2. [L'obj. désigne un organe des sens, un désir sensuel] (Le) contenter pleinement. Assouvir sa sensualité; assouvir ses yeux, ses regards d'une chose : 2. N'aurais-je pas pu m'asseoir parmi leurs femmes, respecter les lois et les usages qu'elles feignent de respecter, jouer comme elles la pudeur, la fidélité et toutes leurs vertus hypocrites? N'aurais-je pas pu satisfaire tous mes caprices, assouvir toutes mes passions, en consentant à porter un masque et à me placer sous la protection d'une dupe?
G. Sand, Lélia,1839, p. 386.
3. ... c'est après avoir excité ses désirs sur moi, que monsieur est allé les assouvir, salement, sur cette triste créature...
Mirbeau, Le Journal d'une femme de chambre,1900, p. 283.
3. P. métaph. [L'obj. désigne un sentiment, une passion violente] Leur donner libre cours, les satisfaire. Assouvir un besoin de vengeance; assouvir sur quelqu'un sa rage grandissante (Proust, Du côté de chez Swann, 1913, p. 301); assouvir sa rancune : 4. Le jour de ma colère, ô Rois, flamboie enfin :
Voici le fer, le feu, le poison et la corde!
J'étancherai ma soif, j'assouvirai ma faim.
Le torrent de ma rage est déchaîné, le vin
De ma fureur déborde!
Leconte de Lisle, Poèmes tragiques,Le Talion, 1886, p. 45.
5. ... pour en finir avec les duchesses qui fréquentaient maintenant chez MmeVerdurin, elles venaient y chercher, (...) un plaisir mondain composé de telles manière que sa dégustation assouvît les curiosités politiques et rassasiât le besoin de commenter entre soi les incidents lus dans les journaux.
Proust, Le Temps retrouvé,1922, p. 730.
6. À défaut de ce terrible besoin de tendresse et de plaisir, qui consume les êtres qui y ont une fois goûté, il fallait quelque autre passion, fût-ce la passion contraire : la passion du mépris, de l'orgueilleuse pureté, de la foi dans la vertu. − Elles ne suffisaient pas, elles ne suffisaient plus à assouvir sa faim : à peine pouvaient-elles la tromper un instant.
R. Rolland, Jean-Christophe,L'Adolescent, 1905, p. 363.
7. Je retrouve dans les traits d'Athalie ceux mêmes de Phèdre − D'une Phèdre que l'âge aurait guérie des égarements de l'amour et qui assouvirait ses autres passions : l'avarice, l'orgueil, la cruauté, la vengeance, non plus seulement comme Phèdre, en soutenant la vue du soleil sacré, mais en lui tenant tête d'un cœur plein de haine et de défi.
Mauriac, Journal 3,1940, p. 298.
Rem. Assouvir peut se dire en bonne part, mais rarement : ,,Il a un désir de gloire qu'il ne peut assouvir`` (Ac. 1798-1932), assouvir son amour passionné de l'étude (Courteline, Un Client sérieux, 1897, p. 65). La nuance apportée est plus forte que dans satisfaire.