BÉE, adj. fém.
[Ne s'emploie plus que dans les expr. bouche bée, gueule bée] Largement ouverte : 1. Une mâchoire inférieure qui à chaque instant retombe et laisse la bouche bée. Même on voit la langue. C'est son attitude quand il reste silencieux.
Barrès, Mes cahiers,t. 7, 1908, p. 83.
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Spéc. À gueule bée. ♦
[En parlant de tonneaux, de futailles] Ouvert par un des fonds. Rem. Attesté dans la plupart des dict. gén. du xixes. ainsi que dans Lar. 20eet Quillet 1965.
♦ [En parlant d'un liquide] Qui s'écoule librement à plein débit. ... les eaux tombaient à gueule bée du chéneau sur le sol (Viollet-Le-Duc, Entretiens sur l'archit.,t. 2, 1872, p. 49).
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P. métaph. Sans aucune retenue : 2. Il confessa que s'il ne s'était pas livré à la cour, c'est qu'elle n'avait pas voulu l'acheter assez cher : effronterie d'une intelligence qui se connaît et d'une corruption qui s'avoue à gueule bée.
Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 1, 1848, p. 378.
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Au fig. Être, rester, demeurer bouche bée. Demeurer bouche ouverte, dans une attitude passive d'étonnement, de surprise : 3. De confusion et de juste colère, Déodat demeure bouche bée. Cependant, les injures recommencent de voler.
Aymé, La Jument verte,1933, p. 102.
Prononc. : [be]. Étymol. et Hist. − V. bayer. Fréq. abs. littér. : 131.
BBG. − Goug. Mots t. 1 1962, p. 177.