a) [Le compl. d'obj. est le plus souvent un subst. abstr. désignant une situation pénible ou dangereuse] Faire face courageusement à : 1. J'ai vingt fois bravé la mort; sur un signe du devoir, j'irais à l'instant au-devant d'elle.
Renan, Drames philos.,L'Abbesse de Jouarre, 1886, I, 3, p. 623.
−
Emploi abs. : 2. [Malgré son émotion] la femme bravait de toute sa raideur [en face de la foule] et montrait encore de l'énergie.
G. d'Esparbès, Le Briseur de fers,1908, p. 251.
− P. ext. et affaiblissement de sens. Ne pas tenir compte de. Je suis venu, bravant l'heure inaccoutumée (Ponsard, Lucrèce,1843, IV, 2, p. 74).
b) [Le compl. d'obj. est un subst. abstr. qui désigne une chose ressentie comme contraignante; le suj. peut lui-même désigner une entité abstr.] Tenir tête à, faire front contre : 3. − Quel spectacle, Cornemuse, nous offre la malheureuse Pingouinie! Partout la désobéissance, l'indépendance, la liberté! Nous voyons se lever les orgueilleux, les superbes, les hommes de révolte. Après avoir bravé les lois divines, ils se dressent contre les lois humaines, tant il est vrai que, pour être un bon citoyen, il faut être un bon chrétien.
A. France, L'Île des pingouins,1908, p. 277.
− P. ext. et affaiblissement de sens. Aller à l'encontre de, s'opposer à. Il plaît à mon don-quichottisme de braver son intérêt et de mépriser la prudence (Amiel, Journal intime,1866, p. 284).
− Au fig. [P. réf. au vers de Boileau Le latin dans les mots brave l'honnêteté] J'aurais répliqué (...) dans une langue riche et parisienne, où tous les mots bravent l'honnêteté (Colette, L'Entrave,1913, p. 104).