SOLIDIFIER, verbe trans.
A. − Faire passer à l'état solide. Anton. liquéfier.En 1835, Thilorier réussit à solidifier le gaz carbonique (Hist. gén. sc., t. 3, vol. 1, 1961, p. 272).− Empl. pronom. Passer à l'état solide. Métal qui se solidifie. Le plomb fondu se solidifie à la température de 327 o, qui est (...) celle à laquelle il fond (Herdner, Constr. et conduite locomot., t. 1, 1887, p. 19).
− Part. passé en empl. adj. Blocs de lave solidifiés. Newton pensa d'abord (...) [que le diamant] était de l'huile coagulée, Lavoisier penchait plutôt pour de l'eau pure solidifiée au cours des siècles (Metta, Pierres préc., 1960, p. 64).
− Empl. intrans. On sort le cuivre du four au moment où il solidifie (Lowie, Anthropol. cult., trad. par E. Métraux, 1936, p. 158)
B. − Empl. pronom. Devenir plus dur. Les sédiments émergés dans les mouvements tectoniques se sont solidifiés, les organismes qu'ils contenaient se sont fossilisés (Combaluzier, Introd. géol., 1961, p. 109).
C. − Au fig. 1. Rendre plus consistant, plus ferme. Nous tendons instinctivement à solidifier nos impressions, pour les exprimer par le langage (Bergson, Essai donn. imm., 1889, p. 105).Dans le port l'air [avant la tempête] était devenu brûlant et irrespirable; une sorte de calme pesant paraissait solidifier l'atmosphère (Maurois, Ariel, 1923, p. 340).− Empl. pronom. V. chosifier empl. pronom. ex. de J. Vuillemin.
2. Rendre plus sûr, consolider. Il faut solidifier ce que j'ai obtenu de Thiers sur-le-champ (Lamart., Corresp., 1835, p. 136).La fine madame Soudry n'avait pas manqué de solidifier la position du fils de son mari par un immense avenir, en le mariant à la fille unique de Rigou (Balzac, Paysans, 1844, p. 171).− [Le compl. désigne une pers.] Rendre plus énergique. Mais il lui montrait rarement cette douceur, retenait les paroles caressantes qui lui venaient aux lèvres, le rudoyait au contraire, jugeant que cette rudesse, en le secouant, le solidifierait (C. Mendès, Zo'har, 1886, p. 15 ds Quem. DDL t. 18).
Prononc. et Orth. : [sɔlidifje], (il) solidifie [-fi]. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. 1. 1783-88 part. passé « faire passer à l'état solide » (Buffon, Min., t. VIII, p. 184 ds Littré); 1803 inf. (Boiste); 2. 1835 verbe trans. au fig. (Lamart., loc. cit.); 3. 1783-88 verbe pronom. « passer à l'état solide » (Buffon, op. cit., t. V, p. 281 ds Littré); 1846 verbe pronom. « prendre de la fermeté, de la dureté » (Balzac, Cous. Bette, p. 54). Dér. de solide*; suff. -(i)fier*. Fréq. abs. littér. : 103. Bbg. Quem. DDL t. 18.