2. [Le compl. d'obj. est une prop. interr. indir. ou, p. ell., un mot interr. qui peut être substantivé] Elle me demandait à mots pressés ce que j'avais contre elle; à qui j'en voulais; à quoi j'avais songé? (Sainte-Beuve, Volupté,t. 2, 1834, p. 113):4. Je me confessai à un vieux bourru qui, ne comprenant rien aux révoltes intérieures contre le respect filial dont je m'accusais, me demanda le pourquoi et le comment, et si ces révoltes de mon cœur étaient bien ou mal fondées.
Sand, Histoire de ma vie,t. 3, 1835, p. 396.
SYNT. Demander combien..., comment..., où..., pourquoi..., quand..., si...; demander quel..., qui..., ce que..., ce qui...; demander à combien..., par où..., depuis quand...; demander à qui..., avec quoi..., dans quel..., par qui...
Rem. Quand la prop. interr. indir. est introduite par si, l'interr. porte sur la totalité de la prop.; dans les autres cas, l'interr. ne porte que sur une partie de la proposition.
♦ Emploi pronom. réfl. indir. Pour l'instant, j'ai surtout des remords. − Je me demande bien pourquoi! dit Dubreuilh (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 485).
♦ Emploi impers. Le Führer déclara à ses généraux qu'il ne serait pas demandé au vainqueur, plus tard, s'il avait dit la vérité ou non (Camus, Homme rév.,1951, p. 226).
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[Dans la conversation fam.] ♦ [Pour exprimer l'étonnement devant le comportement d'une pers.] Demandez-moi pourquoi... Inutile de me demander pourquoi, car je ne saurais vous donner une réponse satisfaisante. Demandez-moi pourquoi il s'est mis en colère (Ac.).
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[Pour marquer sa désapprobation] Je vous demande un peu si...! : 5. Ils sont tous les mêmes, ces jeunes gens. Quel ramassis de lieux communs, de niaiseries ils ont dans la tête! Je vous demande un peu ce qu'il avait besoin d'expliquer?
Aragon, Les Beaux quartiers,1936, p. 480.
♦
[Pour exprimer une évidence; le verbe est gén. employé avec une négation] :
6. Tout se sait. Le partage, l'escompte à huit du cent, et surtout le testament avec le mot de Jérôme Grange sur les deux millions, il ne faut pas demander si cela fit gloser. On en parla jusque dans les diligences sur les routes de Clermont et du Puy.
Pourrat, Gaspard des Montagnes,1922, p. 16.
3. [Le compl. d'obj. est un propos au discours dir., le verbe pouvant être placé en incise, ou un pron. neutre qui le reprend] Il demanda : « Tu n'as pas regardé les jambes, ces jours-ci? » (Martin du G., Thib.,Consult., 1928, p. 1066).Tu as donc soif, toi aussi? lui demandai-je. Mais il ne répondit pas à ma question (Saint-Exup., Pt Prince,1943, p. 479):7. Elle n'a pas protesté tantôt, lorsque j'ai dit : Si tu le reprends aux Escures... Serait-elle vraiment pour le reprendre? Il mourait d'envie de le demander.
Pourrat, Gaspard des Montagnes,1931, p. 55.
♦ Emploi pronom. réfl. indir. D'où venait cette senteur insaisissable? De la robe, des cheveux ou de la peau? Il se demandait cela (Maupass., Contes et nouv.,t. 2, Yvette, 1884, p. 509).Je me demandais en moi-même : − Qu'est-ce que cela veut dire? (A. France, Balth.,1889, p. 65).
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[Dans la conversation (supra 2 in fine)] ♦
[Pour marquer son étonnement, sa désapprobation] (...), je vous le demande un peu! Tu as lu aussi cette stupide histoire d'une morte qui se venge? Se venger, je vous le demande un peu! (Colette, Mais. Cl.,1922, p. 60):8. Un jour ou l'autre, ils te prendront, il faudra bien que tu y passes... et moi, et les petits, qu'est-ce qu'on deviendra, je te demande?
GenevoixRaboliot,1925, p. 147.
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[Le compl. d'obj. désigne une évidence; le verbe est employé avec une négation] Qu'est-ce que ça fout dehors au moment d'une relève, ces poux-là, faut pas le demander... (Dorgelès, Croix de bois,1919, p. 38).Emploi pronom. passif : 9. ... − Cette partie de campagne?... me demanda-t-il avec hésitation. Alors, vraiment, il faut que j'y aille?...
− Mais voyons, répliquai-je, cela ne se demande pas.
Alain-Fournier, Le Grand Meaulnes,1913, p. 253.
4. [Le compl. d'obj. est un adv. de quantité à valeur nominale] :
10. Cette religion est donc mauvaise, et plus on s'en éloigne, meilleur on est; n'est-ce pas la conséquence de votre opinion? − Vous m'en demandez trop long, disait ma mère; je n'ai pas été habituée à raisonner mes sentiments, ...
Sand, Histoire de ma vie,t. 2, 1855, p. 364.
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Emploi pronom. réfl. indir. : 11. ... je voyais bien que mon maître me regardait d'une drôle de façon et qu'il me chatouillait les joues; mais je ne m'en demandais pas plus long.
Maupassant, Contes et nouvelles,t. 1, L'Odyssée d'une fille, 1883, p. 1248.