1. Empl. intrans. ou trans. indir. a) [Le suj. désigne une pers. ou une chose abstr.] Briller d'un vif éclat. Vérités morales qui rayonnent (dans l'esprit). Il est bon, il est beau que les pensées rayonnent; mais il ne faut pas qu'elles étincellent, si ce n'est fort rarement (Joubert, Pensées, t. 2, 1824, p. 96).Il aurait dû tout de même se méfier ce jour-là. Il était vraiment trop brillant, il brillait trop, il rayonnait trop parmi les docteurs (Péguy, Myst. charité, 1910, p. 112).
b) [Le suj. désigne une pers. ou, p. méton. son visage; souvent avec un compl. introd. par de exprimant la cause] Refléter l'expression d'un grand bonheur, d'une vive satisfaction. Rayonner d'aise, de bonheur, de gloire, de jeunesse. M. Rambaud rayonnait d'avoir ainsi fait la paix avec sa petite chérie (Zola, Page amour, 1878, p. 946):2. ... quand il avait vu, en rentrant, le visage de sa sœur rayonner d'une joie qu'elle s'efforçait en vain de cacher, il s'était senti plus heureux qu'il n'aurait pu l'être en entendant la plus belle musique du monde.
Rolland, J.-Chr., Antoinette, 1908, p. 876.
− P. anal. Ce lieu rayonnait de gloire par la présence d'un certain nombre de brahmanes (Renan,Avenir sc., 1890, p. 470).Zaza de son côté luttait pour son bonheur. Sa première lettre rayonnait d'espoir (Beauvoir, Mém. j. fille, 1958, p. 348).
c) [Le suj. désigne une chose abstr.; avec un compl. prép. exprimant l'endroit, la destination] Répandre sa lumière. Jamais (...) la reine n'avait été plus séduisante; on voyait rayonner un air de triomphe et de plaisir dans ses beaux yeux (Scribe, Bertrand, 1833, v, 1, p. 215).Elle venait sans doute de prier car, sur ses traits fatigués, rayonnait une lueur de courage et d'espérance (Duhamel, Cécile, 1938, p. 261).
d) [Le suj. désigne une chose abstr.; avec un compl. introd. par de précisant l'origine] Émaner. Le bonheur rayonne de tout son être. Cet éclat rayonnait de tout l'être: du jeune corps sculpté dans la blancheur d'un fourreau de moire ivoire; des lignes harmonieuses du buste (Vogüé, Morts, 1899, p. 61):3. Mais de son front, de tout son visage rayonnait une flamme qui la distinguait de la souriante et banale vendeuse de magasin, − celle de sa foi révolutionnaire, issue des profondeurs les plus vivantes de son être.
Bourget, Actes suivent, 1926, p. 59.
e) [Le suj. désigne une chose abstr.; souvent avec un compl. exprimant l'origine ou la destination] Exercer une influence en se propageant, faire sentir son action (sur une certaine étendue). Arts, sciences, civilisation, culture, pensée qui rayonne dans le monde; journal qui rayonne(nt) sur plusieurs départements. Hassler, le grand musicien qu'il avait tant aimé, quand il était enfant, et dont la gloire maintenant rayonnait sur tout le pays allemand (Rolland, J.-Chr., Révolte, 1907, p. 537).Les poètes, les grands politiques, les capitaines songent qu'ils se sont élevé un grand monument qui rayonnera quand leur corps sera défait (Barrès, Cahiers, t. 10, 1914, p. 259).