b) Être troublé par une émotion très vive (l'enthousiasme, la peur, etc.) qui peut se manifester par un phénomène physique (tremblement du corps, de la voix). Esclave à plaindre ou tyran à mépriser, la femme vibre à tout, ne raisonne à rien, inconsciente dans la sublimité et dans la boue, elle reste éternellement réfractaire à l'idée (Péladan, Vice supr., 1884, p. 201).♦ Vibrer à/de.J'étais dans cet état de lassitude, où les nerfs sensibilisés vibrent aux moindres excitations (Villiers de L'I.-A., Contes cruels, 1883, p. 290).Elle vint embrasser Omer vibrant de haine (Adam, Enf. Aust., 1902, p. 143).
− [Le suj. désigne un coll.] L'assemblée vibre; les spectateurs vibrent. La salle vibra davantage avec Proudhon, sans doute parce que lui aussi avait été exilé à Bruxelles (L. Daudet, Brév. journ., 1936, p. 46).
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[Le suj. désigne un inanimé abstr.] L'âme, l'esprit vibre. Quand tant de femmes ne trouveront jamais l'homme qui leur fera vibrer le cœur, ou aimeront Dieu sait qui (Montherl., J. filles, 1936, p. 950).♦ Faire vibrer la corde (sensible, etc.). Émouvoir, toucher le point sensible, névralgique. Mais ces termes, en frappant l'oreille ou la vue, font vibrer encore quelque ancienne corde sensible, et le philosophe redevient enfant (Maine de Biran, Influence habit., 1803, p. 142).Une circonstance, légère en apparence, vint faire vibrer cette corde cachée au fond de mon âme, et commença pour moi une existence nouvelle (Duras, Édouard, 1825, p. 110).
− [Le suj. désigne un sentiment, une impression] Un Anglais cria un « Aoh » vibrant de joie, de curiosité satisfaite et d'impatience heureuse (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Duel, 1883, p. 230).Mais elle, suivant sa pensée, s'écrie de sa voix chaude et sourde, où vibre tout à coup une angoisse passionnée: − Oh! mon chéri. Comme je serais heureuse, vois-tu... un enfant de toi? (Martin du G., Devenir, 1909, p. 117).