HERCULÉEN, -ÉENNE, adj.
A. − [En parlant d'un homme, de son apparence et, p. ext., de sa manière d'être] Qui ressemble à Hercule; qui est digne d'Hercule, d'un hercule. Puissance, stature herculéenne; géant herculéen. Nos compatriotes herculéens soulevèrent des masses de poids, tordirent beaucoup de barres de fer, au grand contentement de l'assemblée (Gautier, Tra los montes,1843, p. 29).Bastien, malgré son âge, était d'une force herculéenne, et peu d'hommes jeunes et forts eussent pu lutter avantageusement avec lui (Ponson du Terr., Rocambole, t. 1, 1859, p. 314) :1. Quand ses échafaudages [de Michel Ange] tombent, il y a sur l'immense voûte cent colosses vivants, groupés ou solitaires, cent corps herculéens qui font trembler le temple et semblent créer la tempête qui roule dans le vaisseau...
Faure, Hist. art,1914, p. 414.
SYNT. a) Aisance, poigne, vigueur herculéenne; tempérament herculéen. b) Carrure, constitution, formes, taille herculéenne(s); muscles, pectoraux, torse herculéen(s).
B. − [En parlant d'une action] Qui exige une force digne d'Hercule, d'un hercule. Combat herculéen; entreprise, joute, lutte, tâche herculéenne. La guerre ancienne (...) personnelle, brutale, herculéenne (Goncourt, Journal,1860, p. 856) :2. Attaquer cette masse de granit, même à coups de mine, c'était un travail herculéen, et il était vraiment fâcheux que la nature n'eût pas fait le plus dur de la besogne.
Verne, Île myst.,1874, p. 144.
− P. iron. Je suppose d'après mes calculs qu'à tous vos travaux herculéens il faut encore ajouter en ce moment l'arrivée d'un petit-neveu ou petite-nièce, plus probablement de deux ou trois à la fois (Mérimée, Lettres ctesse de Montijo, t. 2, 1860, p. 151).Tante Sophie entreprit la tâche herculéenne de remettre un peu d'ordre dans les affaires de cet étourneau de Sénauvert (Vogüé, Morts,1899, p. 89).
Prononc. et Orth. : [ε
ʀkyleε
̃], fém. [-eεn]. Att. ds Ac. 1878 et 1935. Étymol. et Hist. 1512 herculien (J. Lemaire de Belges, Illustrations de Gaule, éd. J. Stecher, t. 2, p. 252); 1520 adj. herculéen (G. Michel, trad. de Suétone, 21a, édit. 1541 ds Rom. Forsch. t. 32, p. 76). Dér. de Hercule*; suff. -éen, -ien*; cf. le lat. herculaneus « d'Hercule », « très grand, gigantesque ». Fréq. abs. littér. : 44.