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[En parlant d'un obj. matériel ou plus gén. d'un cadre de vie] :
6. Il demeure rue Montparnasse. (...). On nous introduit dans un salon au rez-de-chaussée, à papier grenat, aux meubles de velours rouge, à formes Louis XV de tapissier, − salon froid, nu, bourgeois et banal, rappelant assez le salon d'une maison de prostitution d'une ville de province.
E. et J. de Goncourt, Journal,1862, p. 1178.
7. ... ainsi sa compagnie tournait fatalement mon attention vers de menus détails de l'existence quotidienne qui à mes yeux prenaient inopinément une importance significative. Car tout avait un sens, mais il restait indéchiffrable. J'étais peu à peu entouré d'une multitude de figures; l'objet le plus banal se détachait de son néant pour solliciter ma pensée, et tant d'êtres sortaient de l'ombre au passage de Geneviève que tout Théotime s'animait d'une sourde vie morale.
Bosco, Le Mas Théotime,1945, p. 143.
SYNT. Un cadre, un cadeau, un décor, un luxe, un modèle, un parfum banal; une ville banale.
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Le plus fréq. [En parlant des formes d'expr. écrite ou orale] :
9. Connaissant tout le monde, dans tous les mondes (...), ils [Mmede Guilleroy et Olivier Bertin] étaient exercés à ce sport de la causerie française fine, banale, aimablement malveillante, inutilement spirituelle, vulgairement distinguée qui donne une réputation particulière et très enviée à ceux dont la langue s'est assouplie à ce bavardage médisant.
Maupassant, Fort comme la mort,1889, p. 12.
10. ... il suffit à l'œuvre littéraire, pour avoir droit à l'existence, de nous fournir sur le monde ou sur l'homme quelque connaissance nouvelle. À l'inverse, le roman est-il inhumain et sans vie, c'est qu'il est banal, déjà vu, fait de lieux communs. Ce que la langue chiffrée des critiques entend de nos jours par vivant, humain, véridique et le reste, c'est d'abord nouveau, inattendu, inexploré.
Paulhan, Les Fleurs de Tarbes,1941, p. 189.
SYNT. Un adage, un argument, un compliment, un exemple, un lieu commun, un livre, un point de vue, un prétexte, un propos, un proverbe, un refrain, un style, un sujet, un thème banal; une appellation, une épithète, une excuse, une expression, une formule de politesse, une idée, une louange, une métaphore, une plaisanterie, une phrase, une vérité banale. − PARAD. a) (Quasi-)synon. commun, conventionnel, courant, normal, ordinaire, quelconque, routinier, uniforme; synon. de qualité : ennuyeux, facile, fade, impersonnel, incolore, inconsistant, inintéressant, insignifiant, médiocre, monotone, morne, neutre, niais, pauvre, plat, sans profondeur, prosaïque, stérile, terne, triste, trivial, vague, vide, vulgaire; synon. cour. dans le domaine de la conversation : éculé, rebattu, usé. b) (Quasi-)anton. bizarre, curieux, étrange, extraordinaire, inouï, insolite, nouveau, original, rare, surprenant.
Rem. Grev. 1964, p. 293, § 358, écrit au sujet du plur. de l'adj. : Banal, employé comme terme de féodalité, fait au pluriel masculin banaux : Fours banaux. Dans l'emploi ordinaire, il fait généralement banals : Des compliments banals (Ac.). (...) mais, dans cet emploi on dit aussi banaux : Un des banaux accidents (Fr. Jammes, M. le Curé d'Ozeron, p. 218). Pour Gramm. Lar. 1964, p. 196, § 298, ,,l'usage hésite entre banals et banaux``. Cf. aussi Ortho-vert 1966, p. 46 : ,,Il est toute une série d'adjectifs en al qui ne sont pas usités, au masculin pluriel (pénal) ou dont le pluriel est mal défini. Pour cette raison, on évite d'employer ces derniers au masculin pluriel; ce sont : astral, austral, banal, boréal, frugal, jovial, matinal, papal, pluvial, tonal, etc.``