a) [L'attachement est de nature princ. affective, mais distinct des affections familiales et de la passion amoureuse. Subst. corresp. amitié] Un vieil ami, une amie de pension; un ami de la famille, chambre d'amis : 1. ... la conduite de Gustave acheva de le rendre l'idole des soldats. Il partageait avec eux toutes les fatigues, tous les dangers, toutes les intempéries des saisons. Il était leur compagnon, leur ami, leur confident, leur père : ...
B. Constant, Wallstein,1809, p. 207.
2. La maxime : Vis avec ton ami comme s'il devait être un jour ton ennemi, quoique fondée sur une politique injurieuse à l'amitié, est juste au fond, par la maxime inverse est vraie : Vis avec ton ennemi comme s'il devait un jour être ton ami. À la vérité on lui en oppose une tout à fait contraire : Méfie-toi d'un ennemi réconcilié; car on a fait en morale autant d'axiomes qu'on a voulu.
J.-H. Bernardin de Saint-Pierre, Harmonies de la nature,1814, p. 314.
3. Pythagore a dit le premier : Mon ami est un autre moi-même. N'est-ce pas dire : Aime ton prochain comme toi-même.
A. de Vigny, Le Journal d'un poète,1835, p. 1037.
4. C'était la vieille camarade de MmeÉmilie, son amie de dortoir, sa confidente intime; elles se voyaient presque tous les jours, restaient longtemps ensemble, et se reconduisaient régulièrement jusqu'à la porte de la rue, où la conversation se prolongeait bien encore un bon quart d'heure.
G. Flaubert, La Première éducation sentimentale,1845, p. 37.
5. Elle ne t'est rien qu'une amie fort tendre, tu n'es rien non plus pour elle qu'un excellent camarade qu'elle serait désespérée de perdre comme ami, impardonnable de prendre pour amant. Ce qui vous unit n'est donc qu'un lien, charmant s'il n'est qu'un lien, horrible s'il devenait une chaîne. Tu lui es nécessaire dans la mesure où l'amitié compte et pèse dans la vie; ...
E. Fromentin, Dominique,1863, p. 143.
6. Miss Flora Ashburton, qui n'avait plus de famille, avait été d'abord l'institutrice de ma mère, puis sa compagne et bientôt son amie.
A. Gide, La Porte étroite,1909, p. 495.
7. − Voici qui aurait fait plaisir à mon père, dit-il à François. Il me reprochait mes amis, il répétait : « De mon temps, on n'avait pas d'amis, on n'avait que des parents. » Ce n'est qu'aujourd'hui qu'il vous eût agréé, ajouta-t-il en riant.
R. Radiguet, Le Bal du comte d'Orgel,1923, p. 102.
8. Mais quelle chose bonne c'est de parler à un ami comme on se parle à soi-même, de lui tout dire et d'en attendre tout! Car on retrouve alors cette amitié hors de laquelle on ne respire pas.
H. Pourrat, Gaspard des montagnes,Le Pavillon des amourettes, 1930, p. 201.
9. Nul ne connaît la solitude véritable, s'il n'a entendu un jour le médecin prononcer certaines paroles. Il n'est pas nécessaire que ce soit les paroles qui condamnent : une simple menace suffit. Et la créature la plus entourée, la plus aimée, entre dans le royaume de l'angoisse, où personne au monde ne peut la suivre. Même les êtres aimés, les amis de cœur, s'éloignent, prennent de la distance : ils font partie d'un autre monde − celui où le malade entend, distincts, éclatants, indifférents, inutiles, les bruits de la ville : sonnerie de tram, trompe d'autos, grincements de frein; assiettes remuées dans la salle à manger.
F. Mauriac, Journal 2,1937, p. 185.
10. − J'avais un ami. C'était mon frère. Nous avions étudié de compagnie. Nous habitions la même chambre à Stuttgart. Nous avions passé trois mois ensemble à Nuremberg. Nous ne faisions rien l'un sans l'autre : je jouais devant lui ma musique; il me lisait ses poèmes. Il était sensible et romantique. Mais il me quitta. Il alla lire ses poèmes à Munich, devant de nouveau compagnons.
Vercors, Le Silence de la mer,1942, p. 73.
11. − On ne connaît que les choses que l'on apprivoise, dit le renard. Les hommes n'ont plus le temps de rien connaître. Ils achètent des choses toutes faites chez les marchands. Mais comme il n'existe point de marchands d'amis, les hommes n'ont plus d'amis. Si tu veux un ami, apprivoise-moi!
A. de Saint-Exupéry, Le Petit Prince,1943, p. 471.
12. On lui reproche d'être oublieux, versatile, ingrat; de brusquement cesser de voir ceux qu'il a, quelque temps, pris plaisir ou profit à fréquenter. Soyons justes : ce n'est pas par caprice qu'il est inconstant, ni par satiété ou négligence qu'il écarte certaines relations d'hier. Pas d'ami plus attentif, plus patient, plus dévoué, plus fidèle! Alors? Eh bien, il fait seulement ce que nous devrions tous faire, de temps à autre : Il révise ses traités d'alliance...
R. Martin du Gard, Notes sur André Gide,1951, p. 1414.
−
Proverbe. Les bons comptes font les bons amis : 13. Entre nous, tenez, autant régler maintenant nos petites affaires, les bons comptes font les bons amis. Une supposition que j'aurais écouté M. de la Follette, je n'aurais jamais loué à un fonctionnaire, surtout curé.
G. Bernanos, L'Imposture,1927, p. 486.
−
Plus rare. [La pers. aimée est un membre de la famille naturelle] :
14. M. Rousseau, qui ne l'était pas si fort des siens, veut que nous soyons les amis de nos enfants. Au bout du compte, je crains que l'amitié ne fasse regretter un jour l'indulgence et la courtoisie car, en somme, c'est plutôt nous qu'elle avantage. Il est moins difficile d'être ami que d'être père...
G. Bernanos, Dialogues des Carmélites,1948, 1ertabl., 4, p. 1576.
15. Je n'eus aucun mal à l'aimer, et tendrement, car il était bon, généreux, gai, et plein d'affection pour moi. Je n'imagine pas de meilleur ami ni de plus distrayant. À ce début d'été, il poussa même la gentillesse jusqu'à me demander si la compagnie d'Elsa, sa maîtresse actuelle, ne m'ennuierait pas pendant les vacances.
F. Sagan, Bonjour tristesse,1954, p. 14.
−
Except. [La pers. aimée et la pers. qui aime correspondent au même individu se considérant dans un dédoublement de sa personnalité. Syntagme corresp. l'amour de soi] :
16. Mais, lui demanda l'Anglais, comment faisiez-vous pour vivre, étant repoussé de tout le monde? − D'abord, dit l'Indien, je me dis : Si tout le monde est ton ennemi, sois à toi-même ton ami. Ton malheur n'est pas au-dessus des forces d'un homme.
J.-H. Bernardin de Saint-Pierre, La Chaumière indienne,1791, p. 113.
17. Je ne suis plus bon à rien, et bientôt je ne serai plus rien : tout me l'annonce. Triste vérité, qui afflige mes amis et mes parens même, car je n'ai pas de fortune, mais, qui n'afflige personne autant que moi, car, à parler franc, je me crois encore le meilleur de mes amis, quelque tendresse qu'on puisse me porter. De l'intérêt que je prends à moi-même résulte pour moi plus d'une inquiétude en cette circonstance.
V. de Jouy, L'Hermite de la Chaussée d'Antin,t. 5, 1814, p. 285.
−
Emploi abs. C'est un(e) ami(e). C'est une personne qui a toute notre confiance : 18. panisse. − C'est facile à dire, voyons. Je vous le dis à vous, parce que j'ai envie de le dire à quelqu'un et que vous êtes un ami! Ma résolution est prise ...
m. brun. − Allons, soyez viril ... Réfléchissez ...
panisse. − C'est tout réfléchi. Je ne suis pas capable de supporter ce calvaire.
M. Pagnol, Marius,1931, I, 1, p. 40.
19. Ami. Homme dévoué sur lequel on peut compter. Ex. : Tu peux y aller = c'est un ami.
Ch.-L. Carabelli, [Langue de la pègre], début du xxes.
−
Constr. partitive. Un(e) de mes ami(e)s : 20. Je revins à cette époque à Paris reprendre mon service militaire dans la garde du roi. C'est alors que je me retrouvai avec un de mes amis d'enfance qui était aussi entré dans les gardes du corps. Il s'appelait le comte Aymon de Virieu. On l'a déjà entrevu en Italie avec moi. Il fut le premier et le meilleur de mes amis, ou plutôt ce nom banal d'amitié rend imparfaitement la nature du sentiment qui nous lia dès l'enfance. C'était quelque chose comme les liens du sang ou comme la parenté de l'âme. Je fus son frère et il fut le mien. En le perdant, j'ai perdu la moitié de ma propre vie. Ma pensée ne retentissait pas moins en lui qu'en moi-même.
A. de Lamartine, Les Confidences,1849, p. 310.
♦
Arch. Un mien ami : 21. ... la propriété avait dû s'étendre jusqu'au delà du ruisseau, ou au moins jusqu'au ruisseau même. Aristide s'amusait à y jeter de temps en temps un sien ami, nommé Perrin, qui était sa victime dans l'espérance de le faire rosser par le voisin comme violateur de son bien.
L.-É.-E. Duranty, Le Malheur d'Henriette Gérard,1860, p. 45.
♦
Fam. Un(e) ami(e) à moi : 22. − Mais, reprit Mariette, M. le comte a pensé que Mademoiselle reverrait avec plaisir une ancienne amie.
− Une amie à moi? s'exclama Jeanne avec surprise.
− Une amie de Mademoiselle, insista Mariette.
P.-A. Ponson du Terrail, Rocambole,t. 1, L'Héritage mystérieux, 1859, p. 610.
23. ... « Le docteur, ton ami, il est gentil n'est-ce pas? » Elle revenait à la charge, comme si je lui étais resté sur l'estomac. « Il est gentil! ... Je ne veux rien dire contre lui, puisque c'est un ami à toi ... Mais c'est un homme qu'on dirait brutal tout de même avec les femmes... Je veux pas en dire du mal puisque je crois c'est vrai qu'il t'aime bien... »
L.-F. Céline, Voyage au bout de la nuit,1932, p. 503.
−
[Sans idée partitive] :
24. − C'est un vieil ami à moi, dit Mounnezergues, un des rares, le seul. Je l'ai connu alors qu'il bonimentait à l'anatomic'hall que mon père fournissait en figures de cire. Il avait à peine dix-huit ans et il avait déjà un bagout du tonnerre de dieu pour exhiber ses saloperies.
R. Queneau, Pierrot mon ami,1942, p. 142.
Rem. 1. [Syntagmes fréq.]
a) Adj. + ami. Admirable, ancien, bienfaisant, charitable, charmant, doux, excellent, faux, fidèle, grand, illustre, inoubliable, malheureux, meilleur, nouvel, petit, seul, suprême ami.
− Ami + adj. Ami ardent, cher, commun, complaisant, délaissé, discret, disparu, divin, excellent, fidèle, généreux, inconnu, indulgent, intime, parfait, particulier, personnel, regretté, sincère, sûr, total; ex-ami, ancien ami :
25. L'homme que je suis avec mon frère Ferdinand, (...), ne ressemble en rien à celui que je suis avec ma femme. Et ce Laurent Pasquier est parfaitement étranger à celui que connaît mon ex-ami Victor Legrand.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, Le Notaire du Havre, 1933, p. 25.
b) Ami de + subst. ou adv.
− [Expr. de l'orig. temp. de l'amitié]
. [Le subst. sans art. désigne une époque de la vie] Ami d'autrefois, d'avant-guerre, de collège, d'enfance, de guerre, de jeunesse, de (jeune) temps, de toujours; par iron., arg. ami de collège ,,camarade de prison`` (L. Larchey, Dict. historique d'argot, 2esuppl., 1883 et France 1907).
. [Le subst., déterminé, est un nom de durée] Ami de (x) ans, d'un demi-siècle, d'hier, de (toute la) vie.
− [Le subst. avec art. désigne le lieu de résidence ou de rencontre de l'ami] Ami du château, de la maison, du ministère.
− [Expr. de la qualité] Ami de cœur, de rencontre.
c) Subst. + ami. Visite d'ami (légèrement péj.).
d) Verbe + ami. Faire de quelqu'un son ami, se faire un ami de, perdre un ami, traiter (comme) un ami; péj. faire ami-ami avec :
26. Un très ancien passé qui transcende son enfance, rejoint la longue lignée des siens, des très simples gens auxquels il doit la vie et toutes les routes morales où ses pas ont marqué. Et maintenant, il va rejoindre la vermine « libre-penseuse », les carcasses maçonniques, honte et lèpre de la France, et il fera « ami, ami » avec cette pourriture.
J. Malègue, Augustin ou le Maître est là, t. 1, 1933, p. 352.
Rem. 2. Assoc. paradigm. a) (Quasi-)synon. admirateur, allié, camarade, compagnon, complice, confrère, conseiller, disciple, égal, factotum, familier, frère, maître, mentor, pair, père, serviteur, zélateur; b) Anton. adversaire, ennemi, étranger, indifférent, juge, rival.
Rem. 3. Au contact de ami, ie, certains adj. antéposés prennent une valeur affective (grand, petit, pauvre, vieil ami) :
27. Marthe mettait sa main sur la tête de Jacqueline, et la caressait, sans parler. La fillette se confiait. Elle allait faire visite à sa grande amie, quand son cœur était gonflé. À quelque moment qu'elle vînt, elle était sûre de trouver les mêmes yeux indulgents, qui verseraient en elle un peu de leur tranquillité.
R. Rolland, Jean-Christophe, Les Amies, 1910, p. 1110.
28. Écoute, César, il y a quarante ans que je te connais, et depuis quarante ans, tu te dis « mon vieil ami ». Mon vieil ami. C'est mon vieil emmerdeur qu'il faudrait dire!
M. Pagnol, Fanny, 1932, II, 7, p. 149.
− En partic. Pour désigner un malade, un être qui souffre :
29. 27 mai. Aujourd'hui, la vache à Marie Piarry a fait veau. Marie pleurait et disait : « Je ne veux pas voir ça, J'vas m'en aller. » Elle revenait. « Oh! La pauvre amie! La pauvre amie! Tenez! Elle est morte! Je vois bien qu'elle est morte. Jamais elle ne sortira! » La vache vêlait et poussait des soupirs.
J. Renard, Journal, 1889, p. 25.
30. ... j'ai trouvé mon malheureux camarade étendu à terre, sans connaissance. (...). Cependant l'hémorragie a cessé. Tandis que j'attendais le médecin, notre pauvre ami a repris connaissance. Mais il ne parlait pas.
G. Bernanos, Journal d'un Curé de campagne, 1936, p. 1259.
Rem. 4. Au plur. ami(e)s prend volontiers une valeur affaiblie et devient synon. de camarades, compagnons (compagnes) (cf. infra A 1 c) :
31. ... il se sentait sans défense, car il n'avait plus d'argent! Ses amis, ses compagnons de fête? Leurs figures, déjà presque invisibles, fuyaient de son souvenir. C'était justice : il ne pouvait plus être des leurs! Et maintenant que sa vie de plaisir se refusait à lui, comment, par quoi la remplacerait-il?
A. de Châteaubriant, Monsieur des Lourdines, 1911, p. 240.
32. Quand i's auront fini tous de s'battre, i' r'viendra chez lui. I' dira à ses amis et connaissances : « Me v'là sain t' et sauf », et ses copains s'ront contents, ...
H. Barbusse, Le Feu, 1916, p. 127.
33. C'est donc moi qui, vers ce temps, et j'y reviendrai plus loin, attirais à la maison des amis, des camarades. Valdemar montrait une bien étrange figure au milieu de cette jeunesse.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, Vue de la Terre promise, 1934, p. 105.
b) P. anal. ou ext. −
[L'attachement a pour obj. ou suj. un être spirituel ou surnaturel] :
34. ... la moindre ressemblance avec le souverain être est un titre de gloire qu'aucun esprit ne peut concevoir. La ressemblance n'ayant rien de commun avec l'égalité, nous ne faisons qu'user de nos droits en nous glorifiant de cette ressemblance. Lui-même s'est déclaré notre père et l'ami de nos âmes. L'homme-Dieu nous a appelés ses amis, ses enfans et même ses frères; et ses apôtres n'ont cessé de nous répéter le précepte d'être semblables à lui.
J. de Maistre, Les Soirées de Saint-Pétersbourg,t. 1, 1821, p. 263.
35. Saint Antoine de Padoue eut dans la bienheureuse Hélène Ensimelli une amie et une sœur comme saint François dans sainte Claire; ...
Ch. de Montalembert, Hist. de saint Élisabeth de Hongrie,introd., 1836, p. LV.
36. ... en ce qui concernait mes amis hommes j'aimais en eux plus encore qu'eux-mêmes, en tant qu'êtres individuels et uniques, telle qualité dont ils sont le lieu, (...) mon attachement à ces qualités mêmes me rendait toute indulgence pour le reste, mais en même temps ne créait pas le besoin de réciprocité...
Ch. Du Bos, Journal,mai 1927, p. 268.
37. Car dès le principe, cet appel à la perfection que l'amour adresse à tous, et qu'eux ont entendu, les a orientés vers une union divine qui dépasse toutes les forces de la nature. Dispersés, inconnus, ce sont ces amis de Dieu qui rachètent les âmes et soutiennent le monde, en achevant en eux ce qui manque à la passion de leur maître.
J. Maritain, Primauté du spirituel,1927, p. 170.
38. À nous entendre on croirait trop souvent que nous prêchons le Dieu des spiritualistes, l'être suprême, ce seigneur que nous avons appris à connaître comme un merveilleux ami vivant, qui souffre de nos peines, s'émeut de nos joies, partagera notre agonie, nous recevra dans ses bras, sur son cœur.
G. Bernanos, Journal d'un Curé de campagne,1936, pp. 1050-1051.
39. « Vous êtes un prêtre bizarre, dit-elle d'une voix qui tremblait d'impatience, d'énervement, un prêtre tel que je n'en ai jamais connu. Quittons-nous du moins bons amis. − Comment ne serais-je pas votre ami, Madame, je suis votre prêtre, votre pasteur. − Des phrases! Que savez-vous de moi, au juste? − Ce que vous m'en avez dit. − Vous voulez me jeter dans le trouble, vous n'y réussirez pas. J'ai trop de bon sens. »
G. Bernanos, Ibid.,p. 1155.
40. Pour entrer il faut découvrir une fenêtre qui se trouve près de l'abside. On pousse le volet et l'on est dedans. Les murs peints à la chaux n'ont d'autre ornement qu'un chemin de croix colorié et une statuette en plâtre de saint Jean l'apôtre, celui qu'on appelait jadis l'ami de Dieu.
H. Bosco, Le Mas Théotime,1945, pp. 69-70.
−
[L'attachement a pour suj. ou obj. un animal ou un élément naturel personnifié] :
41. M. de la Popelinière se déchaussait un soir devant ses complaisants, et se chauffait les pieds; un petit chien les lui léchait. Pendant ce temps-là la société parlait d'amitié, d'amis : « Un ami, dit M. de la Popelinière, montrant son chien, le voilà. »
S. Chamfort, Caractères et anecdotes,1794, p. 121.
42. La lumiere est la vie de l'univers, l'amie de l'homme et sa compagne la plus agréable; avec elle il ne s'aperçoit plus de sa solitude, il la cherche dès qu'elle lui manque, ...
Ch.-F. Dupuis, Abrégé de l'origine de tous les cultes,1796, p. 96.
43. « Ah! Si tu savais combien l'aspect des tourelles me fait palpiter, quand enfin je les vois bordées de lueur par la lune, notre amie, notre seule confidente. »
H. de Balzac, Louis Lambert,1832, p. 168.
44. Cette mer qui la berçait, était restée sa grande amie. Elle en aimait l'haleine âpre, le flot glacé et chaste, elle s'abandonnait à elle, heureuse d'en sentir le ruissellement immense contre sa chair, goûtant la joie de cet exercice violent, qui réglait les battements de son cœur.
É. Zola, La Joie de vivre,1884, p. 871.
45. Je ne sais si ces compagnons, ces amis de l'homme sont sensibles comme lui au frisson du jour qui point, mais j'ai vu souvent, à l'aube, de vieilles bêtes même s'arrêter sur la porte en sortant, et humer longuement l'espace frais : ...
J. de Pesquidoux, Le Livre de raison,t. 1, 1925, p. 150.
c) [L'attachement, à caractère surtout soc., a pour obj. des pers. fréquentées dans les relations mondaines. Subst. corresp. relation, amitié] :
46. « Dans le monde, disait M., vous avez trois sortes d'amis : vos amis qui vous aiment; vos amis qui ne se soucient pas de vous, et vos amis qui vous haïssent. »
S. Chamfort, Caractères et anecdotes,1794, p. 147.
47. C'est bien la créature la plus communicative qu'il y ait sur le globe. Il vous appelle son ami la première fois qu'il vous rencontre, et vous tutoie la seconde. (...). Tout le monde connaît son petit dialogue avec M. de N., qu'il aborda auprès du poële, à la sortie de l'Opéra, en lui disant : Bonsoir, mon ami; comment te portes-tu? − Fort bien, mon ami; comment te nommes-tu?
V. de Jouy, L'Hermite de la Chaussée d'Antin,t. 2, 1812, p. 250.
48. Il est maintenant devenu, et cela en un instant, l'ami de la maison. Or, on n'est ami des grands que dans trois cas : quand ils ont besoin de nous, quand on sert leurs plaisirs, ou lorsqu'on les fait trembler.
H. de Balzac, Annette et le criminel,1824, p. 144.
49. ... elle jeta un regard à la ronde : « Elle a des amis affreux!
− Ce ne sont pas ses amis ni ceux de personne, dit Dubreuilh; c'est le tout-Paris : il n'y a rien de plus minable ».
S. de Beauvoir, Les Mandarins,1954, p. 364.
Rem. 1. Cet emploi est particulièrement fréq. au plur. 2. Par réaction, dans un cont. d'inspiration mondaine, ami(e) ne désigne une relation au sens 1 que s'il est accompagné d'une épithète soulignant l'authenticité de l'amitié (ami(e) sincère, véritable) :
50. ... recueillez un dernier hommage, plus touchant que tous ceux que vous avez reçus dans la prospérité. Sachez, continua-t-il, que depuis ce matin, c'est-à-dire, depuis l'instant où le bruit de votre mort s'est répandu, tous vos sincères admirateurs, tous vos véritables amis, sont successivement accourus sur cette montagne.
Mmede Genlis, Les Chevaliers du Cygne,t. 2, 1795, p. 269.