A.− Emploi gén. : 7. L'infériorité des armes gauloises donna l'avantage aux Romains; le sabre gaulois ne frappait que de taille, et il était de si mauvaise trempe, qu'il pliait au premier coup.
Michelet, Hist. romaine,t. 1, 1831, p. 201.
8. Mais les ordres étaient formels, les officiers durent commander la retraite, désolés de ne pouvoir tirer profit de l'avantage qu'ils venaient de remporter.
Zola, La Débâcle,1892, p. 224.
9. Comme on causait à dîner des avantages et privilèges que la vie apporte à l'homme, MmeDaudet s'écriait : « une femme ne choisit ni son danseur ni son mari! »
E. et J. de Goncourt, Journal,1894, p. 499.
10. À partir du seizième siècle, s'il [Fustel de Coulanges] est gâté par de furieux partis pris, ses vues sont encore parfois pénétrantes : c'est l'avantage et la supériorité des historiens qui ont du talent, même quand leurs théories sont contestables.
Bainville, Hist. de France,t. 1, 1924, p. 7.
SYNT. 1. Avec adj. Avantage acquis, naturel; avantage de l'âge, de l'expérience, de la fortune, de la naissance; avantage du combat, du lieu, du nombre, du terrain. 2. Dans un syntagme verbal a) [Avec le déf.] Avoir l'avantage de qqc., disposer de l'avantage du nombre, obtenir l'avantage sur ses adversaires, prendre, reprendre, ressaisir l'avantage. b) [Avec le poss.] Conserver, garder, ménager, perdre, pousser, faire valoir ses avantages; abuser, faire parade, jouir, profiter de ses avantages; prendre qqn à son avantage (vx). ,,L'attaquer quand on est plus fort ou mieux armé que lui`` (Ac. 1798).
♦ À son avantage. D'une manière qui fait ressortir les attraits physiques (ou moraux). Être, paraître, se montrer à son avantage; être habillé, coiffé à son avantage (Ac. 1798-1932).
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Spéc. Les avantages. Les attraits naturels; pop., les seins : 11. Presque tous les hommes affectionnent une posture par laquelle ils croient faire ressortir tous les avantages dont les a doués la nature. Cette attitude, chez Crevel, consistait à se croiser les bras à la Napoléon, en mettant sa tête de trois quarts, et jetant son regard comme le peintre le lui faisait lancer dans son portrait, c'est-à-dire à l'horizon.
Balzac, La Cousine Bette,1846, p. 8.
12. − Je dis que tu dois lui mettre du coton à gauche, elle n'a des « avantages » que d'un côté; demande à Anaïs de te prêter un de ses faux nénés (car la grande Anaïs introduit deux mouchoirs dans les goussets de son corset, et toutes nos moqueries n'ont pu la décider à abandonner ce puéril rembourrage).
Colette, Claudine à l'école,1900, p. 212.
− Arg. et pop. [Dans deux accept. différentes] Faire un avantage à qqn.
a) Accorder un rendez-vous.
b) Fréq. ,,Rendre un service et pas toujours pécuniaire`` (Le Breton 1960) : 13. C'est une tôle qui vaut dix briques (...) Si Bébert te la laisse à neuf, il te fait un avantage.
A. Simonin, Le Pt Simonin ill.,1957, p. 30.
Rem. Avantage, dessus, prééminence, supériorité. ,,L'avantage est, d'une façon très générale, quelque chose d'utile qu'on a de plus qu'un autre, et qui fait qu'on est en avant. Le dessus est l'avantage qu'on obtient dans un combat, dans une dispute. La prééminence donne un rang au-dessus des autres. La supériorité donne le droit de commander aux autres, ou le pouvoir de les surpasser`` (Nouv. Lar. ill.).
B.− Emplois spéc. [Souvent dans qq. syntagmes] 1. CHASSE et ARMURERIE. ,,Déviation à gauche ou à droite de la crosse par rapport au canon`` (Burn. 1970) : 14. Un fusil sorti de chez son fabricant comporte un avantage de valeur moyenne convenant à beaucoup de chasseurs droitiers de constitution normale.
Burn.1970.
2. COMM. et ÉCON. ,,Condition de faveur faite à quelqu'un; concession d'un rabais plus important sur des marchandises ou d'un plus long crédit dans des rapports commerciaux`` (Éd. 1913). ♦ Analyse des avantages-coûts. ,,Technique d'analyse décisionnelle (...) qui se prête en particulier à l'évaluation monétaire des services non marchands (du secteur public), dans la mesure où elle permet de « simuler » une échelle d'appréciations en vue de maximiser les avantages collectifs ou la « fonction de bien-être général »`` (Hetman 1969).
3. DROIT a) ,,Rupture de l'égalité, opérée par le de cujus au profit de l'un de ses héritiers ou de son conjoint`` (Cap. 1936). SYNT. Faire un avantage à un enfant, faire un avantage indirect, avantage fait par un époux à son conjoint, avantage fait aux dépens des enfants d'un premier lit (Cap. 1936); avantage direct (Ac. 1798), avantage prohibé (Ac. 1835). Avantage simulé. ,,Avantage qui, d'après la loi, ne pouvant être fait à quelqu'un, lui est accordé indirectement, soit au moyen d'une interposition de personnes, soit par déguisement de contrats`` (Ac. Compl. 1842). Avantages matrimoniaux. ,,Avantages faits à la femme mariée, tantôt par le contrat de mariage et tantôt par la loi, tels que gain de survie, deuil, loyer, nourriture`` (Barr. 1967).
b) ,,Utilité, gain ou profit résultant d'un acte juridique ou d'une disposition légale. Ex. : acte d'un avantage évident pour le pupille; (...) avantages et pertes provenant d'un contrat aléatoire, avantages légaux`` (Cap. 1936).
c) Procédure. Prendre avantage contre son adversaire. (Ac. Compl. 1842). Obtenir contre lui un jugement par défaut s'il ne comparaît pas à l'audience.
4. JEUX a) ,,Se dit de ce qu'un homme qui joue mieux qu'un autre, lui donne, pour rendre la partie à peu près égale.`` (Ac. 1798-1932). ,,Je ne jouerai point avec lui, s'il ne me donne de l'avantage`` (Ac. 1798-1932).
b) Avantage de jeu ou avantage. ,,Au jeu de Paume on dit, l'avantage du jeu, ou simplement l'avantage. Lorsque les joueurs étant venus à avoir chacun quarante-cinq, l'un des deux gagne ensuite le coup`` (Ac. 1798-1932). ♦
Avantage de jeu. ,,Se dit aussi, en termes de tennis, de tout jeu ou point gagné par un des joueurs ou un des camps qui se trouvait auparavant à égalité avec son adversaire`` (Ac. 1932). Avantage au service, avantage dehors, détruit (Rob.) : 15. ... on appelle « à deux de jeux » et le jeu suivant, gagné par l'un des deux joueurs se compte « avantage de jeux ».
Fédération française de Lawn Tennis,1936.
c) Point gagné par un adversaire ou un camp qui se trouvait à égalité avec l'autre. Marquer un avantage : 16. Commentaire technique. − Au premier et au deuxième rounds, Costals avait marqué un avantage. Au troisième, sonné, il avait été au tapis...
Montherlant, Les Lépreuses,1939, p. 1518.
5. MAN. Prendre de l'avantage. ,,Se servir de quelque petite hauteur, de quelque élévation pour monter plus aisément à cheval`` (Ac. 1798-1932) : 17. Il ne saurait plus monter à cheval sans prendre l'avantage, sans avantage.
Ac.1798-1932.
♦ Être monté à son avantage. ,,Avoir un cheval proportionné à sa taille`` (Ac. Compl. 1842).
6. MARINE a) ,,Partie de l'avant du vaisseau formant saillie sur l'étrave, et qu'on nomme aussi éperon, cap ou poulaine`` (Lar. 19e).
b) Situation privilégiée. ,,On dit d'un bâtiment qui marche mieux qu'un autre, qu'il a de l'avantage, un avantage marqué, qu'il peut lui faire l'avantage de telle voile qu'il a de moins dehors`` (Will. 1831) : 18. L'avantage du navire est encore plus sensible quand les bâtiments sont au repos, ou que l'air est calme. Mais, quand le navire et le vaisseau sont en mouvement, le navire s'aide avec profit du jeu régulier des gouvernails, et de l'emploi d'une partie de la voilure.
Maizière, Nouv. archit. navale,1853, p. 19.
SYNT. Avoir, prendre l'avantage du vent. ,,Avoir, prendre le dessus du vent relativement à un autre vaisseau`` (Ac. 1835-1932); se dit à propos de la disposition des vaisseaux lors d'un combat naval. Vaisseau qui fait avantage à un autre vaisseau d'une voile, de deux voiles. ,,Pour égaliser leur marche`` (Lar. 19e); faire avantage de deux avirons (Nouv. Lar. ill.).