2. Fait pour un individu de l'un ou l'autre sexe, de consentir à avoir des relations sexuelles avec des partenaires différents, dans un but lucratif et d'en faire son métier; exercice de ce métier; le fait de société qu'il représente. La prostitution, cette autre forme de l'esclavage, dévore comme une lèpre la société européenne (Nerval, Voy. Orient,t. 3, 1851, p. 275).La bassesse immonde de toute sa personne, usée par dix années de prostitution (Zola, Argent,1891, p. 396).Neuf sur dix des jeunes gens qui se livrent ici [à Berlin] à la prostitution, ne sont nullement homosexuels (Gide, Journal,1932, p. 1144).V.
femme I C 3 a ex. de Flaubert :
2. ... la prostitution n'est pas claire dans la tête des gens qui, bourrés d'idées reçues, mélangent la fiction littéraire à la réalité et font voisiner dans un flou artistique les putes au grand cœur et les salopes, les bêtes de plaisirs et les anges dévoyés, les putains respectueuses et les putains respectables.
L'Événement du Jeudi,10 avr. 1986, p. 45, col. 1.
SYNT. S'adonner, se livrer à la prostitution; sombrer, tomber dans la prostitution; encourager, inciter qqn à la prostitution; tirer ses ressources, vivre de la prostitution; réglementer, interdire la prostitution; établissement, lieu, maison de prostitution; registre de (la) prostitution; réseau de prostitution; milieu, monde de la prostitution.
− [Suivi d'un adj. ou d'un compl. prép. de indiquant la nature de ceux qui l'exercent ou qui s'y adonnent, la manière dont elle s'exerce, le lieu où elle s'exerce] Prostitution clandestine, occasionnelle, professionnelle; prostitution du boulevard, du trottoir, de luxe; prostitution enfantine, homosexuelle, masculine. Partout, les hôtels de passe sont fermés ou vont fermer, les tôliers assimilés aux proxénètes. Les studios sont confisqués, interdits. Reste la prostitution « sauvage », le coin d'un bois, la voiture, d'où rafle et prison (Le Nouvel Observateur,24 nov. 1975, p. 67, col. 2).Il existe une corrélation certaine entre ces disparitions [de mineurs] et les phénomènes préoccupants de drogue et de prostitution juvénile (Le Figaro Magazine,8 juin 1984, p. 112, col. 2).La prostitution industrielle dans les maisons d'abattage (Libération,27 oct. 1984, p. 12, col. 2).
−
P. méton. ♦ La relation sexuelle elle-même. L'excès même de ses premières austérités [du christianisme] étoit nécessaire : il falloit qu'il y eût des martyrs de la chasteté, quand il y avoit des prostitutions publiques; des pénitens couverts de cendre et de cilice, quand la loi autorisoit les plus grands crimes contre les mœurs (Chateaubr., Génie,t. 2, 1803, p. 592).
♦ Ensemble de prostitué(e)s. Certes, la prostitution de l'hôtel particulier méprise celle de la rue, mais dans les cas urgents l'acte professionnel s'accomplit de lui-même et, sous un certain regard, c'est toujours le même geste de dénouer la ceinture (Bernanos, Imposture,1927, p. 325).P. ext. Les prostituées et ceux qui vivent d'elles, notamment les proxénètes. Le cadavre calciné d'une jeune femme découvert samedi au Castellet (Var) sur un plateau proche du circuit « Paul-Ricard » constitue la cinquième affaire criminelle du même type depuis 1978 dans ce lieu de rendez-vous bien connu de la prostitution toulonnaise (L'Est Républicain,24 avr. 1984, p. 20, col. 6).
− P. métaph. Ce que les hommes nomment amour est bien petit, bien restreint et bien faible, comparé à cette ineffable orgie, à cette sainte prostitution de l'âme qui se donne tout entière, poésie et charité, à l'imprévu qui se montre, à l'inconnu qui passe (Baudel., Poèmes prose,1867, p. 60).
3. ANTIQUITÉ a) Prostitution sacrée. Fait pour des hommes ou des femmes d'avoir des relations sexuelles dans l'enceinte d'un temple, notamment dans le cadre du culte de la fécondité. Dans la prostitution sacrée le don n'a lieu qu'une seule fois, comme offrande de la chasteté, avant l'entrée en mariage. Dans le cas de la prostituée sacrée, le don se répète (Bible Suppl.t. 81972, col. 1358).
b) [Dans l'Écriture sainte] Fait de s'adonner au culte des idoles. La relation de cause à effet entre l'idolâtrie et la prostitution n'est pas la seule qui existe. Les auteurs sacrés y ajoutent une relation de similitude. Par vocation, en effet, la nation israélite appartient à Jehovah; quand elle se détourne de lui pour se livrer aux faux dieux, elle se rend coupable de fornication et de prostitution (Biblet. 51912, col. 770).