ORONGE, subst. fém.
A. − BOT. Oronge (vraie). Gros champignon comestible du Midi, au chapeau charnu d'une belle couleur orangée mêlée de pourpre vive, aux lamelles jaunes, à la pulpe fine mais ferme, caractérisé par une volve engainante à la base du pied. Oronge fraîche; cueillir des oronges; assaisonner, (faire) cuire, nettoyer des oronges. Synon. amanite impériale ou amanite des Césars.Voilà qu'à dîner on sert un grand plat d'oronges (...) Les champignons font le tour de la table, ils avaient bonne mine (A. Daudet, Nabab, 1877, p.194).Pleurez ma chercheuse d'oronges, Mon amie dont la voix perçait le coeur des bois (Jammes, Clairières, 1906, p.10):. Quelques gourmets préfèrent l'oronge au cèpe (...). Sa saveur est peut-être incomparable. L'empereur Claude en faisait ses délices. Et Rome, pour flatter ou railler ce penchant, avait donné au champignon un nom immortel, celui de César. Elle l'appelait «l'agaricus caesareus». Or, un jour, repu d'oronges, Claude expira empoisonné. Car il est une fause oronge, de même fumet que l'autre...
Pesquidoux, Chez nous, t.1, 1921, p.168.
♦ Fausse oronge. Champignon vénéneux au chapeau rouge tacheté de blanc, aux lamelles blanches, dépourvu de volve à la base du pied. Synon. amanite* tue-mouches.Je connais les espèces [de champignon] à présent (...). Ce n'est pas à moi qu'on repasserait une fausse oronge (Goncourt, Man. Salomon, 1867, p.299).La fausse oronge ou amanite tue-mouches entraîne une intoxication atropinique (Pt. Lar. Méd.1976).
B. − P. ext. [Nom générique d'autres amanites toutes toxiques] On connaît encore l'Oronge ciguë blanche (...), l'Oronge ciguë jaunâtre (...), Oronge ciguë verte, espèces qui tirent leur nom de leurs couleurs; l'Oronge vraie de Malte, l'Oronge souris, l'Oronge de Picardie, l'Oronge dartreuse, l'Oronge blanche, etc., toutes également vénéneuses (Bouillet1859).
Prononc. et Orth.: [ɔ
ʀ
ɔ
̃:ʒ]. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. 1753 (Encyclop. t.3, p.84a: de celle [espece de champignon] qu'on nomme oronge en Guienne); 1768 (Valm.). Empr. au rouergat ourounjo «id.» (cf. Vayssier, Dict. patois-fr. de l'Aveyron; v. aussi dans le domaine fr.-prov. Mistral: ourounjo, Dhér.: oroungeo, Palay: ourounge), proprement «orange», ainsi nommé à cause de sa couleur, de même orig. que le fr. orange*.