1. [S. réf. à un type partic. de commun.] Itinéraire, direction vers un point donné. Chercher, trouver la route; être sur la bonne, la mauvaise route. Je demandai ma route à une sentinelle (Las Cases,Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 280).− BALIST. Trajectoire. Nous conviendrons de dire que les points matériels A et B, ainsi déviés de leur route, ont subi un demi-choc (H. Poincaré, Hyp. cosmogon.,1911, p. 112).
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MAR. Direction d'un navire dont la marche est prescrite par le commandant et exécutée par le timonier. − Ne pourrez-vous donner la route! demanda Paganel. − Ce sera difficile, répondit John. Croiriez-vous qu'il n'y a pas une carte marine à bord! (Verne,Enf. cap. Grant, t. 3, 1868, p. 26):2. « L'expérience a en effet montré, écrit M. J. Ricard, ingénieur en chef de la compagnie, qu'une vitesse de route de 20,5 à 21 nœuds était suffisante », ce qui permettra de donner aux nouveaux navires « des possibilités de transport en marchandises les apparentant en fait à des cargos rapides ».
Rougeron,Aviat.,1951, p. 224.
♦ Route (apparente), route (au compas). ,,Cap déterminé par l'angle que fait l'axe du navire avec l'aiguille du compas, sans aucune correction`` (Gruss 1978). Faire route (à/au). Je fis route à l'Est, attendant le jour pour me rapprocher de la côte (Voy. La Pérouse,t. 3, 1797, p. 98).Il faut donc faire route Ouest plein, parce que toutes les cartes qui sont fort justes en latitude, sont fort douteuses en longitude (Baudry des Loz.,Voy. Louisiane,1802, p. 156).
♦ Route (corrigée), route (vraie). ,,Cap réellement suivi (route au compas corrigée de la dérive, de la déclinaison et de la déviation)`` (Gruss 1978).
♦ Route magnétique. ,,Route au compas corrigée de la déviation et de la dérive`` (Gruss 1978).
♦ Faire bonne route. Nous fîmes très bonne route et rencontrâmes des vents à souhait (Las Cases,Mémor. Ste-Hélène, t. 2, 1823, p. 485).
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(Faire) fausse route. Se tromper de direction ou la modifier pendant la nuit pour donner le change à l'ennemi. On fait fausse route pendant la nuit, pour échapper à un ennemi supérieur qui vous poursuit (Will.1831).Au fig. Se fourvoyer, prendre une mauvaise orientation, faire un choix erroné. Nathalie s'était fourvoyée dans une fausse route (Soulié,Mém. diable, t. 2, 1837, p. 241).En route! Ordre donné au timonier (par le transmetteur d'ordres) de gouverner en suivant un cap donné. Le capitaine, debout sur sa passerelle, ayant crié par le porte-voix qui descend dans les profondeurs de la machine: « En route! » elles [les roues] se mirent à battre la mer avec rapidité (Maupass.,Contes et nouv., t. 1, Découv., 1884, p. 956). 2. Parcours accompli ou à accomplir d'un point à un autre. J'avais besoin de ce spectacle, de cet air, de cette rénovation, après mon exténuation de Gênes, l'air dévorant de Nervi, la fatigue de la route (Michelet,Journal,1854, p. 247).♦ Faire (de) la route. Faire du chemin, accomplir un parcours, un trajet donné. [Albertine] avait envie de faire de la route sur simple châssis en grande vitesse (Proust,Prisonn.,1922, p. 136).J'ai fait la route à bicyclette. C'était beau! (Duhamel,Désert Bièvres,1937, p. 83).
♦ Faire route. Un soir, après avoir fait route toute la journée dans les rochers, cherchant un passage pour descendre vers le Rhin, il arriva à l'entrée d'un bois de sapins, de frênes et d'érables (Hugo,Rhin,1842, p. 203).Nous fîmes route ensemble jusqu'à Paris dans ma chaise (Adam,Enf. Aust.,1902, p. 343).
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Loc. adv. En route. Au cours du voyage, du trajet. Je paierai vos dépenses en route, et je vous tiendrai compte du surplus, quand nous serons arrivés à notre destination (Gobineau,Nouv. asiat.,1876, p. 306).Je t'attends demain à midi, ne t'amuse pas en route (Huysmans,Marthe,1876, p. 125).♦ Être en route pour, vers... Peut-être en ai-je une autre [lettre] d'arrivée au Caire, ou qui est en route maintenant pour parvenir jusqu'à moi (Flaub.,Corresp.,1850, p. 168).
♦ En empl. interj. [Pour intimer l'ordre de départ] En route, mauvaise troupe! Partez, mes enfants perdus! (Verlaine,Jadis,1884, p. 199).En route pour la cité de Sion! (Tharaud,An prochain,1924, p. 196).
♦ Se mettre en route. On se mit en route vers les fonds (Maupass.,Contes et nouv., t. 1, Hautot, 1889, p. 258).
♦ Mettre (qqc.) en route. Faire démarrer quelque chose, mettre (quelque chose) en marche, en mouvement. C'est la première presse à imprimer entraînée par force motrice − un moteur à vapeur. Elle fut mise en route en grand secret dans la nuit du 28 novembre 1814 (Civilis. écr.,1939, p. 8-10).Mettre le moteur en route, il partira (Chapelain,Techn. automob.,1956, p. 324).Au fig. L'institutrice mettra en route le cours de couture (Mathiot,Éduc. mén.,1957, p. 48).L'Allemagne fédérale (...) a eu du mal à mettre en route son effort nucléaire (Goldschmidt,Avent. atom.,1962, p. 154).
♦ Rester en route. S'arrêter en chemin, s'immobiliser avant d'arriver à destination. Synon. fam. rester en carafe*, en rade (v. rade1).Plus d'une fois mes genoux se dérobèrent sous moi, et je serais resté en route, sans les coups de pied qui me suivaient par derrière (About,Roi mont.,1857, p. 220).Au fig. S'arrêter dans son essor, dans sa progression. Les candidates sont aujourd'hui bien moins nombreuses; il en est tant resté en route, entre l'écrit et l'oral! (Colette,Cl. école,1900, p. 217).
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Loc. adj. De route. Qui est propre à la route, qui concerne le voyage. Sir Francis Cromarty n'était pas sans avoir reconnu l'originalité de son compagnon de route (Verne,Tour monde,1873, p. 47).♦ Feuille de route. Titre de voyage attribué à un militaire voyageant individuellement. Les autres (...) ayant reçu leur consigne ou leur feuille de route, s'en allaient par deux ou trois vers la gare (Cendrars,Bourlinguer,1948, p. 284).
♦ Carnet, journal de route. Carnet, journal relatant les événements survenus pendant un voyage, mentionnant les impressions, les réflexions du voyageur. La masse des livres de guerre (romans, journaux de route, correspondances, etc.) a donné lieu à un examen approfondi (Arts et litt.,1935, p. 62-4).Il part à la découverte du monde et note en chemin, sur son carnet de route, tout ce qui l'intéresse et lui semble curieux (Hist. sc.,1957, p. 1444).
− [Précédé d'une indication de temps; avec la précision ou non du moyen de locomotion] On avait bien deux heures de route pour rentrer chez nous à Blême (Céline,Mort à crédit,1936, p. 604).La première machine arrivée à Rouen, après 17 heures 20 minutes de route, fut une de Dion-Bouton à vapeur (P. Rousseau, Hist. techn. et invent.,1967, p. 346).
− [Le parcours est mesuré dans le temps plus que dans l'espace] Ah je sais, je sais mon oncle. Vous pouvez imaginer tout ce qui s'est passé dans mon esprit pendant la route (Sénac de Meilhan,Émigré,1797, p. 1725).