a) Vieilli ou littér. Unir (de nouveau) par une communauté de vie ou d'intérêt, par un lien commun, (r)établir l'entente (entre des personnes). Réunir des époux divorcés; être réunis par une complicité, par un intérêt commun. La société n'est pas la réunion atomistique et fortuite des individus, comme est, par exemple, le lien qui réunit les passagers à bord d'un même vaisseau (Renan, Avenir sc., 1890, p. 334):2. Quels qu'aient pu être les remous de naguère, nous nous sentons aujourd'hui soulevés par une joie identique. La fierté de la victoire a réuni des âmes qu'avaient pu disperser le désastre et ses chagrins.
De Gaulle, Mém. guerre, 1956, p. 235.
♦ Réunir qqn à qqn.Crois-tu que, là [dans l'autre monde], nous serons réunis aux personnes que nous avons aimées ici-bas? (Dumas père, Henri III, 1829, iv, 4, p. 180).Je ne suis pas aristocrate, ma réponse tient dans ce livre: voici les miens, mes maîtres, ma lignée; voici, par eux, ce qui me réunit à tous (Camus, Env. et endr., 1937, p. 29).
♦ Empl. pronom. Former une communauté de vie ou d'intérêt, faire alliance (avec quelqu'un). J'espère me réunir à lui pour le reste de mes jours (Ac.).Quatre ou cinq ministres pervers se réunissent dans le même plan (Le Moniteur, t. 2, 1789, p. 516).Mon mari ne me vit plus; mon père même m'abandonna, et tous deux se réunirent pour obtenir un ordre du Roi qui me relégua dans le couvent de... (Sénac de Meilhan, Émigré, 1797, p. 1780).Qqn se réunit à qqn.Qu'a donc l'Angleterre de si irrésistible que vous ne puissiez la quitter pour quelques mois, pour vous réunir à votre amie, à vos enfants (Staël, Lettres L. de Narbonne, 1793, p. 187).Pour les humanitaires de la première heure, l'homme, en se réunissant à ses semblables, obéissait à un précepte naturel (Teilhard de Ch., Phénom. hum., 1955, p. 273).V. adresser1ex. 14.
b) En partic. [Le compl. d'obj. désigne des États, des territoires, des ensembles de pers.] (Re)faire l'unité territoriale, politique, administrative, morale. Synon. annexer, associer, rattacher, réunifier.Réunir des domaines aliénés (Ac.). [La] France (...) avait mis huit cents ans à former son territoire, à réunir des villes et des provinces dans les circonstances et aux conditions les plus diverses (Bainville, Hist. Fr., t. 1, 1924, p. 304).Empl. pronom. Organismes qui se réunissent en fédération. Le général Brune (...) se mit à marcher. Alors tous les cantons, excepté celui de Bâle, se réunirent pour arrêter notre invasion (Erckm.-Chatr., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 457).♦
Réunir qqn/qqc. à qqn/qqc.Vouloir réunir l'Église protestante à l'Église catholique. Cette administration a été réunie à telle autre (Ac.).Réunir au domaine royal un fief qui avait été donné en apanage (Ac.1935).1807, époque où Parme fut réuni à la France (Gide, Caves Vatican, 1914, p. 689).Le moyen de réunir à la couronne les Bretons toujours ombrageux et jaloux de leur indépendance, c'était de marier Charles VIII avec l'héritière de Bretagne, la jeune duchesse Anne (Bainville, Hist. Fr., t. 1, 1924, p. 135).Empl. pronom. Qqn/qqc. se réunit à qqn/qqc.On a voulu empêcher cette province de se réunir au royaume dont elle avait été séparée (Ac.1935).L'Autriche (...) à laquelle il était interdit de se réunir à l'Allemagne (Bainville, Hist. Fr., t. 2, 1924, p. 275).Rare. [Sans compl. prép. introd. par à] Synon. de annexer.Si elle [Hortense de Beauharnais] eût su se contraindre (...) Louis [Bonaparte] n'eût point fui d'Amsterdam; je ne me serais pas vu contraint de réunir son royaume (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 633).On n'avait pas trouvé moyen de réunir cette province française et, malgré de perpétuels conflits avec les princes lorrains, malgré une occupation, même prolongée de leur territoire, la monarchie n'avait jamais voulu annexer la Lorraine par la violence et contre le vœu de ses habitants (Bainville, Hist. Fr., t. 1, 1924, p. 280).− P. ext. [Le suj. désigne un ensemble de pers.] Comporter, être constitué de. Chaque comité [d'entreprise] réunit le directeur de l'établissement avec les représentants des ouvriers, des employés et des cadres. Il est tenu au courant de l'activité commune (De Gaulle, Mém. guerre, 1959, p. 97).V. confédération ex. 5.