1. [Avec une idée de rupture possible de l'équilibre dans la position d'un corps, d'un objet] Caractère de ce qui ne reste pas ferme en place et qui tend à bouger, à se déplacer. Le reproche d'instabilité adressé aux ponts suspendus n'est pas fondé (Resal, Ponts métall.,1885, p. 571).Saint-Loup le salua [un officier] et immobilisa la perpétuelle instabilité de son corps le temps de tenir la main à la hauteur du képi (Proust, Guermantes 1,1920, p. 73).−
P. métaph. : 1. Notre oreille (...) aime à se reposer sur une basse décidée. Des accords suspendus en l'air, pour ainsi dire, ne pourraient nous charmer longtemps, mais leur instabilité, leur manque d'appui, est précisément ce qui les rend aptes à évoquer l'idée de l'immatériel...
Gevaert, Orchestr.,1885, p. 77.
a) État d'équilibre instable d'un corps, détruit au moindre déplacement de ce corps. − BÂT. ,,État d'équilibre physique correspondant au renversement d'un édifice complet par basculement du radier de fondation, sous l'action d'une force horizontale exceptionnelle (séisme, vent exceptionnel) accompagnée éventuellement d'une force exceptionnelle de soulèvement (séisme, cyclone)`` (Constr. métall. 1975).
b) NAV. Inaptitude d'un navire à résister aux forces qui tendent à le déséquilibrer en mer et qui est due à un vice de construction. L'instabilité d'une embarcation sur la mer (Ac.). −
P. anal. [En parlant d'une automobile] Absence d'une bonne tenue de route : 2. ... Anne nous avait fait ce cadeau somptueux de nous laisser une énorme chance de croire à un accident : un endroit dangereux, l'instabilité de sa voiture, ce cadeau que nous serions vite assez faibles pour accepter.
Sagan, Bonjour tristesse,1954, p. 182.
2. [Avec une idée de rupture possible de l'équilibre concernant l'état, la structure d'un corps] Aptitude à subir des transformations, des altérations plus ou moins spontanées. a) CHIM. État d'un corps, d'un composé, d'une combinaison qui subit facilement une décomposition, une transformation spontanée quand varie, même légèrement, l'un des facteurs d'équilibre (température, pression, altitude, etc.). Lorsque l'instabilité des peroxydes est grande, il peut y avoir déflagration. Les carbures éthyléniques donnent facilement des peroxydes assez stables (Chartrou, Pétroles natur. et artif.,1931, p. 13).− ,,Caractère d'un produit dont une caractéristique se détériore après un certain temps de stockage, comme la couleur de l'huile, la teneur en gomme des essences : on remédie à l'instabilité par des inhibiteurs`` (Lar. encyclop.).
− P. métaph. En même temps, ces personnes mentales, par la combinaison des hérédités et des cultures désordonnées qui les constituent, deviennent des composés d'une instabilité dangereuse (Valéry, Variété IV,1938, p. 36).
b) AGRIC., GÉOL. Structure d'un sol susceptible de se dégrader sous l'action de l'eau (de pluie, d'un fleuve, de la mer). L'abondance des conglomérats gréseux trahit l'instabilité et l'irrégularité des rivages dans le Dauphiné (Lapparent, Abr. géol.,1886, p. 319).L'instabilité du sol souvent éboulé de la falaise (Proust, J. filles en fleurs,1918, p. 814).
c) PHYS. NUCL. Propriété de certains noyaux présentant une radioactivité décelable, génératrice d'une transformation en de nouveaux noyaux radioactifs aux caractéristiques différentes. Les atomes des deux plus lourds et plus complexes, l'uranium et le thorium, ceux-là mêmes dont l'instabilité est à l'origine de la radioactivité naturelle, sont susceptibles de donner lieu au phénomène de fission (Goldschmidt, Avent. atom.,1962, p. 23).
d) GÉNÉT. ,,Caractère commun à un ensemble assez disparate de phénomènes dans lesquels interviennent des éléments génétiques qui, au moins dans certaines circonstances, présentent des changements avec une fréquence tout à fait exceptionnelle et paraissent ainsi échapper aux règles classiques d'invariance du matériel génétique`` (L'Hér. Génét. 1978).