1. Récit à caractère merveilleux, ayant parfois pour thème des faits et des événements plus ou moins historiques mais dont la réalité a été déformée et amplifiée par l'imagination populaire ou littéraire. Anton. histoire.La légende d'Hercule et d'Omphale envahit brusquement son imagination (Malraux, Cond. hum.,1933, p. 343):2. Une des légendes les plus répandues en Bretagne est celle d'une prétendue ville d'Is, qui, à une époque inconnue, aurait été engloutie par la mer. On montre, à divers endroits de la côte, l'emplacement de cette cité fabuleuse...
Renan, Souv. enf.,1883, p. 1.
SYNT. Légende populaire; légendes des temps anciens, du Moyen Âge; contes et légendes; la légende du cheval de Troie, du Juif errant, de Faust, de Roland; légendes de la Table ronde; enfance bercée de légendes; imaginer, inventer une légende; conter, narrer, raconter, interpréter une légende; si l'on en croit la légende.
− Loc. adj. De légende. Qui appartient à la légende ou qui a le caractère des légendes. Synon. légendaire.Héros, pays de légende; atmosphère de légende. Le sourire d'un guerrier de légende, son épée enchantée à la main (Barrès, Colline insp.,1913, p. 156).Testevel apparaît dès maintenant dans une lumière de légende. Il était fort, il était bon, il était doux (Duhamel, Maîtres,1937, p. 191).
− MUSIQUE
α) Pièce instrumentale isolée ayant pour thème une légende. Légendes pour piano de Liszt; légendes pour orgue de Vierne, de Dupré; légende pour orchestre de Rimski-Korsakov (d'apr. Lar. encyclop.). La fantaisie en Ut, op. 17 de Schumann, pourrait être considérée comme un Triptyque avec sa Légende, sa Marche et son Adagio (Dupré, Improvis. orgue,1925, p. 103).
β) Ouvrage dramatique (variété d'oratorio ou d'opéra) ayant pour thème une légende. Je venais de diriger au théâtre de Dresde la seconde exécution de ma légende : la Damnation de Faust (Berlioz, Grotesques mus.,1859, p. 31).
2. Représentation d'un fait, d'un événement réel, historique, déformé et embelli par l'imagination. Synon. épopée.Légende épique, héroïque; accréditer, détruire une légende, avoir sa légende. Pasteur qui n'était pas tel que la légende commence de nous le représenter, mais plus vif, plus humain (Duhamel, Suzanne,1941, p. 170):3. Et cependant la légende napoléonienne ne faisait que de naître. Déporté à Sainte-Hélène par les Anglais, Napoléon continua d'agir sur les imaginations. Le héros devint un martyr. Sa cause se confondit avec celle de la Révolution...
Bainville, Hist. Fr., t. 2, 1924, p. 149.
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[Sans compl. déterminatif ou sans adj., dans un sens gén.] La légende. L'histoire et la légende; entrer (vivant) dans la légende; la légende s'empare de qqn. Le paysan n'a d'autre histoire que la tradition et la légende (Sand, Hist. vie, t. 3, 1855, p. 42):4. ... par les circonstances exceptionnelles de son destin, dès son vivant, il [Beethoven] était livré à la légende. Et la légende s'en est donné! L'histoire de Beethoven est encombrée d'éléments romanesques.
Rolland, Beethoven, t. 2, 1937, p. 518.
− Souvent péj. Récit inexact concernant quelqu'un ou quelque chose. Synon. conte, fable, racontar, on-dit.Une légende circule, court, se forme sur qqn, sur le compte de qqn; ce n'est qu'une légende; c'est une pure légende. Il essayait, de temps en temps, de croire à la légende qui faisait du père de Swann un fils naturel du prince (Proust, Sodome,1922, p. 668).On laissait s'accréditer la légende que Chantilly était devenu une ville où on songeait plus au plaisir qu'à la guerre (Joffre, Mém., t. 2, 1931, p. 391).