1. [Le compl. prép. désigne une chose ou une pers.] S'accrocher, s'agripper fermement à. Se cramponner à qqn, au bras de qqn, à la table. Il [Parent] redescendit lentement, en se cramponnant à la rampe pour ne point tomber (Maupass., Contes et nouv.,t. 2, M. Parent, 1886, p. 593).Qui se cramponnait à la crinière de sa monture pour ne pas être désarçonné (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 62):3. La mer montait, les hommes se cramponnaient à l'épave en reculant devant l'eau pas à pas : on ne leur aurait pas fait lâcher prise à coups de hache, me disait le capitaine.
Gracq, Le Rivage des Syrtes,1951, p. 266.
− Emploi abs. [Pour annoncer une déclaration surprenante] Cramponnez-vous! Synon. Tenez-vous bien!Et il [Mathieu] a inventé, écoutez bien et cramponnez-vous, il a inventé le saoulomètre (Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Normand, 1882, p. 70).
− P. métaph. Un arbre secoué par l'orage se cramponne à la terre de toutes ses racines (Guéhenno, Journal homme 40 ans,1934, p. 231).
− Être cramponné à. Le petit écolier cramponné au chapiteau (Hugo, N.-D. Paris,1832, p. 21).Ses mains sont cramponnées à ses genoux (Giono, Regain,1930, p. 127).
2. Au fig. a) [Le compl. introduit par à désigne un élément de situation, une réalité soc., psychol.] Tenter de conserver, ne pas vouloir renoncer à. Se cramponner à un bénéfice, à ses principes, à des souvenirs, au travail. Synon. s'accrocher à.Il [le Petit Chose] se cramponne à la vie (A. Daudet, Pt Chose,1868, p. 341).Il faut bien se cramponner toujours à quelque espérance (Mérimée, Lettres à Viollet-le-Duc,1870, p. 178).Elle se cramponnait à de vieux mythes (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 558):4. ... le personnel politique de Vichy demeure égal à lui-même : il s'accroche aux places et se cramponne au pouvoir ...
L'Œuvre,21 janv. 1941.
− Être cramponné à.Cet homme cramponné à son passé (Malraux, Cond. hum.,1933, p. 220).
b) [Sans compl. introduit par à] Tendre sa volonté, tenir bon. Pour « tenir le coup », je me raidis, me cramponne et toute ma volonté s'y use (Gide, Journal,1946, p. 304).− [Avec un compl. introduit par contre] Résister avec obstination. Il fallait qu'il se cramponne ferme contre le torrent des idées (Céline, Mort à crédit,1936, p. 403).Se cramponner contre la tentation de la noblesse (Montherl., Lépreuses,1939, p. 1501).