RÉTROCESSION, subst. fém.
A. − DROIT 1. ,,Acte consistant, de la part de l'acquéreur d'un bien, à en transférer à nouveau la propriété à celui dont il l'avait acquis`` (Cap. 1936). Si à l'expiration du délai de 8 ans le terrain acquis n'a pas été aliéné ou utilisé aux fins légales (...), il y a des obligations de rétrocession au premier propriétaire, s'il l'exige (Gds ensembles habit., 1963, p. 9).− [En parlant d'une conquête] Notons du reste que le sultan faisait preuve d'un esprit de conciliation vraiment exceptionnel, car, comme il l'avait prévu, la rétrocession bénévole de Jérusalem aux Francs ne manqua pas de soulever contre lui dans les milieux musulmans piétistes une tempête d'indignation (Grousset,Croisades, 1939, p. 329).
2. Acte portant cession à un tiers d'un droit acquis. En 1873, un décret concéda au département de la Seine avec faculté de rétrocession onze lignes de tramways, dits de pénétration (Chardon,Trav. publ., 1904, p. 319).
3. Au fig., rare. Fait de céder de la place, du terrain au profit de quelqu'un ou de quelque chose. Ces deux grandes familles des personnages de Shakespeare: les gens d'action et les irrésolus (...). Et souvent l'irrésolu est le principal [personnage] de la pièce, dont le sujet même devient: la détérioration de celui-ci et sa rétrocession progressive devant l'autre, mieux doué que lui pour la vie (Gide,Journal, 1943, p. 228).
B. − MÉDECINE 1. Vieux a) Déplacement de la maladie de la surface du corps vers l'intérieur du corps. Lorsque (...) une maladie qui occupoit un point quelconque de la surface du corps vient à disparoître, et qu'un organe intérieur devient malade, on dit qu'il y a eu rétrocession (Encyclop. méthod. Méd.t. 121827).
b) Rétrocession du coccyx. ,,Mouvement naturel par lequel cet os se porte en arrière dans l'accouchement`` (Nysten 1814).
2. Mod. Atténuation ou régression d'un processus pathologique (inflammation, tumeur, etc.). Les modifications subies par ces foyers peuvent être salutaires soit en entraînant la rétrocession rapide des lésions, soit en hâtant la suppuration, ce qui est aussi un mode de guérison (Ce que la Fr. a apporté à la méd., 1946 [1943], p. 34).
Prononc. et Orth.: [ʀetʀ
ɔsεsjɔ
̃], [-tʀose-]. Ac. 1694, 1718: re-; dep. 1740: ré-. Étymol. et Hist. 1. 1550 « marche en arrière » (Roussat, Est. et mutat. des temps, p. 134 ds Gdf. Compl.); 2. 1640 « cession faite à un tiers d'une chose que l'on tient de lui » (Oudin Curiositez); 3. 1904 « action de revendre à un tiers ce qu'on vient d'acheter » (Chardon, loc. cit.). Empr. au b. lat.retrocessio « retrait, situation en retrait », en lat. médiév. « rétrocession ». Fréq. abs. littér.: 17.
DÉR. Rétrocessionnaire, adj. et subst.,dr. (Personne) qui bénéficie de la rétrocession d'un bien. Anton. rétrocédant (rem. s.v. rétrocéder).Dans le délai de six mois, le concessionnaire ou le rétrocessionnaire sera obligé de se substituer une société anonyme (Chardon,Trav. publ., 1904, p. 274).− [ʀetʀ
ɔsεsjɔnε:ʀ]. − 1resattest. 1823 subst. (Boiste Add.), 1832 adj. (Raymond); de rétrocession, suff. -aire*1 et 2.