PERLÉ, -ÉE, adj.
A.− 1. a) Orné de perles. Soie perlée; nimbe perlé; tailleur perlé de jais. Sa tunique plissée Flottait couleur de pourpre et perlée à son bord, Il avait un manteau tissu de soie et d'or (Bouilhet, Melaenis,1857, p. 110).La frange perlée autour de la lampe l'empêchait de se voir dans la glace de trois sous, elle lissa ses cheveux à l'aveuglette (Triolet, Prem. accroc,1945, p. 71).
b) P. anal. Qui présente l'apparence de perles. Les notes nombreuses se mêlent, en montant dans l'air, aux « psst!... psst!... » des hirondelles, à l'élan perlé du jet d'eau (A. Daudet, Fromont jeune,1874, p. 366).Une dure et courte moustache perlée de gouttes (Gracq, Syrtes,1951, p. 21).− MÉD. Qui présente la forme d'une perle. Ce qui caractérise objectivement la gale ce sont les sillons et les vésicules perlées (Brumpt, Parasitol.,1910, p. 496).[Les millets] se présentent sous l'aspect d'élevures blanchâtres, perlées, ayant les dimensions de têtes d'épingles (Quillet Méd.1965, p. 311).
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ŒNOL. Vin perlé. ,,On appelle ainsi des vins légèrement pétillants, particulièrement certains Vouvray, Muscadet et vins suisses`` (Lich. Vins 1984).
2. Orge perlé. Orge dépouillé de son tégument. N'aurais-je pas bien été là (...) respirant la fraîcheur de l'onde et l'odeur de l'effleurage des orges perlées [sic]? (Chateaubr., Mém.,t. 1, 1848, p. 340).Menu de grand dîner. Potages, purée de perdreaux chasseur, orge perlé à la princesse (Mallarmé, Dern. mode,1874, p. 787).
3. Qui présente des granulations à sa surface. Les jacinthes, toutes perlées de leurs grains fleuris, étaient comme des colliers (Zola, Faute Abbé Mouret,1875, p. 1513).Cette verveine perlée a l'odeur fine et pénétrante (Giono, Que ma joie demeure,1935, p. 250).− En partic. Écran perlé. Écran à la surface duquel sont collés de minuscules grains de verre destinés à donner une meilleure luminosité à l'image. Cette méthode sert à confectionner les écrans perlés convenables pour la projection des diapositives et des films de cinématographe, des panneaux de publicité convenablement éclairés, etc. (Cl. Duval,Verre,1966,p. 109).
B.− 1. Qui a été exécuté avec un soin minutieux. Du travail perlé. Vimeux avait une si grande aptitude à son travail qu'il l'expédiait plus promptement que personne (...) − Et voyez! c'est perlé! disait le rédacteur à Du Bruel (Balzac, Employés,1837, p. 98).Chez Marivaux, à qui on l'a comparé [Scribe], le mot courant est, je crois, beaucoup plus perlé et plus constamment neuf (Sainte-Beuve, Portr. contemp.,t. 3, 1840, p. 131).
2. MUS. Dont chacun des sons, chacune des notes est égrené(e) avec une netteté particulière. Accompagnement, jeu perlé; gamme perlée. Wagner lui conserve [au rire] son jet de notes perlées (...) lorsqu'il fait rire les Filles-Fleurs dans Parsifal (Combarieu, Rapp. mus. et poés.,1894, p. 42).MmeArgentina (...) vêtue de la robe à traîne et à volants fit le tour du plateau sur un pianissimo perlé de talons (Levinson, Visages danse,1933, p. 160):1. Ah! que la grâce minaudière de ce mi bémol ainsi perlé paraît donc sûre de son affaire, consciente de l'effet qu'elle va produire!
Gide, Journal,1929, p. 954.
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P. anal. Roucoulements perlés; ronronnement perlé. Un rire perlé sonna, qui fit tourner toutes les têtes (Zola, E. Rougon,1876, p. 257).La fraîche senteur se levait sur ses pas, au bruit perlé de la pluie d'arrosage (Colette, Mais. Cl.,1922, p. 189):2. La comtesse Almaviva pousse un long soupir et dit, avec un accent perlé, miraculeusement juste et net : « Pour mon ruban, monsieur, (...) J'étais fort en colère de l'avoir perdu ».
Duhamel, Suzanne,1941, p. 74.
3. [En parlant d'un mouvement social ou politique dirigé contre qqn] Qui a lieu, qui se poursuit sans qu'on lui donne toute l'ampleur qu'il pourrait avoir et sans être, en général, officiellement déclaré. Guerre à l'état larvaire, guerre « perlée »; mais l'affamement de millions de chômeurs vaut la moisson des mitrailleuses (Gide, Journal,1932, p. 1132):3. ... le lock-out est efficace et (...) il est employé. Par symétrie, on a même pu parler de « lock-out perlé », lorsqu'une entreprise réduit ses horaires par sanction contre des grèves.
Reynaud, Syndic. en Fr.,1963, p. 146.
− En partic. Grève perlée. V. grève2.
C.− Qui a le reflet et l'éclat des perles. Ombres perlées. Debout à huit heures après une nuit agitée. − Le temps étincelant et perlé (Barb. d'Aurev., Memor. 2,1838, p. 342).Son éclat [du jade] est plus perlé que celui de sa sœur la néphrite (Metta, Pierres préc.,1960, p. 92):4. ... ce papier blanc, cette plume d'oie ont l'air d'une condensation de l'atmosphère matérielle. Le brouillard perlé qui la compose semble s'épaissir çà et là en plumes blanches, en cheveux poudrés...
Faure, Hist. art,1921, p. 118.
REM. 1. Perlant, adj. masc.,
œnol. (Vin) perlant. Vin qui forme de fines bulles, quand on le verse, sur le pourtour du verre. Synon. perlé (supra A 1 b).Muscadet de Sèvre-et-Maine sur lie « Master de Donatien » : Robe verte très pâle. Légèrement perlant (R. du vin de France,juin 1986, no312, p. 130).Empl. subst. Le Muscadet s'améliore lorsqu'il est tiré sur lie : les vins présentent un perlant léger, de plus en plus recherché par les consommateurs (Gault-Millau, Le Nouv. Guide,sept. 1985, no197, p. 187).
2. Perliné, -ée, adj.,hapax. Ayant l'éclat, le reflet de la perle. Le Tobie, conçu de la même façon, est peint comme l'Ismaël, sans efforts, sans tricheries, dans une charmante tonalité de gris perliné et de jaune pâle (Huysmans, Art mod.,1883, p. 157).
Prononc. et Orth. : [pε
ʀle]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1362-94 « orné de perles » (Jean Froissart, Paradys d'amour, 968 ds Poésies, éd. A. Scheler, t. 1, p. 29); 2. 1585 dragee perlee (N. Du Fail, Contes et discours d'Eutrapel ds
Œuvres, éd. J. Assézat, t. 2, p. 69); 3. 1659 « qui a l'éclat et l'irisation de la perle » (N. Duez, Dict. ital. et fr.); 4. 1670 boüillon perlé (Molière, Le Bourgeois gentilhomme, IV, 1, éd. R. Bray, p. 260); 5. 1694 mus. jeu perlé (Ac.); 1872 au fig. rire perlé (Zola, Curée, p. 340); 6. 1765 orge* perlé; 7. 1832 ouvrage perlé « ouvrage bien fait » (Raymond); 8. 1911 grève perlée (Lar. mens.). Dér. de perle*; suff. -é*. Fréq. abs. littér. : 99. Bbg. Duch. Beauté 1960, p. 98. − Lenoble-Pinson (M.). Le Lang. de la chasse, Bruxelles, 1977, pp. 132-133. − Quem. DDL t. 8, 16.