1. [En parlant d'un inanimé concr., notamment d'un élément du paysage naturel] Qui repose dans la tranquillité et le calme. Vallon sous l'ombre dormant (Lamart., Harm.,1830, p. 456).Azur immobile et dormant (Hugo, Contempl.,t. 2, 1856, p. 405);
cf. aussi
bois ex. 5) :
2. ... c'était une forêt triste et sauvage, un bois dormant dont la tranquillité absolue étreignait l'âme avec violence.
Gracq, Au Château d'Argol,1938, p. 30.
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En partic. [En parlant de l'eau] Qui ne coule pas ou guère. Synon. croupissant, stagnant; anton. courant.La rivière qui passe et le vivier dormant (Sainte-Beuve, Poés.,1829, p. 121).Eau noire, dormante, si parfaitement plane que nulle ride, nulle bulle d'air, n'en troublait la surface (Bachelard, Poét. espace,1957, p. 39).♦ P. métaph. Eau dormante. Personne dont les apparences tranquilles ne reflètent pas l'attitude profonde. (Quasi-)synon. sournois.Et moi, « l'eau dormante » du couvent, j'étais devenue quelque chose de plus téméraire qu'un hussard (Sand, Hist. vie,t. 3, 1855, p. 266).
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BOTANIQUE a) Qui est en état de dormance. Bourgeon, œil dormant (cf. Plantefol, Bot. et biol. végét.,t. 1, 1931, p. 565).
b) Qui ferme ses feuilles ou ses pétales durant la nuit. Le charme des plantes dormantes ou des fleurs fermées (Estaunié, Bonne Dame,1891, p. 41).
2. [En parlant d'un inanimé concr., ds des domaines techn.] Qui ne se déplace pas, qu'on ne déplace pas. Synon. fixe, immobile.Meule dormante (Brongniart, Arts céram.,1844, p. 98).a) ARCHIT. Pont dormant. Anton. pont-levis.Les baies où jouaient les bras du pont-levis, les rainures de la herse se voient encore. Un pont de bois dormant enjambe le canal (Du Camp, Hollande,1859, p. 101).
b) COUT., vieilli. Pli dormant. Pli qui ne s'ouvre pas. Chemise en percale à jabot plissé dormant (Balzac, Splend. et mis.,t. 2, 1844, p. 272).Étoffes aux plis dormants (Glatigny, Fer rouge,1870, p. 33).Rem. Non attesté ds les dict. gén. du xixeet du xxesiècle.
c) MAR. Manœuvres dormantes. Anton. manœuvres courantes.Il [ce navire] était en partie gréé avec des chaînes, ce qui du reste n'ôtait rien de leur mobilité aux manœuvres courantes et de leur tension aux manœuvres dormantes (Hugo, Travaill. mer,1866, p. 102).
d) MENUIS. et SERR. Châssis dormant. Le linteau en fer du châssis dormant de la croisée (Viollet-Le-Duc, Archit.,1872, p. 316).Verre dormant. Panneau vitré qui ne s'ouvre pas. Sans autre ouverture qu'un verre dormant (Arnoux, Paris,1939, p. 139).Pène dormant. Un dispositif de pène dormant paralyse le loquet (Fillon, Serrurier,1942, p. 22).
e) PÊCHE Ligne dormante. Sur le lac de Côme (...) des lignes dormantes (Stendhal, Chartreuse Parme,1839, p. 17).
3. [En parlant d'une valeur financière] Qui n'est pas utilisé. Synon. improductif :3. Les réserves en monnaie métallique que la prudence les oblige de garder en caisse, et qui se montent quelquefois à un tiers ou moitié de leurs billets en circulation, sont un capital dormant.
Say, Traité d'écon. pol.,1832, p. 310.