BORGNE2, subst. fém.,BORGN(I)ON, BORGNIO(T),(BORGNON, BORGNION, BORGNIO, BORGNIOT) subst. masc.
Arg. Nuit : Quand j'étais môme, ça m'est arrivé quelquefois de passer le borgnion dans la neige, vu que j'étais de la zone. Ça fait peut-être des hommes... mais aussi des tubards.
Le Breton, 1960.
SYNT. Passer le borgnon (qq. part) (à faire qqc.); ne pas dormir du borgnon. Refiler le borgnon. Passer la nuit sans gîte (Esn. 1966). (Aller) à borgnon. (Aller) à l'aveuglette (cf. É. Molard, Le Mauvais lang. corrig. 1810, p. 49; J.-F. Rolland, Dict. du mauvais lang., 1813, p. 24 et Esn. 1966, s.v. borgne).
Orth. − Lar. 19eenregistre la forme
borgnon : ,,Pop. s'emploie à Lyon dans l'expression
aller à borgnon, pour
aller à l'aveuglette``. Attest. des différentes graph. :
borgne (
Esn. 1966 [fém.] et Ch.-L.
Carabelli, [
Lang. de la pègre]),
borgnon (
Nouguier,
Notes manuscrites sur feuillets interfoliés au Dict. de Delesalle, 1900, p. 42 et 50;
J. Lacassagne,
L'Arg. du «
milieu », 1928, p. 9, 12, 23, 27, 46, 110 et 193;
E. Chautard,
La Vie étrange de l'arg., 1931, p. 20;
A.-L. Dussort,
Des Preuves d'une existence, ms. dép. par G. Esnault en 1958, p. 1927, p. 92 et
Journal, ms. dép. par G. Esnault en 1953, 1929-1934, p. 2, 3, 11, 13 et 14;
A. Le Breton,
Razzia sur la Chnouf, 1954, p. 233;
Esn. 1966; Ch.-L.
Carabelli, [
Lang. de la pègre]),
borgnion (
Le Breton 1960),
borgnio (A. Le
Breton,
Du Rififi chez les hommes, 1953, p. 16, 64, 153 et 238 et
Razzia sur la Chnouf, 1954, p. 64),
borgniot (
Esn. 1966).
ÉTYMOL. ET HIST.
I.− 1. Borgnon 1715-23 adj. « borgne » (Adam, Etude sur le vocab. du chansonnier historique d'apr. FEW t. 1, s.v. brunna, p. 569b); 2. 1810 subst. aller à borgnon « aller à l'aveuglette » (Molard, Mauvais lang. corrigé, supra); d'où 3. 1900 subst. masc. borgnon « la nuit » (Nouguier, Notes, supra).
II.− Borgne 1925 subst. fém. « la nuit » (d'apr. Esn.).
II.− 1. 1890 borgnot « borgne » (Richepin, Le Cadet, p. 48); 2. borgnio 1953 subst. masc. « la nuit » (A. Le Breton, Du Rififi chez les hommes, p. 238).
Dér. de borgne1pris pour I 1 et III 1 au sens de « qui ne voit que d'un œil », pour I 2, 3 et II, III 2 au sens primitif de « aveugle » (voir W. von Wartburg dans R. de dialectol. rom., t. 3, 1911, pp. 416-419); I 1 avec suff. dimin. -on*, le genre masc. de ce suff. ayant entraîné celui du subst. I 3; III suff. -ot* d'où graph. arg. borgnio.
STAT. − Borgne1 et 2. Fréq. abs. littér. : 268. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 403, b) 754; xxes. : a) 325, b) 195.