β) [Sur le plan intellectuel ou psychol.] :
7. Il me remit, bon gré, mal gré, tous ses pouvoirs, exigea que je tinsse la comptabilité de la maison, que tous les ordres vinssent de moi, et me traita comme une personne mûre, capable de diriger les autres et soi-même.
Sand, Hist. vie,t. 3, 1855, p. 280.
♦ [P. méton.] La Comtesse, farouche : Viens régner! Le Duc : Non! mon front n'est pas mûr! La Comtesse : La couronne suffit pour mûrir une tempe! (Rostand, Aiglon,1900, i, 11, p. 47).
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[Avec compl. prép.] Je n'étais pas encore mûr pour une lecture si sérieuse (Dupanloup, Journal,1818-19, p. 18):8. ... à quel âge faire provision de cette immense richesse et variété de formes et de vocabulaire, sinon dès l'enfance même, et durant cet intervalle où l'esprit déjà éveillé n'est pourtant pas mûr encore pour les compositions et les exercices de l'éloquence?
Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 3, 1848, p. 448.
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Être mûr avant l'âge. Avoir acquis dès sa jeunesse la sagesse, l'expérience de l'âge mûr. Je perds rarement la tête, j'appartiens à une espèce très commune, très résistante, mûre avant l'âge, qui prend le bon de l'air en toute saison (Bernanos, Joie,1929, p. 666):9. ... une jeune fille (...) aux yeux noirs, au front pâle, aux cheveux lisses et foncés, aux lèvres sérieuses, à l'expression pensive et ferme, mûre avant l'âge, triste avant la douleur, éloquente avant la passion; un pressentiment incarné de la vie, de l'amour, de la mort...
Lamart., Nouv. Confid.,1851, p. 156.
♦ Esprit mûr. Sagesse, capacité de raisonnement, de réflexion. Tous enfin s'accordaient à célébrer en lui le don le plus rare, qui a été départi à si peu (...) la raison précoce, le fruit dans la fleur, un esprit mûr dès le premier duvet (Sainte-Beuve, Nouv. lundis,t. 11, 1868, p. 237).Les Halévy plutôt hostiles aux frivolités, goûtaient (...) [l']esprit si mûr [de Proust], la langue qu'il parlait (Blanche, Modèles,1928, p. 100).