1. BEAUX-ARTS. [Le suj. désigne un peintre, un sculpteur] Reproduire à travers son art les apparences, les formes d'(objets réels pris pour modèles). Les ajustements des femmes, leurs aigrettes, leurs colliers, leurs éventails, les papillons de leurs coiffures, leurs robes à queues traînantes, sont imités d'après les insectes et les oiseaux les plus brillants (Bern. de St-P., Harm. nat.,1814, p. 329).Il [l'automate] est si parfaitement imité qu'il est comme tout le monde : on le prend vraiment pour un homme (Gaultier, Bovarysme,1902, p. 168).− Dans le domaine des arts et de la littérature.Imiter la nature. Imiter la nature [en art], ce n'est pas copier servilement un objet, c'est surprendre les procédés par lesquels elle le crée pour notre œil, et c'est faire comme elle (Séailles, E. Carrière,1911, p. 66).Pour tenter, sinon une rénovation du théâtre, du moins un effort personnel, j'ai pensé qu'il fallait revenir à la nature même, mais sans l'imiter à la manière des photographes (Apoll., Tirésias,1918, p. 865).
− P. méton. [Le suj. désigne l'objet créé, l'œuvre d'art, les sons émis] Musique imitant le bruit d'une source. La couleur cendrée imite la transparence nocturne, ou la pâle clarté qui tombe de la lune sur les villages endormis [toiles de Cazin] (Hourticq, Hist. art, Fr., 1914, p. 404).
2. [Le suj. désigne un savant, un écrivain, un artiste] Prendre pour modèle les méthodes, le style, la manière de. Synon. emprunter à (qqn), s'inspirer de (qqn).Imiter un chef d'école, un maître. En effet, Buffon, à l'aide de Daubenton, est le premier qui ait uni d'une manière continue l'anatomie à l'histoire naturelle. Pallas a suivi son exemple, mais il n'a point été imité par les naturalistes de l'école linnéenne (Cuvier, Anat. comp., t. 3, 1805, p. xx) :7. Les grands classiques du xviiesiècle ont été imités servilement pendant plus de cent ans. Victor Hugo l'était encore au début de ce siècle. Les maîtres du symbolisme, et aussi les Goncourt, le furent presque une dizaine d'années. Cette proportion décroissante est significative. On n'est imité que dans la mesure où les imitateurs se croient originaux en imitant.
Thibaudet, Réflex. litt.,1936, p. 157.
♦ P. méton. La coiffure des modèles et des maîtresses de peintres, apparaissant aux vernissages avec des bandeaux à la Vierge et des têtes imitant les têtes des tableaux primitifs (Goncourt, Journal,1892, p. 244).Quoique Elstir ait fait un beau portrait de moi (...). Cela imite les Régentes de l'hôpital de Hals (Proust, Guermantes 2,1921, p. 523).
− Péj. Synon. de copier, plagier.Imiter servilement, platement, sans goût. Après avoir imité Delacroix, après avoir singé les coloristes, les dessinateurs français et l'école néo-chrétienne d'Owerbeck, M. Ary Scheffer s'est aperçu (...) qu'il n'était pas né peintre (Baudel., Salon,1846, p. 170).Les musiciens français qui admirèrent le maître de Bayreuth (...) surent pour la plupart assimiler ses théories sans imiter servilement son style (Dumesnil, Hist. théâtre lyr.,1953, p. 187).
− Emploi abs. On imita, traduisit, compila, et de nouveau on compila, traduisit, imita (Quinet, All. et Ital.,1836, p. 91).
−
Emploi pronom. passif. Un poème surréaliste s'imite plus aisément qu'un sonnet (Paulhan, Fleurs Tarbes,1941, p. 145) :8. La délicatesse et la finesse sont seules les véritables indices du talent. Tout s'imite, la force, la gravité, la véhémence, la légèreté même; mais la finesse et la délicatesse ne peuvent être longtemps contrefaites. Sans elles, un style sain n'annonce rien qu'un esprit droit.
Joubert, Pensées, t. 2, 1824, p. 76.
−
Emploi pronom. réfl. : 9. Il est essentiel pour l'artiste qu'il sache s'imiter soi-même. C'est le seul moyen de bâtir une œuvre, − qui est nécessairement une entreprise contre la mobilité, l'inconstance de l'esprit, de la vigueur, et de l'humeur.
Valéry, Tel quel II,1943, p. 69.