A. − 1. a) Qui contient du savon. Bain savonneux; lessive savonneuse. La laine, préalablement imprégnée d'une dissolution savonneuse, destinée (...) à en faciliter le glissement, (...) le ramollissement (...), sortit du moulin sous forme d'une épaisse nappe de feutre (Verne,Île myst., 1874, p. 313).Ses mains plongeaient dans l'eau de vaisselle, tiède et savonneuse (Roy,Bonheur occas., 1945, p. 166).
b) Enduit de savon. Il me prie de lui frotter le dos avec une serviette mouillée et savonneuse: « Tenez, là, entre les épaules; je ne peux pas y atteindre. C'est ma femme qui me frotte tous les matins. Mais puisque vous êtes là... » (Gide,Journal, 1917, p. 633).Des livres partout, sur les carreaux, sur les chaises, sur le lit éternellement défait, entre la cuvette remplie d'eau sale et le blaireau savonneux (Mauriac,Trois récits, 1929, p. 121).
2. Qui a rapport au savon. Consistance savonneuse. On respirait l'étouffement tiède des odeurs savonneuses (Zola,Assommoir, 1877, p. 402).
3. Dont la consistance molle, l'onctuosité, la couleur blanchâtre ou le contact glissant rappelle le savon. Argile, boue savonneuse; mousse savonneuse d'une bière. Sa bouche était tout entière barbouillée d'une sorte de bave savonneuse (Mirbeau,Journal femme ch., 1900, p. 20).La piste cirée glisse sous les pieds, brillante, savonneuse et comme mouillée (Colette,Music-hall, 1913, p. 84).
B. − 1. Au fig. [En parlant d'une chose] Empreint de mollesse; douceâtre. Art savonneux. Une Vierge de Maniglier (...) tenant un enfant qui remet à saint Dominique, agenouillé, un rosaire (...) on la jugerait, dans une exposition de Paris, courte et savonneuse (Huysmans,Foules Lourdes, 1906, p. 92).Sa voix était douce et savonneuse (Morand,Ouv. la nuit, 1922, p. 185).
2. Loc. fam. (Être sur la) pente savonneuse. (Se trouver dans une) situation où, une fois engagé, on risque d'être pris dans un engrenage dont les conséquences seraient fâcheuses; risquer d'être entraîné à des actes immoraux ou répréhensibles. Je crois d'ailleurs que c'est le scandale du Panama qui l'a mis [Rouvier] dans la main des financiers allemands. La pente de la corruption est savonneuse (L. Daudet,Entre-deux-guerres, 1915, p. 259).Il faut supposer que, comme celle du crime, la voie des confidences est une pente savonneuse (Sartre,Sursis, 1945, p. 316).