β) Loc. verb. ♦ (Être) en peau (vieilli). (Être) en grand décolleté. Femmes en peau. Dans la rue, les robes montantes, avec ces tuniques, là, ça ne dit pas grand'chose. Mais le soir, avec le tralala, quand elles sont en peau! Je te choque? (Aragon,Beaux quart.,1936, p.203).
♦ Avoir la peau dure. Être très résistant, très endurant. Je puis vivre seul, Car j'ai la peau dure (Cros,Coffret santal,1873, p.84).
♦ Avoir le sang sous la peau, mettre (à qqn) le sang sous la peau. Rougir, faire rougir quelqu'un. Il avait cette carnation fragile de la jeunesse, chez les bruns qui ont pour un rien le sang sous la peau (Aragon,op.cit.,p.276).
♦ Avoir (ou verbe exprimant un état) la peau sur les os, n'avoir que la peau et/sur les os. (Être) très maigre. On pourrait choisir, mais ça dépend des natures, devenir gras ou crever la peau sur les os (Céline,Voyage,1932, p.167).
♦ Porter à la peau. Altérer la peau. Certains aliments, les moules, les crustacés portent à la peau (Ac.1935).
♦ Crever, faire la peau (à qqn) (pop.). Tuer quelqu'un. Bon nombre d'individus −le monde des apaches en regorge! −n'hésiteraient pas à sacrifier leur peau, si cela était nécessaire, au plaisir de crever la peau à leur prochain (Courteline,Boubouroche,Philos. Courteline, 1917, p.127).
♦ Mettre, flanquer (fam.), loger une balle dans la peau. Tuer d'un coup de feu. Il tire donc son revolver et le garde à la main, histoire de se rassurer. −Oui. À ce moment un pauvre type se présente, et il lui loge une balle dans la peau, sans lui avoir seulement souhaité le bonsoir (Bernanos,Crime,1935, p.824).
♦ (Prendre, recevoir, etc.) x balles dans la peau. Je lui en aurais fait voir, moi, à ce soudard. Pour commencer, au poteau! Et douze balles dans la peau! (Sartre,Mots,1964, p.42).
♦ (Attraper, prendre, saisir, retenir, etc.) par la peau du cou, du dos, du cul (vulg.). (Attraper, etc.) de manière énergique et sans ménagement. Ferdinand n'a sûrement pas mauvaise intention. −Par la peau du cul que je vas te le sortir, le vétérinaire! (Aymé,Jument,1933, p.190).
−
Au fig., fam. ou pop. ♦ Avoir qqc. dans la peau. Avoir quelque chose qui pousse à agir, à se comporter de telle ou telle manière. On lui demandait seulement de rentrer coucher. −Dis? Qu'est-ce que tu as dans la peau, à ton âge? (Zola,Germinal,1885, p.1331).
♦ Avoir qqn dans la peau (pop.). Être très amoureux de quelqu'un. Une femme de mon âge, ça ne se désintoxique pas du garçon qu'elle a dans la peau (Vailland,Drôle de jeu,1945, p.33).
♦ Avoir dans la peau de + inf. Avoir naturellement tendance à faire telle ou telle chose. C'est son gamin qui l'a prise, comme le Zèphe l'aurait prise: ils ont dans la peau de voler et de dénoncer (Aymé,op.cit.,p.137).
♦ (Être ou vouloir être)/(entrer, se mettre) dans la peau de qqn. Ressentir les sentiments qu'éprouve quelqu'un, s'identifier à quelqu'un par l'imagination, jouer le rôle de quelqu'un. Dumay se retira, le coeur plein d'anxiété, croyant que l'affreux Butscha s'était mis dans la peau de ce grand poëte pour séduire Modeste (Balzac,Modeste Mignon,1844, p.154).Il est maire par dévouement, parce qu'il est comme ça, qu'il est honnête homme, et qu'il veut finir dans la peau d'un honnête homme (Renard,Journal,1900, p.585).Au vrai, j'étais moi-même entré dans la peau de La Brige (Ambrière,Gdes vac.,1946, p.341).
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S'user la peau, travailler sa pleine peau. Travailler beaucoup. Le père continuait à s'user la peau (Zola,op.cit.,p.1231):1. Ils gagnent plus que nous! Faut acheter des engrais, des sulfates, travailler sa pleine peau, et qu'est-ce qu'on vend son vin? Une misère!
Chardonne,Dest. sent.,I, 1934, p.167.
♦ Se lever la peau pour qqn (région., Sud-Est). Se dévouer pour quelqu'un. Je me suis levé la peau pour les orphelins, je n'en ai jamais eu de contentement (Giono,Batailles ds mont.,1937, p.214).
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Mourir, crever (fam.) dans sa peau/dans la peau de. Ne point se corriger en vieillissant. Il mourra dans sa peau; il mourra dans la peau d'un insolent, d'un effronté, d'un fat (Ac.1835-1935).Expr. proverbiales. Dans sa peau mourra le renard (Ac. 1798-1878). Le loup mourra dans sa peau (Ac. 1835, 1878). ♦ Coûter, valoir la peau des fesses (pop.). On trouve encore des trucs à Montreuil... Dis donc si jamais c'était une édition de 46... Ça vaut la peau des fesses c'est introuvable (Le Nouvel Observateur,12 janv. 1976, p.57, col. 7).
♦ Ne pas savoir durer dans sa peau (vx). Être rendu inquiet, anxieux ou agité par un désir. Il ne saurait durer dans sa peau (Le Nouvel Observateur,12 janv. 1976, p.57, col. 7).