1. Au sing. et au plur. [En parlant de la technique de la danse] a) Technique qui règle l'exécution de la danse notamment professionnelle, manière typique de danser dans une circonstance particulière ou propre à une personne ou un groupe de personnes. Ici, vous n'apprendrez que des pas qui ne se dansent plus, le menuet, la gavotte (...). Et se rengorgeant : « Je suis professeur de danses mortes » (A. France, Vie littér.,t. 4, 1892, p. 282).Il n'y a pas de danses nationales, il n'y a qu'une danse populaire unique qui ne s'arrête à aucune frontière (Lifar, Danse,1938, p. 267).
b) Ensemble de pas, de mouvements déterminés portant souvent un nom spécifique. Exécuter une danse. Je les vis [les négresses] (...) commencer (...) cette danse lascive que les noirs appellent la chica (Hugo, Bug-Jargal,1826, p. 110).Elle finit par se plaire au singulier jeu de se balancer (...) avec le frémissement continu d'une almée dansant la danse du ventre (Zola, Nana,1880, p. 1270):3. ... la petite exécuta la danse des œufs : on dispose par terre un certain nombre d'œufs en damier, et il faut passer dans les petites allées que les rangées forment, les yeux bandés, sans que le pied heurte aucun des obstacles.
Gautier, Italia,Voyage en Italie, 1852, p. 11.
SYNT. Danse amoureuse, bachique, dionysiaque, funèbre, guerrière, gymnique, initiatique, magique, nuptiale, orgiaque, paysanne, populaire, profane, religieuse, rituelle, royale, sacrée, villageoise; danse espagnole, hongroise; danse du feu, des œufs, des poignards, du sabre, du scalp; danse du ventre; être invité à une danse; réserver, promettre une danse à un cavalier; faire des exercices de danse à la barre.
♦ Danse académique ou classique. ,,Ensemble de mouvements de danse codifiés, classés et utilisés dans l'enseignement chorégraphique`` (Reyna 1967). P. oppos. danse moderne. ,,Danse qui s'est dégagée des principes rigides de la danse académique et qui a servi de base au ballet contemporain`` (Lar. encyclop. Suppl. 1968).
♦ Danse de caractère. On se mit à danser des danses dites de caractère (Balzac, Début vie,1842, p. 465).
♦ Danse folklorique. Danse populaire traditionnelle pratiquée en costume et en groupe. Assister, à la Maison de l'Armée rouge, à une imposante séance de chants et de danses folkloriques (De Gaulle, Mém. guerre,1954, p. 64).
c) HIST. Danse macabre. Représentation plastique en forme d'allégorie de toutes les conditions humaines entraînées dans une ronde par la Mort et des squelettes sarcastiques, en honneur du xiveau xviiiesiècle, et ornant généralement des églises, des chapelles ou des cimetières. Cf. macabre.Le branle universel de la danse macabre Vous entraîne en des lieux qui ne sont pas connus! (Baudel., Fl. du mal,1857-61, p. 170).− P. compar. Demain c'est la macabre danse Des souvenirs aux fronts pâlis (Moréas, Syrthes,1884, p. 48).
d) [P. réf. à certains types de danse ou à la techn. normale de la danse] Les têtes baissées se balançaient de droite à gauche, tirant les épaules comme dans une danse sauvage (Malraux, Espoir,1937, p. 659).Je n'avais même pas envie de l'embrasser : Des baisers doivent trouver place tout naturellement dans une suite de gestes, s'imposer dans l'enchaînement des figures de la danse... Mais nous ne dansions pas la belle danse des séductions mutuelles, nous étions figés l'un en face de l'autre... (Vailland, Drôle de jeu,1945, p. 91).
2. [En parlant d'une œuvre musicale] Pièce musicale composée spécialement pour la danse, ou mouvement d'une œuvre musicale. Airs de danse. Jouer toutes sortes de danses (Ac.1932).Le bucolique concerto en fa (...) se termine par une danse légère, coupée de passages fugués (Ghéon, Prom. Mozart,1932, p. 263):4. ... la Malinconia (du quatuor noVI de Beethoven) après un dernier soupir sur la dominante de si bémol, se dissipe dans l'inspiration subitement vive et enjouée de l'Allegretto quasi Allegro; c'est une danse rustique, sorte de laendler populaire...
J. de Marliave, Les Quatuors de Beethoven,1925, p. 47.
3. Au sing. [En parlant d'un lieu ou d'un groupe de pers.] a) Endroit où l'on danse. Notre arrivée à la danse. Ces jeunes paysannes bien parées que l'on voit aller tous les dimanches à la danse de leur village (Stendhal, Lamiel,1842, p. 106).
b) Ensemble de personnes qui dansent, de danseurs. Toute la danse s'est enfuie, Les yeux noirs avec les yeux bleus (Hugo, Art d'être gd-père,1877, p. 174).−
Entrer dans la danse. Il faut que tout entre dans la danse, même les vieilles [dans la Kermesse de Rubens], et la ronde tourne à perdre haleine (Gautier, Guide Louvre,1872, p. 134).♦ Au fig. Entrer dans la danse, en danse. Se mettre à participer à quelque chose, à une action déjà en cours. Alors le monstre s'avança, et les petites cornes [de la chevrette] entrèrent en danse (A. Daudet, Lettres moulin,1869, p. 39).Il n'y a pas eu de chef d'orchestre dans cette guerre (...) chacun est entré dans la danse longtemps après l'autre (Proust, Temps retr.,1922, p. 794).
− Se retirer de la danse (au fig.). Renoncer à l'amour. Une femme devant replier ses rêves les plus brûlants et se retirer de la danse (Colette, Pays. et portr.,1954, p. 95).
− Spéc. Foyer de la danse. Salle commune où se réunit le corps de ballet dans un théâtre. Par quel hasard un homme posé, un homme rangé, un homme de principes, comme maître Alfred L'Ambert, se trouvait-il trois fois par semaine au foyer de la danse? (About, Nez notaire,1862, p. 12).