1. [Le suj. désigne un être animé ou une chose personnifiée] :
12. Ce n'est pas en prenant ce qui est à autrui qu'on peut détruire la pauvreté : car comment, en faisant des pauvres, diminueroit-on le nombre des pauvres? Chacun a droit de conserver ce qu'il a, sans quoi personne ne posséderoit rien.
Lamennais, Les Paroles d'un croyant,1834, p. 122.
13. On arriverait encore à s'entendre avec nos non-euclidiens hypothétiques, bien qu'ils ne soient plus des hommes, parce qu'ils conserveraient encore quelque chose d'humain.
H. Poincaré, La Valeur de la sc.,1905, p. 245.
SYNT. Conserver des doutes : On avait conservé quelques doutes. À force d'être trompés, on n'osait plus croire à rien (Erckmann-Chatrian, Histoire d'un paysan, t. 1, 1870, p. 130). Conserver un espoir : Maintenant que je me suis dit qu'il serait insensé de conserver quelque espoir, la suite de cette aventure est pour moi une chose de curiosité, voilà tout (A. Dumas Père, Le Comte de Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 290). Conserver ses habitudes : Le soleil (...) paraît avoir conservé l'habitude de s'entourer de nuages (Du Camp, En Hollande, 1859, p. 12). Conserver la mémoire de qqc. : Je ne conserverai que la mémoire de leurs efforts et de leur estime (Lamartine, Correspondance, 1832, p. 282). Conserver son sang-froid = garder ses aptitudes : Un des principes les plus fortement recommandés aux jeunes gens, est de conserver un sang-froid inaltérable dans toutes les circonstances de la vie. Ils le perdent cependant quelquefois (Crèvecœur, Voyage dans la Haute Pensylvanie, t. 1, 1801, p. 10). Conserver sa santé : Si vous étiez comme moi, resté au soleil, vous auriez conservé votre santé (Karr, Sous les tilleuls, 1832, p. 162).
2. [Le suj. désigne un inanimé] :
14. Long-temps avant l'équinoxe, les feuilles tombaient en quantité, cependant la forêt conservait encore beaucoup de sa verdure et toute sa beauté. Il y a plus de quarante jours, tout paraissait devoir finir avant le temps, et voici que tout subsiste par-delà le terme prévu; ...
Senancour, Obermann,t. 1, 1840, p. 92.
15. La poussière, aussi éternelle en Egypte que le granit, avait moulé ce pas et le gardait depuis plus de trente siècles, commes les boues diluviennes durcies conservent la trace des pieds d'animaux qui la pétrirent.
T. Gautier, Le Roman de la momie,1858, p. 173.