SINUEUX, -EUSE, adj.
A. − Qui s'écarte de part et d'autre de la ligne droite en décrivant des courbes irrégulières. Synon. ondoyant, onduleux, tortueux.Contour sinueux; courbe, ligne sinueuse. Résultats obtenus par Pasteur avec les ballons à col sinueux (J. Rostand, Genèse vie, 1943, p. 142).− [En parlant d'animés ou de choses faisant l'objet d'un mouvement, d'un parcours] Allée, rivière, route sinueuse; fleuve, sentier sinueux. Ils le réaperçurent [le funèbre convoi] qui serpentait sur les sentiers de la montagne. L'éloignement rendait fantastique le mouvement ondulé de cette longue et sinueuse colonne (Verne, Enf. cap. Grant, t. 3, 1868, p. 139).Tous les serpents. Vous savez que je les connais bien, ces bêtes sinueuses, dont fourmille le Craonnais (H. Bazin, Vipère, 1948, p. 276).
− [En parlant des traits du visage, de la ligne du corps] Qui présente des courbes, une ligne ondulée. Lèvres sinueuses. Une molle détente sous la robe des lignes sinueuses de ce beau corps (Vogüé, Morts, 1899, p. 70).Cette fente longue et sinueuse de la bouche, très souple et cependant figée, dont les coins ne se relevaient presque jamais (Martin du G., Thib., Belle sais., 1923, p. 1005).
− PATHOL. Ulcère sinueux. Ulcère étroit, profond et tortueux. Beaucoup de fistules sont de véritables ulcères sinueux (Encyclop. méthod. Méd.t. 131830).
B. − Au fig. Qui procède de façon indirecte ou détournée. Synon. ondoyant, tortueux.Pensée sinueuse. Ces détours et retours, ce mouvement sinueux, cet entrelacement de naïveté et de prudence, d'absurde et de raisonnable, dessine mieux l'homme réel que ne font ces prédictions des contes, en langage clair, inflexibles, abstraites, sans esprit (Alain, Propos, 1921, p. 197).Par ces incessantes et sinueuses démarches, un tel esprit ne tend qu'à se fuir, et son anxieux vagabondage est le fait de l'homme qui ne sait plus où aller (Massis, Jugements, 1924, p. 76).
REM. Sinueusement, adv.,littér. D'une manière sinueuse. [Mmede Noailles] sinueusement drapée dans une sorte de chemise roumaine ou grecque (Gide, Journal, 1910, p. 291).
Prononc. et Orth.: [sinɥø], fém. [-ø:z]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1539 « (d'un ulcère) étroit, profond et sinueux » (J. Canappe, 2eLivre de la méthode thérapeutique, p. 28 ds Fr. mod. t. 19, p. 200); b) 1552 « qui se développe en courbes et en replis » sinueux, flexueux (Ch. Estienne, Dict. Latinogallicum, 1217b ds Rom. Forsch. t. 32, p. 164); 2. 1860 fig. la pensée ... sinueuse (Baudel., Paradis artif., p. 461). Empr. au lat. d'époque impérialesinuosus « courbé, recourbé, sinueux », dér. de sinus, v. sinus1. Fréq. abs. littér.: 275. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 194, b) 396; xxes.: a) 353, b) 578. Bbg. Quem. DDL t. 20 (s.v. sinueusement).