1. a) [En parlant d'un animé, d'une partie du corps] Qui est animé de mouvements plus ou moins réguliers ou convulsifs, manifestant la vie ou la persistance d'un reste de vie. Synon. pantelant, tressautant.Chair, entrailles palpitante(s). Des cadavres sanglans et mutilés, des membres déchirés et palpitans (Procès conspir. 1erConsul,t.1, 1801, p.31).Le poisson frais et palpitant (Chateaubr.,Ét. ou Disc. hist.,t.2, 1831, p.76).Le cadavre a paru revivre. Je l'ai senti tout chaud sous mes doigts, tout palpitant (...). J'ai vu les paupières battre et le regard s'animer (Bernanos,Soleil Satan,1926, p.269).
b) [Avec une valeur de personnification; en parlant d'une oeuvre d'art] Qui paraît animé des mouvements de la vie, grâce à une expressivité particulièrement forte. Tandis que la vie anime et réchauffe les muscles palpitants des statues grecques, les poupées inconsistantes de l'art académique sont comme glacées par la mort (Rodin,Art,1911, p.63).Toutes vibrantes de tons divisés et de points subtils qu'elles soient, ou palpitantes de l'ombre du crayon Conté, les formes de Seurat sont hiératiques (Cassou,Arts plast. contemp.,1960, p.29).
c) P. anal. [En parlant d'une chose concr.] Qui est parcouru de mouvements rappelant ceux de la vie par leur rythme régulier ou leur précipitation. Le grand arbre dont chaque feuille remue dans le soleil, chacune vivante et palpitante (Green,Journal,1955-58, p.326).− Synon. de agité, ondoyant, ondulant, oscillant.Un ciel troué d'étoiles mouvant, palpitant, frissonnant (Barrès,Cahiers,t.10, 1913, p.261).Les herbages clapotent de tous les côtés. Toutes les ondulations du plateau en sont recouvertes. (...) elles se soulèvent, vitreuses, vertes, palpitantes (Giono,Triomphe vie,1941, p.272).
d) Au fig. [En parlant d'une chose abstr., d'une oeuvre] Qui est animé (d'un reste) de vie intérieure, de force morale, qui demeure présent à la mémoire. Cette visite au Jardin d'acclimatation qui lui avait apporté des souvenirs vivants, palpitants, tout un rappel de la patrie absente (A. Daudet,Jack,t.1, 1876, p.154).Les traditionalistes (...) qui aspirent à être guidés par les morts, et qui s'efforcent de soumettre l'avenir et le progrès palpitant et passionné au règne des revenants (Barbusse,Feu,1916, p.374).
2. a)
α) [En parlant du coeur] Qui est pris de palpitations, sous l'effet d'une cause pathologique ou d'une émotion. Va te rassasier des angoisses de son coeur palpitant, compter les battements convulsifs de son pouls qui se précipite (Nodier,Smarra,1821, p.76).− Subst. masc., fam. Synon. de coeur.Elle portait la main à son coeur (...) quand je cours, il arrive que mon palpitant fasse des siennes (L. Daudet,Coeur brûlé,1929, p.182).
− Empl. subst., PATHOL. Personne affectée de palpitations. Potain n'avait-il pas décrété qu'un palpitant, un algique, (...) du fait même qu'il s'arrêtait avec complaisance sur ses souffrances, devait être préjugé indemne de lésion cardiaque (Ce que la Fr. a apporté à la méd.,1946, p.185).
β) [En parlant (d'une autre partie) du corps] Qui est animé de mouvements rapidement rythmés ou désordonnés, sous l'effet d'une émotion. J'étais ému, tremblant, palpitant comme si j'allais me trouver en présence d'une maîtresse adorée et redoutée (Chênedollé,Journal,1822, p.112).La muette hostilité que trahissaient (...) le pied agité de madame de Palme (...) et la mobilité palpitante de sa narine (Feuillet,Pte Ctesse,1857, p.83).Une belle femme dans la trentaine genre cavale frémissante, oeil humide, poitrail palpitant (Aymé,Tête autres,1952, p.33).
b) P. anal. [En parlant d'une chose concr.] Qui est parcouru de mouvements rappelant ceux de l'émotion. La mer était encore émue et toute palpitante de colère (Hugo,Fr. et Belg.,1885, p.70).Tous les vents palpitants ont, rompant leur attache, Je ne sais quoi de fol, d'inspiré, d'éperdu (Noailles,Forces étern.,1920, p.61).
c) Au fig. [En parlant de la vie affective, d'un sentiment, etc.] Qui vibre d'une émotion intense, d'une ardeur passionnée. Nous étions délicieusement émus et nous frissonnions de toutes nos petites âmes palpitantes aux intonations mystérieuses (...) de Norine (Lorrain,Contes chandelle,1897, p.23).Une ivresse religieuse emplit son coeur palpitant (Adam,Enf. Aust.,1902, p.270).Son anxieuse recherche, où se discerne l'interrogation palpitante de l'homme solitaire qui nourrit une passion malheureuse (Massis,Jugements,1924, p.37).− [En parlant d'une oeuvre, etc.] Qui exprime de vifs mouvements affectifs ou qui est marqué par un grand bouleversement intérieur. Heure du coucher! heure si délirante, si palpitante de pudeur et de volupté! heure qui confond des êtres (Borel,Champavert,1833, p.71).Cette lettre [de Mmede Staël à Roederer] tout émue, toute palpitante et comme haletante (Sainte-Beuve,Chateaubr. littér. sous l'Empire,t.1, 1860, p.72).Que dans la volupté tu t'éveilles − puis me laisses −pour une vie palpitante et déréglée (Gide,Nourrit. terr.,1897, p.171).