités, d'honneurs. Synon. grand, puissant, important, éminent.Haut personnage, haut fonctionnaire, haut magistrat; haute administration, haute banque, haute noblesse, haute bourgeoisie; hautes sphères. La Cour de Cassation, interprète le plus haut de la loi (Thibaudet, Réflex, litt.,1936, p. 48).Toutes les épouses de la puissance, de la finance, du monde, du haut journalisme, de l'oisiveté luxueuse étaient rassemblées (Druon, Gdes-fam., t. 1, 1948, p. 101) :17. La citoyenne veuve Gamelin donna, en réponse, un bon témoignage de son fils, sans toutefois s'enorgueillir de lui devant une dame de haut parage, car elle avait appris dans son enfance que le premier devoir des petits est l'humilité envers (...) les grands.
A. France, Dieux ont soif,1912, p. 94.
18. Leurs petits-fils formaient une classe sociale, une caste solidaire, un front continu. Ce front allait des hautes charges de l'État aux hautes charges de la finance, des hauts commandements militaires aux hauts commandements industriels, des salons aux Conseils d'Administration, de la Présidence de Suez à la Présidence de la République.
J.-R. Bloch, Dest. du S.,1931, p. 63.
SYNT. Haut baron, clergé, dignitaire; haut personnel administratif, judiciaire, haute personnalité; haut commerce, emploi, grade, négoce, haute police; (de) haut rang, (de) haut lignage; haut patronage; haute autorité, condition, diplomatie, direction, distinction, finance; haute charge, fonction, industrie, influence, lignée, magistrature, mission, naissance, place, position, protection, situation, sommité; sous le haut patronage, la haute présidence de.
1. Expressions − Les hautes classes de la société, la haute société et p. ell., emploi subst., pop., la haute. Le grand monde. Les gens de la haute, ceux de la haute. Les gens de la haute, comme disent aujourd'hui les bonnes gens, trouvèrent le milieu trop roturier, et la vogue des beaux noms se porta sur le Sacré-Cœur et sur l'Abbaye-aux-Bois (Sand, Hist. vie, t. 3, 1855, p. 250).La haute société de New-York parle français couramment, surtout les femmes, comme l'aristocratie russe d'avant-guerre; parler français est élégant (Morand, New-York,1930, p. 221).
− P. anal. La haute pègre. Fil-de-Soie (il avait trente noms et autant de passeports), ne sera plus désigné que par ce sobriquet, le seul qu'on lui donnât dans la haute pègre (Balzac, Splend. et mis.,1847, p. 536).
− En haut lieu*.
− La Chambre haute. Cf. chambre II B 2 b et bas11 C 2 a.
− La Haute Église anglicane*.
− Haute Assemblée*.
− Haute et basse justice*, haut justicier*.
− L'exécuteur des hautes œuvres (cf. exécuteur I B 2), l'exécuteur de la haute justice (cf. exécuteur I B 3).
− Haut comité de la langue française. Organisme, créé en 1966, qui a pour tâche de protéger et de promouvoir le patrimoine linguistique français. Les membres du haut comité de la langue française, dont le président est statutairement le premier ministre (Le Monde,16 janv. 1981, p. 14, col. 1).
− (Très) haut et (très) puissant seigneur, (très) haute et (très) puissante dame. Titre honorifique dans des actes officiels (vx). P. iron. Pourvu que très haute et très puissante dame Anastasie ne nous caviarde pas! (Proust, Temps retr.,1922, p. 767).
−
Le Dieu très (-) haut. [Terme biblique, cf. Genèse 14, 18, 19, 20; Daniel III 93; V 18, 21] Que le Dieu très haut et très bon, Père, Fils et Saint-Esprit, vous accorde sa bénédiction (Barrès, Colline insp.,1913, p. 332).L'évêque (...) entonna le Veni Creator (...). On vous nomme le Consolateur, le Don du Dieu très-haut (Billy, Introïbo,1939, p. 148).♦ P. ell. Le Très-Haut, subst. masc. [Dans la Bible Nombres XXIV, 16. Deutéronome XXXII, 8; Psaume 96, verset 9; Daniel IV, 14, 21, 22, 31, etc.] Jésus, qui nous a dévoilé avec amour tous les secrets de son cœur (...) qui est la preuve unique du Très-Haut (Psichari, Voy. centur.,1914, p. 230).La vertu du Très-Haut vous couvre de son ombre, disait l'ange à Marie (Mounier, Traité caract.,1946, p. 689).
2. Loc. verb., [où haut exprime l'idée de puissance, d'influence]. − [Formule consacrée, dans une lettre adressée à une personne éminente, puissante] Je sollicite, j'ai l'honneur de solliciter de votre haute bienveillance (v. ce mot ex. 10).
− Prendre qqn sous sa haute protection*.
− Exercer le haut commandement*.
F. − Dans le domaine de la
hiérarchie des valeurs esthétiques ou
intellectuelles.Qui est nettement au-dessus de la moyenne. Synon. supérieur, grand.Haute intelligence, hautes capacités, haute compétence, haut talent; au plus haut point; haute difficulté. On veut à toute force que je sois un très-grand et très-haut artiste, dont la principale affaire est d'agiter l'âme de ses contemporains, alors que je suis bonnement un pauvre homme qui cherche son Dieu (Bloy, Journal,1898, p. 283).Les élèves (...) se servent des commentateurs hérétiques et arabes (...) des alexandrins, avec une virtuosité et un libéralisme qu'on ne peut concevoir qu'en ces temps de foi solide et de haut savoir (Brasillach, Corneille,1938, p. 29) :19. ... car la bienveillance des hauts esprits a pour corollaire l'incompréhension et l'hostilité des médiocres; or, on est beaucoup moins heureux de l'amabilité d'un grand écrivain, qu'on trouve à la rigueur dans ses livres, qu'on ne souffre de l'hostilité d'une femme qu'on n'a pas choisie pour son intelligence, mais qu'on ne peut s'empêcher d'aimer.
Proust, J. filles en fleurs,1918, p. 568.
−
Très noble ou supérieur en son genre. Haute poésie, haute tragédie, haut lyrisme, haute critique, haute sagesse, haute perfection, haute spiritualité. Un mélange savoureux de haut mysticisme et de rouerie de vieux notaire (Rolland, J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p. 1533).L'évasion par la lecture... Mais il y a là quelque chose de plus qu'une évasion : un retour à ce qui constitue notre plus haut titre de gloire, notre éminente dignité (Mauriac, Journal occup.,1944, p. 320) :20. ... un émoi d'enfant toujours émerveillé de sa découverte du monde, et une simplicité constante à en dire les circonstances (...). C'est la situation de La Fontaine, qui appartient comme Shakespeare à la haute littérature, mais préfère causer avec son jardinier de la poussée de ses laitues et des mœurs de l'escargot.
Faure, Espr. formes,1927, p. 134.
♦ Le haut style. Le style noble, soutenu, oratoire. Voltaire (...) a été plus près du haut style poétique dans Mérope, la Mort de César, Sémiramis et surtout dans Rome sauvée que dans la Henriade (Chênedollé, Journal,1820, p. 103).Dans l'impossibilité (...) de contraindre les compositeurs à abandonner le haut style (...) on recourrait au moins à des librettistes gais (Berlioz, Grotesques mus.,1869, p. 88).
♦ Haut comique. Cf. comique II B 1 a.Du plus haut comique (p. iron.). Cf. comique II B 2.
−
Supérieur par la difficulté, très difficile. Haute philosophie, hautes questions, hauts problèmes; hautes classes d'un lycée. Les spéculations des hautes mathématiques sont utiles à l'industrie, au commerce, même à notre bien-être matériel (Barrès, Cahiers, t. 9, 1911, p. 118).La formation des cadres supérieurs (...) une formation générale approfondie, puis une formation spécialisée de haut niveau (Capelle, Éc. demain,1966, p. 99).♦ Le haut enseignement. L'enseignement supérieur des facultés, universités et grandes écoles. Son goût réel de la linguistique le poussait vers les carrières studieuses et sédentaires, telles que le haut enseignement (A. France, Vie fleur,1922, p. 396).Son enseignement ne se séparerait pas de la recherche même, comme il doit se faire dans tout haut enseignement (Valéry, Variété V,1944, p. 292).
♦
Les hautes études. Les études les plus difficiles terminant l'enseignement supérieur ou servant à la formation des cadres supérieurs, des plus grands spécialistes d'un domaine. École des hautes études industrielles des facultés catholiques de Lille (Encyclop. éduc.,1960, p. 86).École des Hautes Études Commerciales (H.E.C.). Il suivait à Paris les cours de l'École des Hautes Études Commerciales (Hamp, Marée,1908, p. 70).♦ École (pratique) des Hautes Études. Établissement d'enseignement supérieur complétant l'enseignement des universités. Il est en même temps professeur, à l'École des Hautes Études, d'histoire des religions grecques et romaines (Barrès, Cahiers, t. 1, 1898, p. 271).M. Maurice Vernes, directeur à l'École pratique des Hautes Études (section des sciences religieuses) (Barrès, Cahiers, t. 5, 1907, p. 259).
♦ Exercices de haute école*, de haute voltige*.
♦ Haute couture*, haute coiffure* (domaine du commerce).Cf. couture II A.J'ai jeté les yeux sur toi pour fonder une maison de commerce de haute droguerie (Balzac, C. Birotteau,1837, p. 92).
G. − Dans le domaine de la
hiérarchie des valeurs morales.1. Élevé, noble, beau. Âme haute, esprit haut (vx); haute vertu, entreprise, figure; hauts sentiments, hautes passions; haut devoir, haute leçon, haut idéal, haute valeur, conscience, moralité, piété, réputation; raisons de haute convenance. Vous qui semblable à la Vierge Marie M'êtes apparue, ô Dame au cœur haut (Moréas, Pèlerin pass.,1891, p. 49).Il avait du devoir un sentiment qui n'était pas moins haut que celui de sa femme (Rolland, J.-Chr., Maison, 1909, p. 975).C'est un homme d'une haute élévation d'esprit, et avec cela un lettré. Les dominicains sont l'élite de l'Église (Aragon, Beaux quart.,1936, p. 146) :21. ... l'ouvrier parisien paraît s'être désintéressé de la question. Sans comprendre le haut devoir de solidarité humaine, sans découvrir dans la violation du droit d'un seul la violation de tous, il a laissé la rue libre aux gourdins de l'antisémitisme.
Clemenceau, Iniquité,1899, p. 217.
− En partic. Héroïque. Haute action, haut(s) fait(s). Cf. fait2A 1 b.La gloire militaire (...) seule est impérissable qui s'inscrit avec le sang des batailles (...) elle récompense le plus haut sacrifice que l'homme puisse faire, celui de la vie, pour une idée (Adam, Enf. Aust.,1902, p. 512).
2. Vieilli, péj. Fier, orgueilleux. Synon. hautain.Prendre des airs trop hauts (Ac.). Excepté madame, qui est un peu haute, c'est une famille de braves gens (Sand, Valentine, 1832, p. 25).Des académiciens, de grands seigneurs (...) naturellement hauts et distants (A. France, Vie fleur,1922, p. 511).
H. − [Dans un sens affaibli, plus gén., souvent dans des expr.] 1. Très grand; extrême. Haute sécurité; instrument de haute précision; communication, événement de la plus haute importance, de la plus haute gravité. Les fromages ont une haute valeur nutritive, principalement à cause de leur richesse en protéines, en matières grasses, en chaux et en vitamines (R. Lalanne, Alim. hum.,1942, p. 78).Si la grève générale syndicaliste évoque l'idée d'une ère de haut progrès économique, la grève générale politique évoque plutôt celle d'une dégénérescence (Sorel, Réflex. violence,1908, p. 235) :22. ... Zidore, familiarisé depuis longtemps avec toute cette crapule, servi d'autre part par une force musculaire appréciable et la connaissance approfondie de la boxe, jouissait parmi les détenus d'un haut prestige, et ses avis faisaient autorité.
Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 162.
− C'est de la plus haute fantaisie. C'est inventé de toutes pièces, c'est sans fondement. Synon. c'est de la pure imagination.MmeDandillot (...) lui dit incidemment qu'il avait « un peu l'air d'un Italien », ce qui était de la haute fantaisie (Montherl., Démon bien,1937, p. 1263).
2. Loc. verb. − Avoir une haute idée, une haute opinion de qqn, une haute considération, une haute estime pour qqn. L'estimer beaucoup. Il était tenu en très haute estime par ses maîtres, de grands noms scientifiques de la Sorbonne et de l'Institut (Malègue, Augustin, t. 1, 1933, p. 245).Si l'on se mêle de tenir un journal, il faut avoir le courage de s'avouer les vérités, même celles qui ne vous donnent pas spécialement une haute idée de vous-même (Romains, Homme bonne vol.,1939, p. 191).
− Avoir une haute idée de qqc. L'estimer grandement, la respecter. La concierge (...) ne se résout pas à s'asseoir en ma présence et me parle très soigneusement à la troisième personne. Fichtre! ces Pluvignec ont une haute idée de l'étiquette (H. Bazin, Vipère,1948, p. 209).
− Avoir une trop haute opinion de soi (même). S'estimer de façon exagérée. Il eut une trop haute opinion de sa qualité d'homme pour accepter leur infériorité et consentir à leur bassesse (Faure, Hist. art,1914, p. 409).Il faut avoir, avec beaucoup de vanité et une trop haute opinion de soi, le sentiment confus d'une infériorité sociale (Larbaud, Journal,1934, p. 335).
− [Formule consacrée, dans une lettre adressée à un supérieur ou une pers. distinguée que l'on veut honorer] Veuillez agréer (...) l'assurance de ma haute considération (v. ce mot B spéc.).
3. En partic. Très grave ou très sévère (dans des expressions). Or un mariage où l'Église n'interviendrait pas serait de ma part un acte de haute inconvenance (Renan, Drames philos., Abbesse Jouarre, 1886, p. 674).Il est du plus haut danger à cette heure de laisser croire à nos maîtres qu'il leur est loisible de violer les lois au nom de la raison d'État (Clemenceau, Iniquité,1899,p. 40).−
Le haut (-) mal (vieilli). L'épilepsie. Synon. vx le mal caduc.Tomber du haut mal. La pivoine dont la racine broyée guérit à jamais du haut mal (Huysmans, À rebours,1884, p. 53).Puis, brusquement, [elles] s'écroulent en arrière comme si elles tombaient de haut-mal, l'écume aux lèvres et les mains tordues (Gide, Journal,1895-96, p. 85) :23. Quand ça me démange entre les épaules, je sais qu'il faut que je fonce, ou mon cœur risquerait d'éclater, je tomberais faible. Remarque bien que la chose m'est arrivée plus d'une fois. Les bonnes gens appellent ça le haut-mal, l'épilepsie.
Bernanos, Mouchette,1937, p. 1285.
♦ P. exagér. À la fin d'un repas de fête, bon-papa voulut me faire trinquer : je tombai du haut mal (Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 17).
− (Crime, accusé, coupable) de haute trahison. Qui intéresse la sûreté de l'État. Vous venez de toucher la garde de votre épée en présence du roi, et c'est crime de haute trahison (Dumas père, C. Howard,1834, II, 2, p. 261).Fusille-t-on ce mystérieux officier des Seaforth Highlanders inculpé de haute trahison (Morand, Londres,1933, p. 313).
− Quartier de haute surveillance. Locaux pénitentiaires à surveillance très étroite.