a) Introduire quelque chose de neuf, introduire quelque chose à titre de nouveauté (créée par le sujet). − [Sans compl. prép.] Admirateur des anciens avec une certaine indépendance d'esprit, au lieu de les traduire, il [Ronsard] les imita; toute son originalité, toute son audace, est d'avoir innové cette imitation (Sainte-Beuve, Tabl. poés.,1828, p. 68).Quant au système des cellules remplaçant les dortoirs dont parle la règle, il n'a nullement été innové par Dom Guéranger (Huysmans, Oblat, t. 1, 1903, p. 220).Les meilleurs spécialistes de l'architecture de laboratoires, A et J Guilbert (...) ont innové des bâtiments prévus pour admettre toutes les transformations ultérieures (Arts et litt.,1936, p. 10-06).
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[Avec compl. prép.] Ce qu'André Chénier avait rénové et innové dans le vers, notre jeune contemporain [V. Hugo] l'a rénové et innové dans la strophe (Sainte-Beuve, Tabl. poés.,1828p. 287):2. Enfin, ce sont les patrons qui, manquant de tradition, ont innové dans leurs établissements des boissons modernes, américaines, mélangées, dont la saveur ou les noms ont vivement heurté le traditionnalisme des vieux clients.
Fargue, Piéton Paris,1939, p. 45.
b) Rare, littér. [Le suj. ne désigne pas le créateur de la nouveauté] Être le premier à faire, à utiliser quelque chose. La reine venait d'innover ces robes (...) où l'on entrevoyait le sein à travers un lacis de rubans agrémentés de pierreries (Villiers de L'I.-A., Contes cruels,1883, p. 259).Les autres n'ont connu que l'étable et la grange. Vous avez innové la charrue et la houe (Péguy, Ève,1913, p. 783).Rem. On relève, chez Péguy, un ex. de constr. avec inf. : Les autres n'ont connu que d'être malheureux. Vous avez innové d'entrer dans le malheur (op. cit., p. 782); et un ex. d'emploi abs. : Et moi je vous salue ô première pauvresse. Vous savez ce que c'est que d'avoir innové (ibid.).