1. [En parlant de pers.] Les pires adversaires; la pire canaille. Inutile aux autres, impuissant pour moi-même, je ne crois plus en moi, je me hais comme mon pire ennemi (Du Camp, Mém. suic., 1853, p.48).Cette opinion de mes parents sur les relations de Swann leur parut ensuite confirmée par son mariage avec une femme de la pire société, presque une cocotte (Proust, Swann, 1913, p.20).− [P. ell. du subst.] Le restant [des prisonniers] (...) serait expédié vers Préneste, dans un camp de concentration (...). La chiourme, responsable de la garde de ceux-ci, serait choisie parmi les pires et dans leurs rangs (L. Daudet, Sylla, 1922, p.145).
− [Suivi du compl. du superl.] Les pires d'entre nous/vous/eux. Les pires d'entre nous ne furent-ils jamais invisiblement bons? (Maeterl., Trésor humbles, 1896, p.208).
2. [En parlant de choses, de faits relatifs aux pers.: activité, affect, comportement, état moral, situation] Le pire excès; son pire défaut; la pire des choses; nos pires erreurs; de la pire espèce; la pire chose du monde, qu'on puisse imaginer, qui puisse arriver. Les choses réputées les pires (le mensonge, pour ne citer que celle-là) ne sont difficiles à faire que tant qu'on ne les a jamais faites (Gide, Immor., 1902, p.404):2. Ma pire crainte avait été qu'elle fût restée à Paris, partie à Amsterdam ou à Montjouvain, (...) qu'elle se fût échappée pour se consacrer à quelque intrigue dont les préliminaires m'avaient échappé.
Proust, Fugit., 1922, p.431.
SYNT. Le/la/les pire(s) aberration(s), calamité(s), catastrophe(s), chose(s), condition(s), conséquence(s), danger(s), désastre(s), détresse(s), difficulté(s), douleur(s), épreuve(s), événement(s), excès, heure(s), injure(s), injustice(s), jour(s), mal, malheur(s), mensonge(s), misère(s), moment(s), outrage(s), solitude, solution(s), sottise(s), souffrance(s), torture(s), tourment(s), violence(s); au milieu des pires ennuis, difficultés; être capable des pires bêtises, folies, sottises; commettre les pires horreurs, imprudences, sottises.
Rem. ,,Si l'on admet le meilleur bon ami, le meilleur bon mot, etc., il faut admettre également le pire bon ami, le pire bon mot, etc.`` (Grev. 1975, § 364, note 2).
− [Le subst. est antéposé dans la prop.] De toutes les monotonies, celle de l'assertion est la pire (Joubert, Pensées, t.1, 1824, p.245).
− [Suivi du compl. du superl.] Le pire de ses malheurs. Elle n'éprouvoit que des remords arides et sans larmes, et une sorte de haine universelle qui s'étendoit (...) sur l'amant qui la méprisoit (...); mais plus encore (et c'étoit là le pire de ses tourmens) sur elle-même (Cottin, Mathilde, t.1, 1805, p.153).