1. Choisir de propos délibéré quelque chose pour le faire sien, s'y rallier, y conformer sa vie : 8. Elle avait commencé, un beau jour, à le trouver bête et ridicule, parce que les amis qu'elle avait parmi de jeunes auteurs et acteurs lui avaient assuré qu'il l'était, et elle répétait à son tour ce qu'ils avaient dit, avec cette passion, cette absence de réserves qu'on montre chaque fois qu'on reçoit du dehors et qu'on adopte des opinions ou des usages qu'on ignorait entièrement.
M. Proust, À la recherche du temps perdu,À l'ombre des jeunes filles en fleurs, 1918, p. 782.
9. Le sentiment pieux, pour s'exprimer, invente le geste, ou l'adopte, puis, de dessous le geste, s'esquive, et bientôt le geste en tient lieu; ...
A. Gide, Journal,1940, p. 39.
10. ... ce que je regarde reste devant moi; ce que j'adopte pénètre chez moi; le vouloir et la valeur sont confondus et unis.
P. Ricœur, Philosophie de la volonté,1949, p. 77.
11. ... consentir c'est moins constater la nécessité que l'adopter; c'est dire oui à ce qui est déjà déterminé; c'est convertir en soi l'hostilité de la nature, en liberté la nécessité.
P. Ricœur, Philosophie de la volonté,1949p. 324.
Rem. Syntagmes usuels 1. [l'obj. est une chose qui représente une valeur] a) Chose concr. : adopter un insigne, la croix de Lorraine, une devise, une maxime. Adopter des techniques, les thérapeutiques nouvelles. b) Chose abstr. : adopter une conception, un critère, un critérium, une hypothèse, un plan, un plan général, un plan d'action, un postulat, un principe, une théorie, une règle, une ligne de conduite, un point de vue. Adopter un humanisme, une philosophie, une politique. Adopter des dispositions, des doctrines, les rites d'une conférie, d'une religion. Spéc., LING. LITT. : adopter le mot, le sens d'un mot, le vocabulaire, une terminologie, une orthographe, un langage, un tour de langage, des tours de phrase, des caractères stylistiques, le style de qqn, le rythme d'une phrase, un texte, une version (d'un texte). 2. [L'obj. est une attitude extérieure ou intérieure] : Adopter un air digne, une attitude, un comportement, un maintien, un ton, une pose, un genre, une mode, une coiffure. Adopter deux personnalités.
2. En partic. [En parlant d'une assemblée délibérante] Donner par un vote un caractère officiel et définitif à l'objet de la délibération : 12. ... vous pourrez croire que vous ferez un grand acte de justice et même de générosité, si, écartant l'idée de ces négociations absurdes et sans objet, vous vous contentez d'adopter le projet de décret que j'ai l'honneur de vous proposer : « L'Assemblée nationale déclare que la ville d'Avignon et son territoire font partie de l'Empire françois, ordonne que tous ses décrets y seront aussitôt envoyés pour y être exécutés comme dans le reste de la France. »
M. de Robespierre, Discours,Sur la pétition du peuple avignonois, t. 6, 1793, pp. 596-597.
13. Toutefois, la crainte de heurter les Anglo-saxons, qui était pour les « politiques » une seconde nature, détourna l'Assemblée d'adopter sur ce point la motion catégorique que j'aurais souhaitée.
Ch. de Gaulle, Mémoires de guerre,L'Unité, 1956, p. 155.
Rem. 1. Syntagmes fréq. : adopter une convention, une ordonnance, un programme, un projet, une résolution. Adopter des amendements, des conclusions, des décisions. Proposition, conclusion adoptée à l'unanimité. 2. Même dans son sens affaibli, le verbe conserve l'idée d'un choix destiné à durer au moins un certain temps et à jouer un rôle, même minime, dans la vie des personnes affectées par lui.