1. a) [En parlant d'une pers.] Qui aime, recherche et/ou tend à susciter la volupté dans le domaine amoureux, sexuel. Je me disais: « Il doit être brutal... un peu vulgaire dans ses caresses (...) et son corps musclé doit sentir le velours à dix-neuf sous! » (...) Et puis, pas du tout... tu as été plus voluptueux que brutal... beaucoup plus délicat que vulgaire... tes dessous étaient soignés et ton corps sentait bon (Guitry, Veilleur, 1911, II, p. 10).Elle avait peur de lui et elle l'adorait. Toute la nuit, pressés éperdument l'un contre l'autre, l'amant sanguinaire et la voluptueuse fille se donnaient en silence des baisers furieux (A. France, Dieux ont soif, 1912, p. 175).− Empl. subst. Personne qui s'adonne aux plaisirs amoureux charnels. Synon. amoureux, libertin.Renfermez deux hommes dans une chambre, ils causeront de femmes (...); il n'y a que les cagots et les grands voluptueux qui se taisent (Flaub., 1reÉduc. sent., 1845, p. 50).Antinéa est entre mes bras. Ce n'est plus l'altière, la méprisante voluptueuse que je presse sur mon cœur. Ce n'est plus qu'une petite fille malheureuse et bafouée (Benoit, Atlant., 1919, p. 262).
b) [En parlant d'un mode de sentir (et de penser)] Qui est caractéristique de cette forme de volupté ou qui s'y rattache. Désir, rêves, souvenirs voluptueux; pensée voluptueuse; idées, images voluptueuses. Il prolongea cette attente voluptueuse, retardant le plaisir qu'il sentait là, tout proche (...). Puis le besoin d'enfoncer son visage dans ces cheveux, d'attirer contre sa poitrine ce dos élastique et tiède (...), devint si impérieux, que son sourire se figea (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 200).La puissance de l'ardeur voluptueuse renaissante sans cesse et non assouvie agit à l'égal d'une lésion, source intarissable de douleur (Valéry, Variété V, 1944, p. 186).V. baiser1ex. 10.
2. Qui exprime ou inspire cette forme de volupté. Synon. aphrodisiaque, excitant, luxurieux ; anton. austère, chaste, continent, froid, pur.a) [En parlant du physique d'une pers.] Corps voluptueux. Le corps d'une femme dans l'état de jeunesse et de santé: ces formes arrondies et voluptueuses (...), ces joues teintes des roses de la volupté, ces yeux brillans de l'étincelle de l'amour ou du feu du génie (Cuvier, Anat. comp., t. 1, 1805, p. 2).Tu souris, semblant me dire: « Osez! Mes seins voluptueux sont friands de vos lèvres Et de larmes d'amour veulent être arrosés » (Rollinat, Névroses, 1883, p. 95).
b) [En parlant de l'expr., de la manière d'être d'une pers.] Regard, rire, visage voluptueux; abandon, balancement, charme, frémissement voluptueux; bouche voluptueuse; étreinte, grâce, langueur, vie voluptueuse. Il vit ses yeux obscurs, où s'allumait une lueur de sauvagerie, sa grande bouche passionnée aux lèvres bien ourlées, le sourire voluptueux, un peu lourd et cruel (Rolland, J.-Chr., Buisson ard., 1911, p. 1357).Il n'avait pas eu (...) un seul élan voluptueux, un de ces vindicatifs baisers qui étaient notre seul langage (Colette, Entrave, 1913, p. 300).V.
amour ex. 174.
− Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. Nul n'a peint comme lui [A. de Saint-Aubin] la femme du XVIIIesiècle dans le voluptueux de sa grâce. Nul ne l'a saisie comme lui dans sa séduction sensuelle et dans son charme tendre, et dans sa coquette spiritualité (Goncourt, Art XVIIIes., 1880, p. 383).
c) [En parlant de vêtements, du cadre de vie, etc.] Lit, parfum voluptueux; odeur, toilette voluptueuse. Je fuyais cette couche voluptueuse et misérable, ce sanctuaire de l'amour qui fut le cercueil où s'ensevelirent toutes mes illusions (Sand, Lélia, 1833, p. 175).Ces actrices aux yeux lascifs (...), à gorges étincelantes, vêtues de basquines voluptueuses à plis licencieux, à jupes courtes, montrant leurs jambes (...) chaussées de manière à mettre un parterre en émoi (Balzac, Illus. perdues, 1839, p. 331).V. neige ex. 2.
d) [En parlant d'une forme d'expr. artist., verbale] Poème voluptueux; danse, musique, peinture voluptueuse. Les cantiques voluptueux de Salomon, les pastorales lascives de Longus, la philosophie érotique d'Anacréon me semblaient parfois plus religieuses dans leur sublime nudité que les soupirs mystiques et les fanatiques hystéries de sainte Thérèse (Sand, Lélia, 1833, p. 194).Toutes les forces de la vie bouillonnent dans ce magnifique tableau, un des plus voluptueux qu'ait produits le génie voluptueux de la Renaissance (Barb. d'Aurev., Memor. 3, 1856, p. 69).− [P. méton. du subst.] Il est inexplicable qu'un tel coloriste [Renoir] n'ait pas rencontré le succès foudroyant, étant voluptueux, clair, heureux, souple et savant sans lourdeur (Mauclair, Maîtres impressionn., 1923, p. 142).
3. P. anal. a) [En parlant d'un animal, (d'un aspect) de la nature] Des bruits étranges s'élevaient (...), des bruits de feuilles qui s'égouttaient, de gazons qui buvaient l'eau tombée. C'était un frisson universel, ce frisson voluptueux des champs dont un orage a abattu la poussière (Zola, M. Férat, 1868, p. 19).Il va, impérieux et prompt, tout droit parmi ses poules. C'est un tyran: mais voluptueux et tendre (...). S'il est sensuel, il l'est également et ne fait point de jalouses (...), il possède ses poules pour le plaisir (Pesquidoux, Chez nous, 1921, p. 246).
b) [En parlant d'une période de temps] Ces jeunes feuilles, ces doux gazons, tout ce voluptueux printemps tout plein de vie et d'amour (Michelet, Journal, 1821, p. 144).