1. Renouveler l'air d'un espace clos en y faisant entrer l'air du dehors, ventiler. Aérer une pièce, une chambre : 1. Les dispositions de la façade de [la] basilique [de Sainte-Agnès, à Rome], sont fort simples : un fronton indique l'inclinaison du toit supérieur, qui est aéré par un oculus ouvert au milieu du tympan.
A. Lenoir, Architecture monastique,t. 1, 1856, p. 115.
2. C'était une grande salle dont on n'ouvrait les croisées que rarement, et seulement pour l'aérer. Le jour du dehors courait en filets minces le long des fentes des contrevents.
P. Reider, Mademoiselle Vallantin,1862, p. 111.
3. ... J'ai passé cette fin de journée à m'aigrir
Par le spectacle vain et la psychologie
Douloureuse des fleurs pâles qui vont mourir.
Triste vase : hôpital, froide alcôve de verre
Qu'un peu de vent, par la fenêtre ouverte, aère
Mais qui les fait mourir plus vite, en spasmes doux,
Les pauvres fleurs, dans l'eau vaine, qui sont phtisiques,
Répandant, comme en de brusques accès de toux,
Leurs corolles sur les tapis mélancoliques.
G. Rodenbach, Le Règne du silence,1891, p. 10.
4. Selon leur âge, il distribue leur besogne aux nourrices qui soignent les larves et les nymphes, aux dames d'honneur qui pourvoient à l'entretien de la reine et ne la perdent pas de vue, aux ventileuses qui du battement de leurs ailes aèrent, rafraîchissent ou réchauffent la ruche, et hâtent l'évaporation du miel trop chargé d'eau, aux architectes, aux maçons, aux cirières, ...
M. Maeterlinck, La Vie des abeilles,1901, p. 29.
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P. anal. : 5. C'était l'heure de la sieste. La ville dormait, déserte et silencieuse, bercée par le mistral, soufflant en grands coups d'éventails, aérant, vivifiant l'été chaud de Provence, ...
A. Daudet, Numa Roumestan,1881, p. 67.
6. Démétrios allongea la jambe droite afin d'abaisser son genou qui se fatiguait un peu. Puis il fit lever la jeune femme, se leva lui-même, secoua son vêtement pour aérer les plis, et dit doucement : « Non... adieu. »
P. Louys, Aphrodite,1896, p. 199.
7. Au reste celui qui veut faire l'insouciant sait bien hausser les épaules, ce qui, à bien regarder, aère les poumons et calme le cœur, dans tous les sens du mot.
Alain, Propos,1923, p. 530.
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Emploi abs. : 8. Les fenêtres, chose incroyable, s'ouvraient, et l'air de la révolution recevait le droit d'aérer.
J. Giraudoux, Siegfried et le Limousin,1922, p. 241.
9. Chez lui, où il a construit une sorte d'entrepôt, tout cela s'empile tas par tas ou pend accroché aux poutrelles, attendant l'écoulement, et lorsque, la porte ouverte pour aérer, le soleil pénètre dans la pièce, on voit ces choses mortes ou fanées se ranimer : fourrure qui chatoie ou tissu qui rayonne comme aux flancs de la femme ou de la bête, cristaux de tartre étincelants sous le rayon, comme des pierreries.
J. de Pesquidoux, Chez nous,t. 2, 1923, p. 220.
2. Ouvrir, exposer à l'air. Aérer un lit : 10. C'était l'heure attendue, l'heure du pansement, qui seule amenait un peu de calme, aérait les lits, délassait les corps raidis à la longue dans la même position.
É. Zola, La Débâcle,1892, p. 501.
11. Ils ne mettent que du gros linge rude. Ça les gratte comme du papier de verre, et la saleté ne peut pas rester noire. Ils couchent quarante ans sur la même « couette » sans en changer, sans même en aérer la plume.
J. Renard, Journal,1903, p. 855.
12. ... commencé en mars pour enfouir et tuer l'herbe, et le mettre en contact avec les agents atmosphériques; refait en juillet, ouvert aux effluves de l'astre pour emmagasiner de la flamme; achevé en septembre-octobre où les fumures sont mêlées à l'arène pulvérisée, au milieu de l'activité inouïe des infiniments petits, ainsi qu'on plie, replie, aère et garnit une couche humaine; il s'y est peu à peu désagrégé, incorporé, il y a préludé aux transformations merveilleuses qui le convertissent de mois en mois en fruit de vie...
J. de Pesquidoux, Le Livre de raison,t. 2, 1928, p. 249.
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P. anal. [En parlant d'un être vivant] ,,Faire prendre l'air, promener. Aérer un convalescent.`` (Ac. t. 1 1932) : 13. Ainsi le paysan, l'été, abrite son cheval de la piqûre irritante des mouches, en lui voilant la face d'un frais et mouvant feuillage. Lorsqu'il revient du travail, s'il est en sueur, son maître, au lieu de l'enfermer aussitôt, doucement le promène pour l'aérer, le bien sécher.
J. Michelet, Sur les chemins de l'Europe,1874, pp. 250-251.
Rem. paradigm. et syntagm. a) Comme il s'agit le plus souvent de renouveler l'air vicié d'un endroit clos, aérer est associé au verbe ouvrir (ex. 2, 8), et davantage encore au part. ouvert, qualificatif des subst. indiquant les moyens de aérer : oculus ouvert (ex. 1), fenêtre ouverte (ex. 3), porte ouverte (ex. 9). b) L'obj., habituellement exprimé, désigne le lieu fermé dont on change l'air : salle (ex. 2), ruche (ex. 4), ou la literie, couramment exposée à l'air : lits (ex. 10), couche (ex. 12), plume [de la « couette »] (ex. 11). Le suj., gén. un animé, peut aussi être un inanimé qui est alors, le plus souvent, source d'un mouvement d'air : mistral (ex. 5), vent (ex. 3), air de la révolution (ex. 8). Il se rencontre volontiers en assoc. avec des verbes explicitant les sensations bénéfiques de son action : aérer/vivifier (ex. 5), aérer/ délasser (ex. 10), aérer/rafraîchir ou réchauffer (ex. 4), aérer/calmer (ex. 7).
3. Emplois techn. a) CHIM. Faire absorber de l'air à une substance : 14. Les eaux ferrugineuses peuvent être beaucoup améliorées en les aérant fortement par passage sur des lits de gros graviers.
Boullanger, Malterie, brasserie,1934, p. 32.
b) HORTIC. Changer l'air (des serres), exposer à l'air (la terre ou les plantes), espacer (les plantes) : 15. Aérer. C'est ainsi qu'on désigne toute opération qui a pour résultat de faire arriver l'air extérieur là où on juge sa présence nécessaire. Aérer une serre, des chassis, etc., c'est y établir un courant d'air.
E.-A. Carrière, Encyclopédie horticole,1862, p. 9.
16. ... [il] respecta les fleurs, laissa se nouer les fruits, en choisit un sur chaque bras, supprima les autres, et, dès qu'ils eurent la grosseur d'une noix, il glissa sous leur écorce une planchette pour les empêcher de pourrir au contact du crottin. Il les bassinait, les aérait, enlevait avec son mouchoir la brume des cloches, − et, si des nuages paraissaient, il apportait vivement des paillassons.
G. Flaubert, Bouvard et Pécuchet,t. 1, 1880, p. 32.
17. On laboure la vigne en rejetant la terre au milieu du sillon, on la déchausse pied par pied. On aère ainsi la souche, on détruit son système radiculaire à fleur de sol, on la force à chercher en dessous, dans la masse remuée par la charrue défonceuse et plus outre, les couches vierges où tout est substance.
J. de Pesquidoux, Chez nous,t. 1, 1921, p. 110.
c) MAR. Faire circuler l'air dans les parties intérieures d'un bâtiment : 18. Je redoublai de soins pour conserver la santé des équipages pendant cette crise, produite par un passage trop subit du froid au chaud et à l'humide; je fis distribuer, chaque jour, du café au déjeûner; j'ordonnai de sécher et aérer le dessous des ponts; ...
Voyage de La Pérouse autour du monde,t. 3, 1797, p. 173.
19. Les caillebottis et les panneaux avaient été enlevés, afin d'aérer et de sanifier la cale, ...
E. Sue, Atar Gull,1831, p. 6.
20. Sur les navires, on emploie pour aérer les entreponts, des appareils connus sous le nom de manches à vent, ...
L. Ser, Traité de physique industrielle,t. 2, 1890, p. 683.
Rem. ,,On utilise le mot ventiler, de préférence à aérer, quand l'air frais est envoyé avec force dans les locaux à aérer; on emploie aérer pour les couchages, pour tout ce qu'on monte sur le pont pour être mis à l'air, sans utilisation de moyens mécaniques.`` (Le Clère 1960).