RADEAU, subst. masc.
A. − Assemblage de pièces de bois, de roseaux, etc., constituant une plate-forme flottante susceptible de porter des personnes ou des marchandises. Nous nous trouvâmes embarqués sur un radeau environné d'un petit parapet, muni d'un dais de feuilles, pour nous garantir des ardeurs du soleil (Crèvecœur, Voyage, t. 3, 1801, p. 167).Une rafale de balles devant nous, la terre qui saute (...) couché dans la boue, j'essaie de comprendre: ils ont dû pousser, sur un radeau, une mitrailleuse jusqu'au milieu du marais (Vercel, Cap. Conan, 1934, p. 238):1. ... c'est le chemin du bac d'Ablevois, où l'on s'amuse à attendre le radeau du passeur (...) qui atterrit sans bruit près de vous, chargé d'une voiture, d'une couple de bœufs ou d'un troupeau de chèvres...
Boylesve, Leçon d'amour, 1902, p. 41.
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En partic. Radeau (de sauvetage). Embarcation destinée à recueillir l'équipage et les passagers d'un bateau en cas de naufrage. Radeau de sauvetage pneumatique, rigide. On venait d'imaginer, par exemple, les radeaux insubmersibles à double fond (...). Le naufragé se tenait sur la plate-forme, tandis que le poisson destiné à sa subsistance barbottait en dessous (Reybaud, J. Paturot, 1842, p. 268):2. Il n'y a plus personne dans les cabines (...). − Et ceux-ci, dit Davis, en désignant un groupe d'hommes à trente mètres que l'on voyait s'agiter dans l'obscurité? − Ils se battaient autour d'un canot. Simon les a entraînés. Ils mettent un radeau à la mer.
Peisson, Parti Liverpool, 1932, p. 243.
B. − Plate-forme flottante sur laquelle se tiennent les ouvriers pour réparer certaines parties de la coque d'un navire. On utilise encore des radeaux pour faire travailler à la coque (...) quand le travail se fait à flot et n'est pas assez important pour justifier l'installation d'échafaudages ou de passage au bassin (Le Clère1960).
C. − Radeau (de flottage). Assemblage de pièces de bois transportées par flottage sur les rivières, les fleuves, les lacs. Synon. train.Le radeau était épais mais il restait maniable sur les hautes eaux. Il avait un grossier gouvernail de frêne à l'arrière et Antonio avait besoin de toute sa force pour le bouger et il fallait garder la position un bon moment car la masse des cinquante troncs de sapins obéissait un peu en retard (Giono, Le Chant du monde, Paris, Gallimard, 1976 [1934], p. 398).Les bois ayant été choisis, triés et séparés selon leur destination (mâts, poutres, planches, avirons), des maîtres charpentiers construisent des radeaux d'une conception très élaborée. Selon leur taille et leur grosseur un radeau comprend de trois à huit mâts, les bois secondaires (poutres, avirons) sont placés de part et d'autre (R. forest. fr., 1975, n o1, p. 63).
Prononc. et Orth.: [ʀado]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1477 (Comptes du roi René, éd. G. Arnaud d'Agnel, t. 1, p. 36). Empr. à l'a. prov.radel « id. » xiiies. ds Levy Prov., dimin. de rat « id. » même ex. ibid. (v. aussi C. Chabaneau ds R. Lang. rom. 4esérie t. 1, p. 614), du lat. ratis « id. »; cf. le lat. médiév. radellus, razellus « id. » xiiies. ds Nierm., et le m. fr. radelles de fuz chez Bersuire 1355 (T. Liv., ms. Ste-Gen., f o94a ds Gdf.; La seconde Decade de Tit. Liv. translatee de latin en françoys, I, 19, éd. 1530, ibid.: radelletz et flottes de boys). Fréq. abs. littér.: 209. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 169, b) 674; xxes.: a) 204, b) 259. Bbg. Barb. Misc. 1. 1925-28, p. 48. − Dauzat Ling. fr. 1946, p. 51. − Quem. DDL t. 25. − Sain. Arg. 1972 [1907] p. 255.