A.− [Le suj. est une chose] Qqc. s'attiédit.Devenir tiède (
supra I A 1).
1. Devenir moins chaud : 8. Et de même que, de semaine en semaine lors de notre premier voyage, je marchais vers la guérison, de semaine en semaine à mesure que nous avancions vers le Sud, l'état de Marceline empirait. Par quelle aberration, quel aveuglement obstiné, quelle volontaire folie, me persuadai-je, et surtout tâchai-je de lui persuader qu'il lui fallait plus de lumière encore et de chaleur, invoquai-je le souvenir de ma convalescence à Biskra... L'air s'était attiédi pourtant; la baie de Palerme est clémente et Marceline s'y plaisait.
Gide, L'Immoraliste,1902, p. 462.
2. Devenir moins froid : 9. J'avais froid aussi; le préau et les classes ne s'attiédissent à dix degrés que vers neuf heures et les seize degrés réglementaires, on ne les obtient que le soir, parce qu'il faut aérer à chaque sortie des classes, quelle que soit la température.
Frapié, La Maternelle,1904, p. 124.
B.− Au fig. [Se dit partic. en matière de dévotion] Qqn ou qqc. s'attiédit.Devenir tiède, devenir moins ardent, diminuer d'intensité : 10. Aujourd'hui que mon sang s'attiédit, que mes artères se ralentissent et s'apaisent, je puis redescendre en moi-même. Les sourires invitants et les douces paroles ne troublent plus ma rêverie. Je ne crois plus, comme autrefois, que les soupirs voluptueux et les baisers brûlants soient le seul bonheur et la seule sagesse.
G. Sand, Lélia,1833, p. 290.
11. La sensibilité et le talent suivent, chose remarquable, une marche presque inverse : la sensibilité s'émousse, s'attiédit, se désabuse (...) le talent s'affermit...
Sainte-Beuve, Portraits contemp.,t. 2, 1869, p. 158.
SYNT. L'ardeur s'attiédit, le désir s'attiédit, les sentiments s'attiédissent, la sympathie s'attiédit, la vertu politique s'attiédit.
Rem. Un emploi adj. rare du part. prés. attiédissant, ante. Qui attiédit : ,,Cette faculté électrique [de M. de Chateaubriand] (...) ne l'a pas abandonné encore (...) Elle ne l'a pas trompé particulièrement dans sa relation de guerre et de dégoût contre un état de choses venu le dernier et déjà le plus attiédissant.`` (Sainte-Beuve, Portraits contemp., t. 1, 1869, p. 15).