2. [Le compl. désigne un animé] Synon. se moquer de, se ficher de (fam.), se foutre de (vulg.), brocarder, charrier (pop.), dauber, moquer.a) Qqn raille qqn.Refusez donc, en les raillant encore, à Arkwright, à Watt, à Jacquard, le privilège de leur découverte (Proudhon, Syst. contrad. écon., t. 1, 1846, p. 222).Une fois, étant venu déjeuner, les mains sales, Bouvard le railla, l'appelant joli cavalier, muscadin, gants jaunes (Flaub., Bouvard, t. 2, 1880, p. 172).Les médaillés du salon (...) sont raillés par les critiques comme de simples fonctionnaires (Arts et litt., 1936, p. 72-6).
b) [Avec un compl. indiquant ce que l'on raille]
α) Qqn raille qqn de + inf.Mais c'est comme au temps primitif où Celse raillait ces cordonniers, ces foulons d'avoir sur le monde, sur eux-mêmes, sur Dieu, des certitudes que les philosophes n'ont pas (Barrès, Cahiers, t. 8, 1910, p. 146).
β) Qqn raille qqn sur + subst.Le duc d'Orléans (...) fit ses largesses aux hérauts, les traita fort bien, les railla sur l'avarice de leur maître (Barante, Hist. ducs Bourg., t. 2, 1821-24, p. 290).Les amis d'Eugène le raillaient continuellement sur sa morale et ses scrupules (Musset, Mimi Pinson, 1845, p. 216).
c) [Avec un compl. indiquant le moyen par quoi l'on raille]
α) Qqn raille qqn de qqc.Oh! qu'il n'apprenne pas ces tourments infinis Dont les cœurs trop naïfs sont raillés et punis! (Desb.-Valm., Élégies, 1833, p. 215).Déjà M. Alphonse Humbert, enfant terrible, nous raille d'un bon rire jaune (Clemenceau, Iniquité, 1899, p. 370).
β) Qqn raille qqn avec qqc.Lady Falkland (...) railla joliment, avec des fines phrases légères, la sentimentale Kerloff (Farrère, Homme qui assass., 1907, p. 93).
γ) Qqn raille qqn en qqc., rare.Les Shillouk se moquent des Mahométans et des renégats de leur propre tribu, les raillant en des chants âprement satiriques (Lowie, Anthropol. cult., trad. par E. Métraux, 1936, p. 100).
δ) [P. ell. du compl.] Qqn raille par qqc.Haïr pour ma parcimonie ou railler par mon insouciance, c'était l'écueil inévitable (Sand, Hist. vie, t. 3, 1855, p. 35).
3. [Le compl. désigne un comportement, une position, une affection, une situation] Synon. se moquer de, dauber, se gausser de.a) Qqn raille qqc.Il raillait ma ferveur de novice en stoïcisme (Sand, Hist. vie, t. 3, 1855, p. 33).J'ai trop raillé le bon sens (Amiel, Journal, 1866, p. 474).J'essayais de railler les émotions très sincères que faisaient naître en moi les couplets patriotiques (Larbaud, Barnabooth, 1913, p. 122):2. isabelle: Vous vous êtes fait très beau pour parler de vous, monsieur le contrôleur.
le contrôleur: Ne raillez pas mon costume. Lui seul en ce moment me soutient.
Giraudoux, Intermezzo, 1933, III, 3, p. 172.
− Au part. passé à valeur adj. Dans mes doux sentiments raillée, Je pleurais, et j'aimais encor! (Desb.-Valm., Élégies, 1833, p. 236).Il pensait aux vieilles images: feu, blessure, tant raillées (Malègue, Augustin, t. 2, 1933, p. 111).Que le rappel du point de vue de Sirius, autrefois si raillé, nous fasse (...) examiner (...) les poches d'injustice, d'erreur et de haine où s'accumule la dynamite de notre minime planète (Thibaudet, Réflex. litt., 1936, p. 208).
b) Qqn raille de qqc., vieilli.J'ai entendu railler de leur misère, et plaisanter ceux qui étaient touchés de leur triste situation (Sénac de Meilhan, Émigré, 1797, p. 1767).