1. [De manière temporaire] Douleur passagère. Mal, maux de gorge, de tête; maux d'estomac, de reins; avoir mal aux pieds, à la poitrine, au ventre. «Eh bien! c'est donc le mal de dents, m'a-t-il dit.» En effet, il avait une violente fluxion; sa joue droite était enflée et fort rouge (Las Cases,Mémor. Ste-Hélène, t. 2, 1823, p. 223).♦ Mal blanc. Infection localisée de la pulpe des doigts. Synon. panaris. (Ds Duranteau 1971).
♦ Mal perforant. Lésion ulcéreuse. Maux perforants plantaires. Le mal perforant est une ulcération arrondie ou ovalaire présentant des bords saillants et taillés à pic avec un fond atone (Quillet Méd.1965, p. 354).
♦ Avoir mal au coeur. Nausée d'origine gastrique, sans rapport avec le coeur. Oh! dit-elle, j'ai un peu mal au coeur... (...) et puis j'ai la tête qui me tourne (Ramuz,Derborence, 1934, p. 61).Au fig. Tu dégoûtes ma famille, maman surtout, et dès qu'elle pense à toi, elle a mal au coeur (Renard,Poil Carotte, 1894, p. 203).
♦ Avoir mal aux cheveux (au fig., fam.). Avoir la tête lourde un lendemain de fête (d'apr. Carabelli, [Lang. fam.], s.d.).
♦ Être dans les mals (vx). ,,Être dans les douleurs de l'enfantement`` (Carabelli, [Lang. pop.], s.d.).
♦ Prendre mal, du mal. Tomber malade. Comment donc avait-elle pris mal? Ne la laissez pas courir à volonté, quelque temps qu'il fasse (E. de Guérin, Lettres, 1840, p. 347).Tu es mouillé, trempé. De quoi prendre du mal. Viens, j'ai du lait chaud sur le feu, avec une goutte de café (Duhamel,Terre promise, 1934, p. 66).
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Faire mal à qqnFam. et pop. Cela/ça me fait mal au coeur, au ventre, au(x) sein(s). Cela me degoûte, me donne envie de vomir. On rit. L'homme noir s'en offusqua. Il se leva. − Vous m'faites mal au ventre, articula-t-il avec mépris (Barbusse,Feu, 1916, p. 15).[Au cond. et sans compl.] Ça me ferait mal! Il n'en est pas question. [À la forme pronom.] Tous les élèves l'applaudissent à se faire mal aux mains (Larbaud,F. Marquez, 1911, p. 47).Gêner, incommoder. Elle se fardait, mettait son corsage neuf et ses beaux souliers qui lui faisaient mal (Dabit,Hôtel Nord, 1929, p. 138).−
Expressions ♦ Être dur au mal. Être capable de supporter la souffrance, la fatigue, l'inconfort. Il est dur au mal, insoucieux du confortable (...), enchanté d'être au milieu de soldats de seconde classe et non d'officiers (Montherl.,Songe, 1922, p. 40).
♦ (Femme) en mal d'enfant (vx). En train d'accoucher. En se trouvant placé par le comte devant une femme en mal d'enfant, le rebouteur recouvra toute sa présence d'esprit (Balzac,Enf. maudit, 1831-36, p. 358).
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En partic. ♦ Mal de l'air, du rail, de la route. Malaises ressentis au cours d'un voyage en avion, en train, en voiture. Mal des transports. ,,Ensemble des troubles observés chez certains passagers d'un véhicule en mouvement`` (Méd. Flamm. 1976). Un nouveau médicament destiné à prévenir les inconvénients causés par le mal des transports (...) vient d'être lancé sur le marché américain par une société pharmaceutique suisse (L'Est Républicain, 11 juill. 1981, p. 1).
♦ Mal de mer. Malaise provoqué par les mouvements du bateau et donnant des maux de tête, des nausées, des vomissements. Le mal de mer le prit. Chacun connaît les effets de cette maladie: la plus horrible de ses souffrances sans danger est une dissolution complète de la volonté (Balzac,Contrat mar., 1835, p. 326).P. métaph. Je vous avoue que les disputes littéraires me donnent le mal de mer. Cela manque de grâce et de résultats (Valéry,Entret.[avec F. Lefèvre], 1926, p. 25).
♦ Mal des montagnes. ,,Malaises causés par la raréfaction de l'oxygène en altitude`` (Villen. 1974). Les plus vaillants défaillirent, et le vertige, ce terrible mal des montagnes, détruisit non seulement leurs forces physiques, mais aussi leur énergie morale (Verne,Enf. cap. Grant, t. 1, 1868, p. 107).
2. [De manière chronique ou répétitive] Douleur continue ou récurrente manifestant une maladie souvent grave, parfois mortelle. Affreux mal; mal cruel, implacable, irrémédiable; endurer, enrayer le mal. Cet enfant si beau, si sage et déjà si cultivé était secrètement atteint du mal horrible qui lui valut son surnom de Baudouin le Lépreux (Grousset,Croisades, 1939, p. 210):1. À la suite de crises répétées, son corps entier se prenait, le mal montait des pieds aux genoux, puis aux coudes et aux mains. (...) C'était maintenant la goutte chronique, inguérissable, la goutte qui ankylose et qui déforme.
Zola,Joie de vivre, 1884, p. 938.
♦ Mal de mort. Vouloir mal de mort à qqn. Désirer sa mort. Il avait beaucoup tardé à publier les oeuvres de son oncle, et il voulait mal de mort à ceux qui l'avaient devancé dans cette tâche (A. France,Vie littér., t. 1, 1888, p. 306).
♦ Mauvais mal (vx). Maladie mortelle considérée comme un fléau à une époque donnée. Chaque époque a connu son «mauvais mal» auquel s'accrochait une effrayante mythologie (...). Ce fut, au Moyen Âge, la peste noire, détrônée par le choléra, puis par la tuberculose (...) le cancer a pris sa succession et assumé son héritage d'épouvantement (L'Est Républicain, 15 oct. 1980, p. 1).Pop. Maladie quelconque. Tu vas te faire venir du mauvais mal, la Torine... Tu seras bien avancée? (Martin du G..,Testament P. Leleu, 1920, ii, p. 1153).
♦ Mourir du mal. Mourir d'une certaine maladie. Elle est morte du mal. On appelle ça: «le mal», mais c'est une vapeur; ça prend les gens d'âges. Ils ont les «trois sueurs», le «point de côté» puis, ça s'arrache tout, là-dedans et ils meurent (Giono,Regain, 1930, p. 25).
♦ Aller à mal (vx). Être atteint d'une mauvaise maladie. C'est là que nous avons mangé notre pain blanc en premier, car il me semble que je vais à mal. Je suis bien malade, Jacques (Balzac,Pierrette, 1840, p. 124).
♦ Mal caduc, comitial, sacré ou haut mal. Épilepsie. Ce pauvre petit corps de fillette poitrinaire et peut-être atteinte du mal sacré (Suarès,Voy. Condottière, t. 3, 1932, p. 255).Tomber du haut mal. P. métaph. Je ne veux pas être une sotte grue et tomber du haut mal d'admiration. Je m'attache à peindre les personnages en conscience (Chateaubr.,Mém., t. 2, 1848, p. 649).
♦ Mal divin. Peste. Synon. vieilli de grand mal. (Ds Méd. Biol. t. 2 1971).Hippocrate l'appela [la peste] le mal divin, et Thucydide le feu sacré; ils la regardèrent tous deux comme le feu de la colère céleste (Chateaubr.,Mém., t. 4, 1848, p. 59).
♦ Mal noir. ,,Charbon`` (Méd. Biol. t.2 1971). Les camarades lui conseillèrent de mouiller sans cesse la blessure pour empêcher le mal noir (Maupass.,Contes et nouv., t. 1, En mer, 1883, p. 97).
♦ Mal de (+ nom propre, subst. ou adj.).Maladie de. Mal des ardents (v. ardent II B).Mal de Bright. Néphrite. Il lui trouva de l'asthme, une bronchite, et le mal de Bright (Maurois,Disraëli, 1927, p. 294).Mal de Pott. Tuberculose vertébrale. Un enfant a le mal de Pott. Il va à Berck (Barrès,Cahiers, t. 9, 1911, p. 178).
♦ Mal + déterminants variés (vieilli).Mal espagnol, français, italien, de Sicile. Syphilis. J'ai guéri la fièvre pestilente, la podagre, l'hydropisie et le mal français (Arnoux,Seigneur, 1955, p. 111).
♦ Mal (de) (+ nom de saint).Affections diverses, le saint en question étant censé guérir l'affection qu'il servait à nommer. Il était mort en effet de la dyssenterie et des hémorrhoïdes, qu'on nommait alors le mal saint Fiacre (Barante,Hist. ducs Bourg., t. 4, 1821-24, p. 371).Nicolas Remy atteste que le mal St. Jean était l'épilepsie, le mal St. Antoine le «feu sacré» ou érysipèle, le mal St. Manne l'impétigo, et le mal St. Anastase la folie (E. Delcambre, Le Concept de sorcellerie dans les duchés de Lorraine au XVIeet au XVIIes., Nancy, Soc. d'archéol. lorr., 1949, p. 50).
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Expressions ♦ Prendre son mal en patience. Supporter son mal avec courage. Au fig. Je prends mon mal en patience, je me livre avec courage à des travaux qui finiront par me rendre indépendant (Hugo,Lettres fiancée, 1820, p. 15).
♦ Plus de bruit que de mal. Plus de bruit et d'agitation que de dégâts réels. Comme il arrive dans ces échauffourées, il y eut plus de bruit que de mal. Une dizaine de juifs environ demeuraient sur le carreau (Tharaud,Fête arabe, 1912, p. 193).
♦ Rendre le remède pire que le mal. Utiliser des produits aux effets plus nocifs que la maladie qu'on cherche à combattre. Bergotte (...) essaya avec succès, mais avec excès, de différents narcotiques, (...) tous les produits (...) étaient toxiques et par là rendaient le remède pire que le mal (Proust,Prisonn., 1922, p. 186).
♦ Tomber de fièvre en chaud mal (vx). Aggraver son cas. Au fig. Aujourd'hui un très grand nombre de propriétaires, pour ne pas dire presque tous, honteux de leur oisiveté, travaillent, épargnent, capitalisent. C'est tomber de fièvre en chaud mal (Proudhon,Propriété, 1840, p. 288).