b) [Le suj. désigne une chose, un fait, une circonstance]
α) [Suivi éventuellement d'un compl. circ. indiquant le moyen, la cause de l'action] Les délices du beau temps rassuraient son ame (Staël, Corinne, t. 2, 1807, p. 343).[Sans compl. d'obj.] Le soleil rassurait de bien éclairer, le fleuve de couler, le repas d'être repas, les mariniers d'avoir répondu à l'appel (Saint-Exup., Lettre otage, 1943, p. 397).
β) [Suivi d'un compl. prép. désignant la cause de l'inquiétude] − [Le compl. désigne une pers., une chose pour laquelle on craint qqc.] Les renseignements des banques achevèrent de me rassurer sur mon bonheur. Je tenais la preuve de votre désintéressement (Mauriac, Nœud vip., 1932, p. 48).Un fils prêtre les eût flattés tous, les eût rassurés pour leur vie future (Queffélec, Recteur, 1944, p. 45).
− [Le compl. désigne ce que l'on redoute] On ne savait comment tenait la maison. Le vent la remuait (...). L'abondance des araignées rassurait contre l'écroulement immédiat (Hugo, Travaill. mer, 1866, p. 168).
− [Le compl. est crainte ou un mot du même parad.] Cette meurtrière, (...) par laquelle un enfant n'aurait certes pas pu passer, était en outre garnie par trois rangs de barreaux de fer qui pouvaient par ce moyen rassurer sur la crainte d'une évasion le geôlier le plus soupçonneux (Dumas père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 186).Tout y était redoutable [dans cette ville]. Elle n'y trouvait nulle part cette protection des figures et des choses accoutumées qui rassure contre les vagues terreurs (Vogüé, Morts, 1899, p. 402).
γ) Empl. abs. L'art du spectateur (...) est de se garder attentif à tous les signes, à ceux qui rassurent comme à ceux qui effraient (Alain, Propos, 1929, p. 844).
δ) P. euphém. Ne pas rassurer. Inquiéter. Empl. abs. L'endroit (...) était, à une heure du matin, cette nuit-là, quelque peu sinistre. La ruelle noire, surtout, ne rassurait pas (Bloy, Hist. désobl., 1894, p. 115).
ε) [P. méton. de l'obj.] Chez les auteurs, le silence et la brusquerie (...) trahissent la jalousie que cause une belle œuvre, de même que leur admiration annonce le plaisir inspiré par une œuvre médiocre qui rassure leur amour-propre (Balzac, Illus. perdues, 1839, p. 267).Il fut convenu que Lamiel coucherait dans la chambre de MmeAnselme, et cette chambre avait l'honneur de toucher à celle de la duchesse. Cette dernière circonstance (...) rassurait pleinement le scrupule et surtout la vanité de MmeHautemare (Stendhal, Lamiel, 1842, p. 63).− [Le compl. désigne une crainte] Nous nous apercevons qu'il nous manque la foi, La foi, ce pur flambeau qui rassure l'effroi (Hugo, Voix intér., 1837, p. 338).