1. [En parlant de la chair, notamment d'une blessure] Qui saigne, qui dégoutte de sang. Avoir le nez saignant; bouche, gencives saignante(s); blessure, plaie saignante. V.
houssoir, ex. de Balzac:
De féroces oiseaux perchés sur leur pâture
Détruisaient avec rage un pendu déjà mûr,
Chacun plantant, comme un outil, son bec impur
Dans tous les coins saignants de cette pourriture
Baudel.,Fl. du Mal,1857, p. 208.
− [Dans un cont. métaph.] Qui est d'un rouge vif, de la couleur du sang ou qui semble saigner. Le rouge saignant (des dahlias), floraison saignante (de pivoines), un bouquet de fleurs saignantes, la pourpre saignante (des coquelicots, d'une étoffe), des roses saignantes, (des) coraux saignants, une lueur saignante de braise. Constantin Guys allonge les yeux peints des filles, rougit leurs bouches saignantes, alourdit leurs mamelles dures (Faure,Hist. art,1921, p. 173).
−
Synon. de vibrant.L'instinct maternel ne progresse pas. Il naît d'un coup, complet, tout armé, tout saignant (Colette,Entrave,1913, p. 286).♦ P. métaph. Le royaume de Westphalie, formé par le tranchant du fer de lambeaux pour ainsi dire encore saignants, s'agitait en des convulsions terribles (A. France,Vie littér.,1888, p. 273).Apprenons à sortir de la passivité et à mépriser le fatalisme. Ce ne sont pas là des mots. Ce sont des réalités vivantes et saignantes (L. Daudet, Hérédo,1916, p. 127).
− Saignant de + rouge ou subst. évoquant une couleur.Taches saignantes de rouge. Le cabriolet passa devant une grille seigneuriale, toute saignante de rouille (Zola,Faute Abbé Mouret,1875, p. 1249).Ces sourcils triomphants, et, saignantes de fards Ces bouches du Vinci férocement royales (...) Ont fait de ma jeunesse une souffrance d'arts (Lorrain,Griseries,1887, p. 89).