SOLO, subst. masc.
MUSIQUE A. − 1. Composition, partie d'une composition vocale ou instrumentale interprétée par un seul exécutant. Les moines trouvent que j'ai de la voix; ils me mettent une robe blanche et une calotte rouge, et je fais ma partie dans les chœurs, quelquefois un petit solo (Musset, Lorenzaccio, 1834, II, 2, p. 134).Après que, sur un second piano, j'eus (...) tenu la partie de l'orchestre dans le cinquième concerto de Beethoven tandis que Rosita exécutait le solo! (Gide, École femmes, 1929, p. 1256).♦ Solo de. (suivi d'un n. d'instrument).Solo de batterie. Oh! le solo des clarinettes, les femmes aimées, avec l'accompagnement des harpes! (Zola, L'Œuvre, 1886, p. 366).
2. [En empl. d'adj. inv.] Soliste. Des possibilités harmoniques qui sont refusées à la voix solo (Schaeffner, Orig. instrum. mus., 1936, p. 16).L'âme dévote dialogue avec un instrument (ici, le ténor avec un violon solo), dans le plus beau style de Saxe rococo (Rolland, Beethoven, t. 2, 1937, p. 385).
3. [Dans le concerto grosso] ,,Groupe du ripieno, p. oppos. aux « tutti » de l'orchestre`` (Mus. 1976).
B. − (En) solo, loc. adj. et adv. 1. MUS. En tenant la partie de soliste. Francisello commença à jouer le violoncelle en solo [jusqu'alors il ne servait que pour l'accompagnement] Quantz, qui l'entendit à Naples, en 1725, en parle avec enthousiasme (Grillet, Ancêtres violon, t. 2, 1901, p. 152).Le chant en solo, si modelé sur la nature qu'en soit le tour, ne peut exprimer assez (Lasserre, Philos. goût mus., 1922, p. 51).− P. ext. (Spectacle en) solo. Spectacle assuré par un seul artiste. (Dict. xxes.). Synon. one man show (rem. s.v. show).
2. P. anal., ALPIN. En solitaire, sans secours ni aide extérieure. Robbins écrivit également: ,,L'escalade solo est comme un grand miroir, une façon de s'explorer soi-même`` (La Montagne et alpinisme, n o92, 1973, p. 38 ds Quem. DDL t. 27).Le plus bel exploit de cette époque est gravé dans la face nord du Cervin, où Walter Bonatti a tracé une voie nouvelle en solo et en hiver (1965) (Le Monde dimanche, 21 juin 1981, p. XV).♦ P. ell., empl. subst. fém. Tu sais que j'aime les longues traversées comme la solo à 7 000 m qui m'avait permis de relier le Noshaq au Gumbaz et qui m'a laissé des impressions très fortes de plénitude, de calme, de grande aventure (La Montagne et alpinisme, n o94-95, 1973, p. 130 ds Quem. 1981, loc. cit.).
3. Arg., adj. inv. Seul. − Mes casses, Jeannot, c'est solo que je les ai surtout faits, pasque les associés, tu comprends... Je comprends et j'enregistre son geste déçu! − C'est solo! (J. Genet, Miracle de la rose, 1947, p. 245 ds Cellard-Rey 1980).
4. TRANSP. [En parlant d'un véhicule] ,,Destiné à faire partie d'un ensemble de véhicules couplés ou articulés lorsqu'il circule sans sa remorque ou sa semi-remorque`` (Termes nouv. Sc. Techn. 1983).
Prononc. et Orth.: [sɔlo], [so-]. Att. ds Ac. dep. 1762. Plur. 1798-1835: des solo (id. ds Littré: ,,L'Académie écrit au pluriel des solo; mais des grammairiens réclament contre cette décision, et demandent qu'on écrive des solos, puisque l'Académie elle-même écrit des duos, des trios. Quelques-uns disent au pluriel des soli``); 1878: des solo mais: ,,quelques-uns écrivent au pluriel solos, et d'autres soli suivant l'orthographe italienne``; 1935: des solos mais Lar. Lang. fr., Rob. 1985: des solos, des soli. Prop. Catach-Golf. Orth. Lexicogr. 1971, p. 303: des solos. Étymol. et Hist. 1. 1740 mus. subst. plur. soli (Ch. de Brosses, Lettres familières sur l'Italie, éd. Y. Bezard, t. 2, p. 360); 1765 sing. solo (Encyclop.); 1834 id. adj. inv. (Fétis, La Musique mise à la portée de tout le monde, p. 383 ds Quem. DDL t. 25); 1877 au fig. en solo (A. Daudet, Nabab, p. 45: leur brouhaha [...] de bavardages particuliers où la voix de l'orateur se détache en solo); 2. 1755 subst. « voiture à une place » (Mercure de France, juill. ds Fonds Barbier, s.v. cul-de-singe); 3. 1883 arg. adj. seulo « seul » (d'apr. Chautard Vie étrange Argot, p. 669); 1947 solo (J. Genet, loc. cit.). Mot ital. signifiant « seul » (dep. xiiies. d'apr. DEI), également terme de mus. dep. déb. xvies. (ds Tomm.-Bell.), du lat. solus (seul*). La forme seulo (3) a subi l'infl. de seul*. Fréq. abs. littér.: 68. Bbg. Hope 1971, p. 365.