a) [Sur la vue] Synon. amorti, nuancé.Teint velouté; noir, vert velouté. Un visage d'un ovale à rendre fou Raphaël, un teint d'un coloris délicieux, des teintes bien fondues, veloutées (Balzac, Début vie, 1842, p. 370).La lumière veloutée du soir (...) ajoutait sa magie. Des rayons de pourpre et d'or flottaient sous les châtaigniers (...). Le ciel était voluptueux et doux (Rolland, J.-Chr., Adolesc., 1905, p. 268).− Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. Le portrait de Jeanne Samary est d'une souplesse, d'un velouté, d'une féminité chatoyante et attendrie que Manet n'eut point (Mauclair, Maîtres impressionn., 1923, p. 141).V. nacré ex. de Huysmans.
− BIJOUT. Pierre, saphir, etc. velouté(e). Gemme d'une teinte riche. Escarboucle. − Grenat rouge velouté; joaillerie (A. Pérès, Pierres et roches, 1896, p. 42).
b) [Sur le toucher] Synon. satiné; anton. âpre, dur, grossier, raboteux, rêche, rude, rugueux.Air, fruit velouté. Belles pêches veloutées, délicates et fondantes (Theuriet, Mais. deux barbeaux, 1879, p. 68).V.
chatouilleux ex. 3.
− Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. Le velouté d'un fruit, de la peau, d'une pêche. La nuit prenait un velouté d'épaule. Il y avait une langueur absurde au fond de l'air (Aragon, Beaux quart., 1936, p. 442).
c) [Sur l'ouïe] Synon. adouci, assourdi, mélodieux; anton. bruyant, déchirant, perçant, rauque.Voix veloutée; sons veloutés; notes veloutées. Un frou-frou de soie derrière elle (...) la fit tressaillir: sa belle-mère arrivée à pas veloutés de vieille chatte! (Loti, Désench., 1906, p. 89).V.
caressant ex. 5,
magie ex. 3.
− Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. L'air très pur nous apportait la moindre vibration, en y ajoutant ce velouté, ce moelleux indéfinissable, que donne seule une distance consonnante (Fabre, J. Savignac, 1863, p. 195).
d) [Sur le goût] Synon. lié, onctueux; anton. acide1, âcre, amer.Crème veloutée. Vous y amalgamez un verre plein de bonne huile d'Aix et le quart de vinaigre à l'estragon; ce qui doit vous donner un beurre velouté, moelleux et d'un goût exquis (Gdes heures cuis. fr.,Carême,1833, p. 132).V.
chocolat ex. 2.
− Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. On leur donnera [aux purées] un velouté très-agréable en y ajoutant, avant de les passer, de la mie de pain blanc léger (Audot, Cuisin. campagne et ville, 1896, p. 175).
− Potage velouté, ou absol., velouté, subst. masc. Potage lié avec des jaunes d'œufs, de la crème. Velouté d'asperges, de champignons, de tomates, de volaille. Les potages sans purée, dans la liaison desquels entrent de la crème et des jaunes d'œufs; je les désignerai sous le nom de potages veloutés (Ali-Bab, Gastr. prat., 1907, p. 100).Velouté de poisson. Préparer les poissons (...). Préparer la garniture (...). Chauffer le potage, faire avec les 2 jaunes d'œuf une liaison (G. Mathiot, Je sais cuisiner, Paris, Albin Michel, 1986, p. 157).
− Sauce veloutée ou, absol., velouté, subst. masc. Sauce blanche élaborée à partir d'un roux mêlé à du bouillon de volaille, de veau, etc., et qui est utilisé pour diverses préparations composées. Velouté gras, maigre. Choux-fleurs à la sauce veloutée (Baudel., Nouv. Hist. extr., 1857, p. 269).Mouiller de quatre décilitres de fond de cuisson de la volaille un roux blanc que l'on aura fait avec une cuillerée de beurre et une cuillerée de farine. Ajouter à cette sauce, qui est un velouté, une poignée de pelures de champignons (Gdes heures cuis. fr.,P. Montagné,1948, p. 190).
−
Vin, etc. velouté. ,,Vin (...) à la fois moelleux, soyeux et fin. Rien, dans l'impression qu'il laisse, ne heurte le palais. La saveur sucrée persiste`` (Ren. Vin 1962). Le pique-poult [raisin blanc médiocre] (...) nous donna cette incomparable liqueur, l'armagnac. Il la faisait chaude et fine, veloutée, sucrée, charnue (Pesquidoux, Livre raison, 1925, p. 32).Une symphonie de jus de vigne tous des plus prestigieux: vinos blancos (...), secs comme le chablis ou veloutés comme le rancio (T'Serstevens, Itinér. esp., 1933, p. 48).♦ Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. L'éprouvette me donne bien la force et le degré de l'alcool; mais pour le fini, le velouté, je ne me fie guère qu'à ma langue (A. Daudet, Lettres moulin, 1869, p. 226).