1. [Le compl. d'obj. désigne un lieu avec ses richesses naturelles ou créées par l'homme] Détruire ou endommager gravement les richesses (d'un lieu, en particulier d'un pays). Vous allez ravager leurs terres, dévaster leurs campagnes (Guilbert de Pixer., Victor,1798, 3, 8, p. 48).Quatre incendies successifs, puis un pillage ont dévasté les archives de l'antique abbaye de Saint Benoît-sur-Loire (M. Bloch, Apol. pour hist.,1944, p. 33).a) [Le suj. désigne un être humain] Synon. dépouiller, mettre à feu et à sang, mettre à sac, raser, ravager, ruiner.
α) [Le résultat est recherché délibérément] Voler, piller, dévaster; dévaster et saccager; dévaster et tuer; les armées, les brigands, les envahisseurs, les soldats, dévastèrent la contrée, les provinces, les terres. En 1566, des bandes d'iconoclastes avaient dévasté les cathédrales d'Anvers, de Gand (Taine, Philos. art,t. 2, 1865, p. 41).Ces scélérats qui dévastaient les campagnes (La Hêtraie, Chasse, vén., fauconn.,1945, p. 139):1. On détruisit les maisons vides, on s'attaqua aux demeures abandonnées par les émigrants. On les dévasta, les saccagea. On n'en laissa que les briques.
Van der Meersch, Invasion 14,1935, p. 334.
− Emploi abs. Des misérables accourent; sous prétexte de secours, pillent, volent, brisent, dévastent (Dumas père, Monte-Cristo,t. 2, 1846, p. 790).
β) [Le résultat est involontaire] Les Lango (...) ne savent pas grand'chose de l'assolement et dévastent leurs forêts en déboisant de nouveaux terrains (Lowie, Anthropol. cult.,1936, p. 45).La reforestation d'immenses territoires dévastés par l'homme dans le cours des siècles (Industr. fr. bois,1955, p. 14).
b) P. ext.
α) [Le suj. désigne un animal, etc., dont la nature, la tendance innée est de dévaster quelque chose] Empêcher les poules de dévaster les fruits et le potager (Balzac, Peau chagr.,1831, p. 280).Tuer les courtilières qui dévastaient nos laitues (Colette, Mais. Cl.,1922, p. 161):2. L'épervier roux ocellé est tout à fait un oiseau de carnage et de sang. D'une hardiesse sans seconde, se riant de l'homme, de ses armes et de ses menaces, friand comme lui de viande fine, il dévaste les guérets, les bois, les poulaillers.
Pesquidoux, Chez nous,1923, p. 176.
β) [Le suj. désigne un phénomène naturel] La grêle, l'ouragan dévasta les champs, les campagnes. Un ruisseau d'eau vive grossi par les pluies, (...), dévastait les pâquerettes (Hugo, Rhin,1842, p. 166).Cet août « bleu et torride » (...) fait le vide, dévaste la plaine (Mauriac, Journal 3,1940, p. 213).Le plateau que dévaste la bise (Schaeffer, Rech. mus. concr.,1952, p. 11).− Emploi abs. La houle en mourant dévastait (Hugo, Travaill. mer,1866, p. 357).
2. [Le compl. d'obj. ne désigne pas directement un lieu] a) [Le compl. d'obj. désigne directement ou p. méton. un ensemble humain; le suj. désigne une force inanimée s'attaquant à l'homme] Frapper la population de (un lieu) par la maladie, la mort. L'épidémie, la peste dévasta le pays, des régions entières. Synon. décimer, détruire, ravager.Le choléra dévaste la Russie (Duhamel, Maîtres,1937, p. 33).Une grande famine venait de dévaster la Chine (Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 237).
b) [L'obj. désigne une création de l'homme; surtout au passif] P. anal. Porter des signes de désordre ou de vide consécutifs à une dévastation. J'ai vu (...) les boulevards déserts de Paris, les jardins silencieux du Champ-de-Mars, et moi-même errant dans cette ville dévastée par la tristesse (Green, Journal,1940, p. 16).Un oreiller dévasté par une nuit de cauchemars (Aragon, Rom. inach.,1956, p. 175).