TACTICIEN, -IENNE, subst.
Celui/celle qui a l'art de la tactique, qui emploie la tactique. A. − ARM. [Corresp. à tactique1A] Pour comprendre ce que c'était que la valeur militaire, je demandais des comparaisons entre les généraux dont je savais les noms, lequel avait le plus une nature de chef, des dons de tacticien (Proust, Guermantes 2, 1921, p. 117).Si le tacticien constate que la séparation militaire de nos deux forces, au printemps de 1940, vint de ce que la mécanique ennemie força la ligne Maginot entre Mézières et Sedan, le philosophe sait bien qu'au fond c'est entre deux politiques désunies qu'est passée l'agression allemande (De Gaulle, Mém. guerre, 1954, p. 566).
B. − P. anal. [Corresp. à tactique1B] M. de Villèle, (...) plein de ressources et d'habileté sur le terrain positif de la discussion et dans le pied-à-pied des débats, M. de Villèle, vers la fin de la session, fit ses preuves de tacticien parlementaire consommé (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. 5, 1863, p. 256).Le curé n'avait d'ailleurs point de haine à l'endroit d'Honoré (...), mais il était avant tout un tacticien des âmes. Il savait que les âmes de Claquebue, au lieu de se pousser sur le chemin du paradis, se mouvaient plus volontiers à ras de terre où elles risquaient à chaque instant de rester coincées (Aymé, Jument, 1933, p. 66).
Prononc. et Orth.: [taktisjε
̃], [-jε
̃n]. Ac. dep. 1835: tacticien. Étymol. et Hist. 1. 1757 arm. (J.-J. de Beaux de Beausobre, Commentaires sur la défense des places d'Aeneas le Tacticien, le plus ancien des auteurs militaires, Amsterdam et Paris ds Quem. DDL t. 26); 2. 1832 p. anal. (Stendhal, Souv. égotisme, p. 128). Dér. sav. de tactique1*; suff. -ien*. Fréq. abs. littér.: 41. Bbg. Gohin 1903, p. 276. − Quem. DDL t. 7, 26.