2. P. méton. a) Éclater (v. ce mot I A 1) avec un bruit sec, généralement violent. Son fusil, son pistolet lui a pété dans la main (Ac.).Je fends le ventre des poissons, je les vide et fais péter leurs vessies sous mon talon (Renard, Poil Carotte,1894, p.102).Des grenades pétaient avec un bruit sec, et leurs éclats giflaient les murs (Ambrière, Gdes vac.,1946, p.370).V.
colombin2ex.2:
1. Cinq minutes après, le major rappliquait en coup de vent, (...) jurant des tonnerres de Dieu à en faire péter les carreaux.
Courteline, Gaîtés esc.,Embarras gastr., 1891, p.175.
− P. exagér. Ce chaos, ce monde d'une féerie à organiser, régler, animer; l'énormité de ce travail, à faire péter la tête (Goncourt, Journal,1863, p.1276).Une nuit terrible. J'en ai le crâne qui pète (Giono, Colline,1929, p.65).
b) Se casser, se déchirer. La corde a pété. Les pêches pétaient, et il tombait des gouttes de sucre sur les feuilles (Claudel, Violaine,1892, i, p.501).Dès qu'il touchait au pinceau, il s'agaçait énormément, la tige lui pétait dans les mains (Céline, Mort à crédit,1936, p.231).Un portefeuille tout plein, tout rond, plein à faire péter la couture, voilà qui vous chauffe le coeur d'un homme (Bernanos, M. Ouine,1943, p.1398).
c) [En parlant d'une pers. ou d'une de ses manifestations] Éclater, se manifester avec bruit, avec violence. La satisfaction de Flaubert pète et éclate dans des violences de paroles (Goncourt, Journal,1876, p.1107).Quant à Poil de Carotte (...), il se contient mais il va péter, si madame Lepic ne quitte à l'instant la table (Renard, Poil Carotte,1894, p.61).Que, placée sur un long cou, une tête stupide ornée d'un chapeau grotesque vienne à s'enflammer, aussitôt pète la querelle (Queneau, Exerc. style,1947, p.58).
d) Péter de qqc.Éclater, resplendir de quelque chose. Nieuwerkerke blague le curé, pétant de joie (Goncourt, Journal,1862, p.1113).Sa face radieuse pétant d'orgueil (Dorgelès, Croix de bois,1919, p.149).Tout ça nourri comme des princes, pétant de belle humeur et de santé (Arnoux, Rhône,1944, p.186).
e) Loc. fam. ou pop., fig. − Vieilli. ,,La gueule du juge en pétera, il faut que la gueule du juge en pète, se dit Lorsque dans une affaire on ne veut point d'accommodement, et qu'on veut qu'elle soit jugée`` (Ac. 1835, 1878).
− Péter dans sa graisse, dans sa peau. Être obèse. On voyait les bedons se gonfler à mesure. Les dames étaient grosses. Ils pétaient dans leur peau, les sacrés goinfres! (Zola, Assommoir,1877, p.579).V. gâter ex.10.
−
Ça pète/il faut que ça pète. Cela prend/il faut que cela prenne une tournure violente. Si je vous disais que j'ai payé les oeufs vingt-deux sous. Il faudra que ça pète (Zola, Germinal,1885, p.1256).Ils réclamaient de grandes offensives, et que ça pète! bon Dieu de bois (Romains, Hommes bonne vol.,1938, p.220):2. −Qu'il brûle [un village], dit Pinette. C'est la guerre. −Il y a des femmes et des gosses. −Ils n'ont qu'à se barrer dans les champs. Ah! dit-il d'un air idiot, faut que ça pète!
Sartre, Mort ds âme,1949, p.154.
− Il faut que ça pète ou que ça casse/ou que ça cède/ou que ça craque/ou que ça dise pourquoi. Il faut que cela finisse, que cela se fasse coûte que coûte. Quand je prends une chose à coeur, moi, faut que ça pète ou que ça craque (Giono, Baumugnes,1929, p.75).Y avait pas de Bon Dieu qui tienne! Il fallait que ça pète ou que ça cède (Céline, Mort à crédit,1936p.267).
−
Péter dans la/les main(s). Échouer. Synon. fam. claquer*, craquer* dans la/les main(s).Et cette affaire me pète dans les mains, juste au moment où elle commençait à prendre bonne tournure (...). Cent mille dollars de foutu, sans compter le temps (Duhamel, Passion J. Pasquier,1945, p.152).Si ce mariage nous pétait dans la main, nous serions des enfants, mon cher, des enfants (Audiberti, Mal court,1947, i, p.149).♦ ,,J'avais pour cinquante mille francs de billets qui m'ont pété dans la main, (Ac.) Que j'ai perdus, dont je n'ai pas été payé`` (Ac.).
♦ ,,Ne comptez pas sur les promesses de cet homme, il vous pétera dans la main, (Ac.) Il vous manquera au moment où vous aurez besoin de lui`` (Ac.).
♦
[En parlant d'une pers.] Mourir. J'ai eu une congestion au cerveau (...). J'ai manqué péter dans les mains de ma famille (Flaub., Corresp.,1844, p.147):3. −Je puis attester, dit M. Machault, qu'il [Damiens] ne fut jamais si bien portant ni si gras (...). −Tant mieux, c'est ainsi qu'il nous le faut, au moins sommes-nous sûrs qu'il ne nous pétera pas dans la main.
Balzac, OEuvres div.,t.1, 1830, p.557.
−
[Pour marquer un comportement excessif, un effort violent] S'en/se faire péter + subst. Il s'en faisait péter la gueule à crier: «C'est pas ton papa, c'est le mien» (Giono, Solit. pitié,1932, p.114).Aboyer à s'en faire péter les veines du front (Arnoux, Paris,1939, p.43).Il essaye (...) au risque de se faire péter un vaisseau, de foutre sa douleur à la porte en la criant (G. Arnaud, Schtilibem 41,Paris, Julliard, 1953, p.24).♦ S'en faire péter le compotier*. S'en faire péter le cylindre*, la sous-ventrière*.