1. Qqn1/qqc.1leurre qqn2de qqc.2(avec/par qqc.3).[Le compl. prép. de désigne le leurre, l'artifice] Leurrer qqn d'absurdes espoirs par des promesses, avec de belles paroles. − [Le suj. désigne une pers.] Aucun bénéfice ne se montrait, pas plus que le cachemire dont il la leurrait depuis six mois (Flaub., Éduc. sent., t. 1, 1869, p. 186).Il ne se laissera point, cette fois, leurrer de mots (Clemenceau, Iniquité,1899, p. 82).Ce Jésus qui l'avait, pensait-il, leurré par tant de vaines espérances (Monod, Sermons,1911, p. 177).V. aussi bailler ex. 5.
− [P. méton., le suj. désigne les attributs d'une pers.] L'on dirait qu'une volonté ennemie s'attache (...) à me leurrer par des choses vagues et des espérances évasives (Senancour, Obermann, t. 1, 1840, p. 157).
− P. anal. [Le suj. désigne une chose personnifiée] Le mal qui vous leurrait de son sinistre appât (Dierx, Lèvres cl.,1867, p. 218).
−
Emploi pronom réfl. Qqn se leurre de qqc.Vous vous leurrez à ce sujet complètement d'illusions (Hugo, Corresp.,1853, p. 154).Je crains qu'elle ne se leurre d'une chimère (Vogüé, Morts,1899, p. 179).Seul, le gouvernement de la parole et de la plume peut encore se leurrer de cette fumée vénéneuse (Maurras, Kiel et Tanger,1914, p. LXXX).♦ [P. ell. des compl. prép. introd. par avec/de/par] Quelle gloire peut trouver le fort à leurrer le faible? (Sand, Lélia,1833, p. 168).Fière de ma dignité neuve, j'acceptai qu'on eût leurré le bébé que je n'étais plus (Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 24).V. aussi contraire II B 1 ex. de Bosco.
− Emploi pronom. réfl. Qqn se leurre.Il n'y a pas à se leurrer, reprit le P. abbé, la congrégation de Solesmes ne consentira pas (Huysmans, Oblat, t. 2, 1903, p. 81).
− Absol. Hitler, s'il était fort, ne laissait pas d'être habile. Il savait leurrer et caresser (De Gaulle, Mém.,1959, p. 174).
− Qqc.2leurre qqn.Illusionner. Synon. abuser, duper.Un espoir, des promesses illusoires leurrent qqn. Victimes de l'illusion toujours renaissante qui les leurre d'être quelque chose par eux-mêmes (Renouvier, Essais crit. gén.,1864, p. 159).Vos rêves de jeunesse vous ont un peu leurré (Romains, Knock,1923, I, p. 4).