A.− Prendre un parti, une résolution : 14. Prononce et décide-toi. Unis l'avenir au présent et prends un parti raisonnable et suivi.
Staël, Lettres de jeunesse,1788, p. 257.
15. − Alors où veux-tu en venir finalement? que je lui faisais. Quand on le mettait en demeure, comme ça, de se décider, de se prononcer, de se déclarer pour de bon, il se dégonflait.
Céline, Voyage au bout de la nuit,1932, p. 482.
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P. anal. [Le suj. désigne un animal] :
16. ... je regardais et j'écoutais sans bouger, étudiant l'émotion très-visible de Jonquille, qui semblait hésiter et se livrer un combat intérieur fort extraordinaire. Enfin elle s'arme de résolution, vole d'un seul élan jusqu'à la soucoupe, crie un instant, espérant que la nourriture viendra d'elle-même à son bec; puis elle se décide et entame la pâtée.
Sand, Histoire de ma vie,t. 1, 1855, p. 19.
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P. ext. [Le suj. désigne un inanimé] Peu à peu, le feu se décide (Colette, Cl. école,1900, p. 45).SYNT. Se décider brusquement, finalement, promptement, sur-le-champ, tout à coup, tout de suite; finir par se décider; ne pouvoir se décider; il faut (faudra, fallait, etc.) se décider.
1. Se décider à.Synon. être résolu.a) [Suivi d'un compl. désignant un subst. ou un substitut] Se décider au mariage. Pour vous (...) je me déciderai à tout (Musset, Il ne faut jurer,1840, I, 1, p. 110).
b) [Suivi de l'inf.] −
[Le suj. désigne une pers. identique au suj. de l'inf.] Se décider à acheter, à écrire, à rentrer. La jeune fille, qui se décide à se jeter dans le lac bleu (Murger, Scènes vie boh.,1851, p. 17).♦ P. anal. Attendre que l'oiseau se décide à chanter (Prévert, Paroles,1946, p. 185).
♦ P. ext. Peut-être quelques universités (...) se décideront-elles à préparer les jeunes gens à la vie (Carrel, L'Homme,1935, p. 356).
−
P. anal. [Le suj. désigne un inanimé] L'estomac se décida à fonctionner (Huysmans, À rebours,1884, p. 280).Elle [une dent] s'est décidée à tomber hier matin (Renard, Poil Carotte,1894, p. 165).Le chemin se décida à descendre (Giono, Hussard,1951, p. 16).Rem. Se décider de + inf., rare ds la docum. Je me décide donc de vous écrire (Hugo, Corresp., 1822, p. 344). Cette constr. est absente des dict. gén. Colin 1971 la considère comme fréquente et, à juste titre, fautive.
2. Se décider pour + compl. désignant un animé ou un inanimé.La maréchale se décida pour un simple tournedos (Flaubert, Éduc. sentim.,t. 2, 1869, p. 13).Nous nous étions enfin décidés pour une [robe] bleu et or (Proust, Prisonn.,1922, p. 394).Réflexion faite, il [Pierrot] se décida pour la fuite (Queneau, Pierrot,1942, p. 175).
3. Se décider sur + compl. désignant un inanimé abstr.Me décider sur le voyage d'Angleterre (Staël, Lettres div.,1793, p. 546).L'obliger à se décider sur le mariage (Constant, Journaux,1804, p. 138).Rem. On rencontre ds la docum. se décider en, en emploi métaph., « aboutir à, se résoudre en ». Rongé par une ardente fièvre, Des Esseintes entendit subitement des murmures d'eau, des vols de guêpes, puis ces bruits se fondirent en un seul qui ressemblait au ronflement d'un tour; ce ronflement s'éclaircit, s'atténua et peu à peu se décida en un son argentin de cloche (Huysmans, À rebours, 1884, p. 267).
B.− Emploi abs. Prendre un parti. Entre ces deux opinions (...) je demeure suspendu sans espoir de me décider (Maistre, Soirées St-Pétersb.,t. 1, 1821, p. 38).J'ai laissé à votre Altesse le choix du genre de mort, décidez-vous (Hugo, L. Borgia,1833, 2, 4, p. 104).Rem. On rencontre ds la docum. décidable, adj., néol., log. Qui peut être l'objet d'une décision non contradictoire. Conformément avec l'intuition des mathématiciens, qui se sont occupés du problème de la décision, un fait P (par rapport à un fait R) est : soit certain ou absurde (décidable), soit litigieux et plausible (indécidable) (Les Gds courants de la pensée math., 1948, p. 358). Attesté par Lar. encyclop. Suppl. 1968 et Rob. Suppl. 1970.